Dans une série vidéo inédite publiée entre le 24 et le 25 septembre par le quotidien britannique ‘The Standard’, Noureddin Bongo Valentin raconte, pour la première fois en détail, ses vingt mois de détention au Gabon après le coup d’État du 30 août 2023. Entre révélations sur des sévices inimaginables, colère contre la diplomatie française et récit d’un plan d’espionnage digne d’un film, le fils de l’ancien président Ali Bongo livre une confession d’une intensité rare.

Noureddin Bongo Valentin : «Tout ce qu’on voit dans les films sur la torture, je l’ai subi.» © standard.co.uk

 

Au fil de cette interview de près de 36 minutes, l’ancien coordinateur des Affaires présidentielles, aujourd’hui réfugié à Londres, déroule un témoignage où se mêlent douleur intime, souvenirs de torture et stratégie pour «faire sortir la vérité». Avec une précision glaçante, il revient sur ses conditions de détention et l’opération clandestine qui a permis de documenter ses sévices.

Des sévices méthodiques et un plan d’espionnage audacieux

«Les cris de notre plus jeune enfant me terrassent… j’ai juste besoin de m’asseoir et de ne rien faire, le vide total», confie Noureddin, décrivant un stress post-traumatique qui le hante toujours. Arrêté brutalement à Libreville, il évoque des cellules «étroites, sans lumière», où il aurait été «plongé la tête dans un seau d’eau, tasé, frappé, menacé de viol sur [sa] femme et [sa] mère». «Toute la torture physique qu’on voit dans les films, ils nous l’ont faite», assure-t-il, dénonçant des violences destinées à lui arracher de faux aveux sur des fortunes prétendument dissimulées.

Pour se protéger et prouver ces abus, il imagine une riposte audacieuse : «J’ai demandé des lunettes normales, puis j’ai fait l’échange. Je les portais tous les jours, même sans enregistrer, juste pour qu’ils me voient toujours avec.» Grâce à cette paire de lunettes équipée d’une caméra, il enregistre gardiens, magistrats, et même une conversation avec le général Brice Clotaire Oligui Nguema, qu’il accuse d’avoir ordonné son supplice par simulacre de noyade. «Nous savions que quoi qu’il arrive, même s’ils nous enfermaient, notre vérité sortirait un jour.»

Colère contre Paris et exil définitif

Né en France, Noureddin dit s’être senti trahi par la diplomatie de son pays natal. «Je n’aurais pas été torturé si l’ambassadeur Alexis Lamek avait eu, non seulement le courage, mais simplement la décence humaine de défendre un autre citoyen français», accuse-t-il. Il raconte qu’il a fallu «cinq mois» avant qu’un représentant consulaire français ne vienne le voir. Un retard qui, selon lui, a encouragé ses geôliers : «Les Gabonais se disaient : d’accord, on peut le torturer, ils n’essaient même pas de le voir.»

Libéré en mai 2025 après une grève de la faim et une tentative de suicide de sa mère Sylvia, il rejoint Londres avec elle, laissant derrière lui un pays qu’il dit ne plus vouloir revoir : «Jamais», tranche-t-il, avant d’ajouter : «Je ne sais même pas si je pourrai retourner en Afrique

Aujourd’hui engagé dans une procédure judiciaire à Paris pour «arrestation illégale et torture», Noureddin Bongo s’attache, dit-il, à «ce que [ses] enfants grandissent libres, qu’ils puissent choisir leur avenir».

Le gouvernement gabonais a, de son côté, toujours nié les accusations de torture et affirme que l’ex-coordinateur des Affaires présidentielles a été traité conformément aux normes en vigueur.

 
GR
 

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