Artiste et ambassadrice culturelle, Mijie Avika s’impose aujourd’hui comme l’une des rares figures de la musique institutionnelle au Gabon, un genre musical encore méconnu, mais profondément porteur de sens et de fierté nationale.  À travers des titres tels que «J’aime la pêche» ou «Plantons au Gabon», Mijie Avika donne de la voix pour promouvoir les initiatives publiques. Souvent entendue derrière les écrans lors d’événements officiels, elle sort aujourd’hui de l’ombre pour se dévoiler aux lecteurs de GabonReview.

L’artiste en pleine prestation au concours musical de Gabon Télévision. © D.R.

 

Née dans une famille où la musique est un héritage,   Ebali Marie Jeanne, artiste gabonaise plus connue sous le nom de Mijie Avika, grandit au son des mélodies de son père, Alagot Avika Hervé, plus connu sous le nom de Dacko Avika, musicien accompli basé à Port-Gentil, formateur de nombreux artistes et propriétaire d’un orchestre ainsi que d’un studio d’enregistrement. Dès l’enfance, elle est fascinée par les grandes voix féminines gabonaises, telles qu’Annie Flore Batchiellilys ou encore  Aziz’Inanga, qu’elle s’applique à imiter, avant de trouver sa propre voie. «Mon papa chantait en live, et ça m’a incitée à faire comme lui, en plus j’ai toujours voulu imiter et j’ai commencé à imiter de grandes voix comme Maman Annie Flore», dit-elle lors de notre entretien. 

Des imitations, qui lui ouvriront de grandes portes. C’est donc lors du concours musical lancé par Gabon Télévision Music en 2023, sous la houlette de l’icône Annie Flore Batchiellilys, qu’elle fait ses premiers pas remarqués. Parmi une vingtaine de candidats, elle se hisse dans le Top 5, une première reconnaissance de son talent et un tremplin vers sa vocation actuelle. «Ce que je veux c’est faire rayonner le patrimoine culturel du Gabon à travers la musique institutionnelle, je voudrais que la musique serve à promouvoir l’identité gabonaise, valoriser les savoir-faire locaux et surtout que soit exportée au-delà des frontières une image positive du Gabon.»

Une voix au service des institutions

Mijie Avika dans les locaux de GabonReview. © GabonReview

Contrairement aux artistes qui cherchent la scène ou les tubes populaires, Mijie Avika a choisi un chemin singulier et engagé, celui de la musique institutionnelle. «Pour moi la musique institutionnelle est une musique qui vient valoriser, promouvoir la culture identitaire d’un pays, d’une institution, et je pense que le rôle de cette musique-là c’est de donner force et caractère à l’image de marque de chaque institution, mais surtout de vendre le Gabon à travers sa richesse culturelle», précise-t-elle. C’est donc pour l’artiste une musique de message de promotion et d’identité nationale, qu’elle incarne avec brio.

Parmi ses œuvres, trois titres produits par le studio Général Music par le beatmaker A2T à savoir : «J’aime la pêche », devenue hymne officiel du ministère de la Mer, de la Pêche et de l’Économie bleue.. «Plantons au Gabon», des musiques qui, selon l’artiste, rendent hommage aux pêcheurs, à  l’Agriculture, mais c’est aussi une une invitation lancée aux jeunes à s’investir dans l’agriculture, l’élevage et la pisciculture. Et pour le troisième titre «Bienvenue au Gabon», dédié au ministère du Tourisme durable et de l’Artisanat, c’est une ode à la beauté naturelle et culturelle du pays qui a été chantée lors du lancement de la caravane touristique avec le ministre Pascal Ogowe Siffon.  

Une femme aux multiples casquettes

Mijie Avika en compagnie de la chanteuse Annie Flore Batchiellilys. © D.R.

Au-delà de sa carrière musicale, Mijie Avika est également animatrice radio, maîtresse de cérémonie et entrepreneure dans l’événementiel : «je fais dans la décoration des mariages, événements en tout cas. Et actuellement, je suis responsable du protocole». En outre, décoration de mariages, gestion de cérémonies et animatrice, elle touche un peu à tout.  Un parcours riche qui témoigne de son dynamisme et de son engagement pour la culture sous toutes ses formes.

Toutefois, bien qu’elle s’impose peu à peu dans ce domaine, elle confie que le chemin n’est pas sans défis. En dépit de ses collaborations avec plusieurs ministères, la musique institutionnelle reste peu connue au Gabon. «Il faut souvent expliquer ce qu’on fait, car les gens ne comprennent pas toujours le rôle de cette musique», confie-t-elle. «On connaît la musique R’n’B, le Hip-hop, la Tcham, comme disent les jeunes, on connaît la musique traditionnelle et plein d’autres. Mais là, il faudrait à chaque fois expliquer quel est le rôle de cette musique. C’est souvent ça la difficulté. Nous ne chantons pas forcément dans de grands concerts. Nous chantons pour mettre en valeur le Gabon et mon souhait c’est que tout le monde comprenne la vision, de façon à ce qu’on n’hésite pas à m’inviter afin que je vienne vraiment redorer les couleurs vert, jaune, bleu», poursuit-elle. 

Son mot à l’endroit de la jeunesse 

En s’adressant aux jeunes, Mijie Avika lance un appel, en tant qu’ambassadrice du patrimoine culturel, elle souhaite que sa musique trouve un écho auprès de cette jeunesse. «Que chacun donne de la force à cette musique pour qu’elle traverse les frontières. Car la musique institutionnelle, c’est notre culture identitaire. Il est temps que nous apprenions à valoriser notre patrimoine culturel à travers la musique, la pêche, l’agriculture… et que nous revendions la richesse du Gabon au monde entier», conclut-elle. 

Thécia Nyomba (Stagiaire) 

 
GR
 

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