ONU : Le représentant de Guterres empêtré dans un scandale sexuel à Libreville

Dans un article fouillé, Africa Intelligence lève le voile sur une affaire qui secoue actuellement les Nations unies : Abdou Abarry, représentant spécial d’António Guterres et chef du Bureau régional pour l’Afrique centrale (Unoca), est la cible d’une enquête interne pour «exploitation et atteintes sexuelle». Malgré la gravité des accusations, l’ONU a prolongé son mandat, exposant au grand jour un paradoxe inquiétant entre principes affichés et réalité.

Abdou Abarry. À Libreville, le diplomate est accusé d’avoir multiplié les demandes de faveurs sexuelles tarifées, une affaire qui place l’ONU face à une responsabilité aggravée. © Wang Guansen / Max PPP
Depuis Libreville, le récit glaçant révélé par Africa Intelligence a l’effet d’une déflagration diplomatique. Derrière les façades protocolaires de l’Unoca se cache, selon le média parisien, un dossier «particulièrement délicat et embarrassant» pour le secrétaire général. L’enquête met à nu une organisation qui proclame la «tolérance zéro» mais semble protéger l’un de ses plus hauts dignitaires.
Accusations d’une rare gravité, preuves effacées et climat d’intimidation
L’investigation a démarré il y a neuf mois, après qu’une fonctionnaire onusienne a saisi le siège new-yorkais. Africa Intelligence cite le code de conduite de l’ONU : «Tout membre du personnel qui a connaissance d’une suspicion d’exploitation ou d’abus sexuel a le devoir de le signaler immédiatement […]. Le défaut de signalement peut constituer en soi une faute disciplinaire.»
Au cœur des soupçons : Abdou Abarry, qui aurait «sollicité et obtenu à plusieurs reprises des faveurs sexuelles monnayées avec des jeunes filles à Libreville». Le média numérique d’enquêtes stratégiques sur l’Afrique souligne la gravité des faits, des témoignages laissant craindre que «certaines des victimes présumées aient été mineures». Pour l’ONU, il s’agit d’une «responsabilité aggravée» susceptible de lourdes sanctions pénales et disciplinaires.
Le Bureau des services de contrôle interne, chargé de l’enquête, a découvert, selon Africa Intelligence, «la disparition, la destruction ou la manipulation d’éléments matériels» : données de vidéosurveillance effacées, pages manquantes dans le registre des visiteurs. Plus inquiétant encore, des témoins ont reçu «des appels anonymes invitant d’un ton ferme, voire menaçant, à ne pas collaborer». Les enquêteurs décrivent un «climat de peur» et soupçonnent de véritables «tentatives d’entrave» pouvant constituer «un abus d’autorité aggravé».
Tolérance zéro… à géométrie variable
Malgré ce tableau accablant, le secrétariat général a reconduit Abdou Abarry pour six mois. Africa Intelligence rapporte que «la reconduction d’Abdou Abarry et l’absence de mesures disciplinaires préventives à son égard renforcent l’incompréhension teintée d’un “écœurement”». Le règlement interne prévoit pourtant «une possible mise à pied immédiate». António Guterres, ardent défenseur de la «tolérance zéro» depuis 2016, n’a pris aucune mesure conservatoire, laissant un personnel déjà fragilisé «dans la crainte d’être démasqué» et redoutant de nouvelles pressions.
Contacté par Africa Intelligence pour répondre à ces accusations, Abdou Abarry, tout en demeurant présumé innocent, a choisi de ne faire aucun commentaire. Le média d’informations confidentielles rappelle qu’entre 2017 et 2024, plus de 3 129 personnes au sein du système onusien ont été visées par des enquêtes pour exploitation ou abus sexuels, avec 26 % de victimes mineures. À la lumière de ces chiffres, l’affaire Abdou Abarry n’est pas un incident isolé mais un révélateur cinglant : l’ONU, qui se veut gardienne d’une éthique exemplaire, vacille lorsque l’un de ses hauts représentants est soupçonné de crimes qu’elle combat officiellement. Un test majeur pour la crédibilité de l’organisation et de son secrétaire général.

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