«Nous voulons comprendre» : à Oyem, les milliards d’Oligui suscitent le doute

À l’issue du récent séjour privé du président Brice Clotaire Oligui Nguema à Oyem, un mouvement citoyen, porté par Hervais Omva, natif du département du Woleu, dans la province du septentrion, interpelle les autorités sur la gestion opaque des fonds alloués au développement de la commune d’Oyem. Dans un climat de frustration croissante, les habitants demandent un audit complet, la transparence sur l’état des chantiers en cours et des réponses claires sur l’utilisation des ressources annoncées.

Oyem, à vol d’oiseau. © D.R.
Le séjour du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, à Oyem ces derniers jours semble avoir ravivé un sentiment de frustration parmi les habitants du département du Woleu et de la commune d’Oyem. Au centre des préoccupations : la gestion des fonds publics alloués au développement de la province. Si d’autres régions ont affiché des avancées notables dans l’exécution de leurs projets, des voix s’élèvent dans cette contrée du septentrion pour dénoncer l’absence visible de résultats.
À travers un mouvement citoyen baptisé «Nous sommes du Woleu et nous voulons comprendre», Hervais Omva, l’un des initiateurs de cette mobilisation, tire la sonnette d’alarme : «Chez les autres, les chantiers avancent, et l’argent permet même de monter des projets structurants. À Douigny, ils ont mis sur pied un fonds de 700 millions pour financer un projet agricole.»
En comparaison, la situation dans la commune d’Oyem inquiète. Les chantiers sont à l’arrêt, et les fonds injectés ne semblent avoir produit aucun effet concret. Le cas du chantier d’Oligui Ville, projet phare censé incarner la volonté de transformation locale, est pointé du doigt : aucune avancée visible, aucune information officielle sur son état d’avancement, ni sur l’utilisation réelle des ressources. Une situation qui, selon les initiateurs du mouvement, ne fait qu’aggraver le chômage et le désenchantement des jeunes du département, notamment dans le Woleu.
Face à cette opacité, les citoyens réunis sous cette bannière appellent à un audit complet et transparent de tous les fonds alloués au département, ainsi qu’à la publication de l’état réel des chantiers en cours. «Nous voulons des réponses claires sur les retards, les raisons de ces retards, et les perspectives de réalisation», peut-on lire dans leur déclaration.
Outre l’exigence d’un audit, le mouvement annonce la rédaction prochaine d’un mémorandum d’interpellation qui sera adressé directement au président de la République. Objectif : obtenir des réponses précises et, si nécessaire, envisager d’autres formes d’action citoyenne. «Nous devons mettre fin à cette situation qui n’honore ni notre département, ni le président de la République», a conclu Hervais Omva dans une déclaration largement relayée sur les réseaux sociaux.
À l’heure où la post-transition politique au Gabon s’accompagne de promesses de rupture et de moralisation de la gestion publique, cette initiative citoyenne soulève des questions légitimes sur la gouvernance locale, le suivi des engagements publics et la répartition équitable des ressources. Le gouvernement de la nouvelle République répondra-t-il à cet appel à la transparence ?

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