Mort du Général Oyé Nzue : le dernier souffle d’un homme de fer

Le général Jean Clotaire Thierry Oyé Nzue, ancien commandant en chef des Forces de Police Nationale du Gabon, est décédé dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2025 à Libreville. Figure centrale – et controversée – de la sécurité intérieure, il aura marqué d’une main de fer la police gabonaise entre 2015 et 2018, dans un style de commandement aussi réformateur que répressif. Retour sur le parcours d’un homme de rigueur dont le nom reste associé à l’une des périodes les plus tendues de l’histoire policière gabonaise.

Jean Clotaire Oyé Nzue, l’ombre et la poigne de la police gabonaise, s’est éteint. © FPN
Le général de corps d’armée Jean Clotaire Thierry Oyé Nzue, ancien commandant en chef des Forces de Police Nationale du Gabon, est décédé dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2025, à l’Hôpital d’instruction des armées d’Akanda à 1 heure du matin. Âgé d’une soixantaine d’années, il luttait depuis plusieurs années contre un diabète sévère. Selon nos informations, il s’apprêtait à être évacué à l’étranger pour des soins spécialisés, mais une crise brutale a précipité son admission d’urgence, sans que les médecins ne puissent le réanimer.

Oyé Nzue aura promu une professionnalisation accrue des agents. Ici lors d’une remise de parchemins à des stagiaires, en mars 2017. © FPN
Né à Libreville, Jean Clotaire Oyé Nzue fut l’un des visages les plus marquants de l’appareil sécuritaire gabonais. Entré dans la police par le sport où il était connu sous le pseudonyme de Fanfan, il a gravi un à un les échelons de la hiérarchie jusqu’à devenir, le 1er avril 2015, le chef incontesté de la Police nationale, nommé par décret présidentiel pour succéder au général Julien Athanase Nzamba Paga. Il restera à la tête de l’institution jusqu’à son limogeage, le 13 avril 2018, exactement trois ans après sa prise de fonctions.
Son passage, aussi décisif que controversé, a laissé une empreinte profonde. Incarnation d’une ligne dure, il fut perçu par beaucoup comme le symbole d’une police hyper-répressive, peu encline à la pédagogie, où l’usage de la force primait sur le dialogue. «Brutale», «méprisée», «autoritaire» : les qualificatifs employés par ses détracteurs au sein même des forces de l’ordre en disent long sur la crispation qui régnait alors. Promotions suspectées d’être monnayées, tensions hiérarchiques, mal-être dans les rangs… son style de commandement, strict et vertical, a nourri autant de critiques que de craintes.
Mais réduire l’homme à cette image serait incomplet. Son mandat fut aussi jalonné de réformes structurelles : mise aux normes des infrastructures policières, recrutement massif, renforcement des capacités opérationnelles, modernisation du matériel, et même création d’un laboratoire de police scientifique. Il aura promu une professionnalisation accrue des agents, en introduisant des modules sur les droits humains, la gestion démocratique des foules et la proximité avec les citoyens, notamment via des formations en partenariat avec l’UNOCA.
Sous son autorité, la police nationale a tenté de se réinventer pour répondre aux nouveaux défis sécuritaires – du terrorisme aux flux migratoires – tout en affichant l’ambition de restaurer la confiance entre forces de l’ordre et population. Une ambition louable, mais rendue difficile par un héritage d’autoritarisme assumé.
Promu général de corps d’armée en janvier 2018, Oyé Nzue n’aura cependant pas eu le temps d’inscrire durablement sa vision. Son éviction fut saluée par une partie de ses hommes, soulagés de tourner la page d’un management jugé trop strict sinon brutal.
En dépit des controverses, Jean Clotaire Oyé Nzue demeure une figure centrale de l’histoire récente de la sécurité intérieure au Gabon. Un homme de commandement, de rigueur et de conviction, dont le nom reste indissociable d’une période charnière pour la police nationale.
Il s’en va comme il a vécu : dans le silence de la nuit, sans renier son style, mais sans avoir pu écrire la dernière ligne de son parcours. Né en 1962, il était dans sa 63è année.

1 Commentaire
Le chanteur werrason a fait sortir un album, dont le titre est: »TOUT SE PAIE ICI BAS »,un petit groupe des criminels décident que il ya que eux pour vivre les hypers salaires, les voitures, les villas à l’étranger,en LAISSANT LE GRAND NOMBRE DES CITOYENS DANS LE CHÔMAGE, MISÈRE, PAUVRETÉ, en oubliant que tout restera un jour. Malgré vos loges, les biens, vos comptes des milliards .