Numérique et IA au Forum de Genève: le Gabon alerte sur les freins structurels dans les pays francophones

Présent au premier Forum francophone sur la gouvernance du numérique et de l’intelligence artificielle à Genève, le ministre gabonais de l’Économie numérique, Mark Alexandre Doumba, a livré un plaidoyer lucide sur les obstacles majeurs auxquels font face les pays d’Afrique francophone. Il appelle à une prise en compte urgente des freins structurels, générationnels et socioculturels, qui ralentissent l’adoption et la régulation des technologies émergentes.

Présent au premier Forum francophone sur la gouvernance du numérique et de l’intelligence artificielle à Genève, le ministre gabonais de l’Économie numérique, Mark Alexandre Doumba, a livré un plaidoyer lucide sur les obstacles majeurs auxquels font face les pays d’Afrique francophone. © D.R.
Les 5 et 6 juillet 2025, Genève a accueilli le premier Forum francophone de la gouvernance du numérique et de l’intelligence artificielle, une initiative de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en partenariat avec plusieurs acteurs institutionnels et techniques. Réunissant des représentants de plus de 50 pays, l’événement a permis de débattre des enjeux liés à l’inclusion numérique, à la diversité culturelle dans l’espace francophone et à la souveraineté en matière de gouvernance des données.
Prenant la parole au nom du Gabon, le ministre de l’Économie numérique, Mark Alexandre Doumba, a livré une analyse sans complaisance sur les difficultés structurelles auxquelles font face les pays africains francophones dans leur quête d’innovation. « Nous sommes dans des sujets où les puissances mondiales avancent déjà sur les agents de l’IA, le quantum computing et d’autres technologies émergentes, pendant que nous, malgré notre bonne volonté, sommes rattrapés par certaines réalités de base », a-t-il affirmé. Parmi ces réalités, le manque d’équipements, un faible taux d’alphabétisation technologique, et l’incapacité à surmonter les freins socio-culturels.
Pour le ministre, le décalage générationnel est l’un des freins majeurs à la transformation numérique. Il identifie trois grandes générations dans les pays africains : celle restée au village, celle née au village mais ayant migré vers les centres urbains actuellement aux commandes, et enfin, la génération urbaine née avec les technologies. « Lorsque vous avez des technologies présentées à des personnes qui n’ont pas grandi avec la culture du numérique, cela devient un frein en matière de rapidité de décision, d’adoption et d’intégration dans les méthodes de production », a souligné Mark Alexandre Doumba.
Ce constat appelle, selon lui, à adapter les politiques publiques aux réalités sociales et culturelles, en tenant compte du niveau de maturité numérique des décideurs eux-mêmes.
Former, sensibiliser, éduquer : un impératif pour tous les secteurs

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Face à ces constats, le ministre gabonais prône une réponse systémique qui ne se limite pas à l’école. Il plaide pour des investissements massifs dans l’éducation, la formation continue et la sensibilisation, y compris dans le monde du travail, le secteur public et le privé. « Il faut que nous les prenions en compte dans la manière dont nous légiférons et dans les investissements que nous devons faire », a-t-il insisté.
Sa déclaration a résonné dans un Forum dont l’un des objectifs centraux était de donner une voix aux pays francophones dans la reconfiguration de l’architecture mondiale du numérique, à la veille du SMSI+20 (le 20e Sommet mondial sur la société de l’information) et du Sommet de l’IA pour le bien commun.
À travers ce plaidoyer, le Gabon a réaffirmé son engagement à jouer un rôle actif dans la gouvernance numérique mondiale, tout en appelant à un regard réaliste sur les défis intérieurs à relever pour accompagner l’innovation.

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