PDG : Ali Bongo chef d’une opposition ?

La politique gabonaise n’a décidément pas fini de surprendre. Moins d’un an après le coup d’État militaire qui avait mis fin à son règne à la tête du pays, Ali Bongo semble bien décidé à reprendre les rênes… de son parti, le Parti démocratique gabonais (PDG). Une annonce inattendue alors même que l’ancien chef de l’État avait, dans la foulée de sa chute, dit se retirer de la vie politique. Par la voix de son tout nouveau secrétaire général, Ali Akbar Onanga Y’Obégué, qu’il a fait connaître ses intentions.

Ali Bongo va-t-il s’adresser aux PDGistes. © D.R
Dans une déclaration et note à l’appui, Ali Akbar Onanga Y’Obegue a affirmé avoir reçu le 14 mai 2025 une notification officielle signée d’Ali Bongo, le nommant à la tête de l’appareil administratif du PDG : secrétaire général. Un geste qui symbolise selon lui un «tournant essentiel dans la restauration de l’ordre statutaire» de l’ex- parti au pouvoir. À en croire Onanga Y’Obégué, Ali Bongo reste le seul chef légitime du PDG. Malgré son éloignement du pays officiellement pour raisons médicales, l’ancien président serait activement impliqué dans la réorganisation stratégique de la formation politique.
«Ce travail d’ampleur, conduit directement sous sa direction, est en cours», assure Onanga Y’Obégué qui dénonce au passage les actions d’un groupe «autoproclamé», qu’il accuse de vouloir usurper la direction du parti. Ce retour inattendu pose néanmoins plusieurs questions. Peut-on réellement diriger un parti depuis l’étranger et après avoir publiquement pris du recul avec la politique ? Dans un texte transmis par son avocate Gisèle Eyue, Ali Bongo annonçait son « retrait de la vie politique et le renoncement définitif à toute ambition nationale ». Depuis, il était demeuré silencieux. Or, selon Onanga Y’Obégué, un message direct de l’ancien président aux militants serait imminent.
Tentative de rester dans le jeu politique ?
«Il s’adressera très prochainement à vous pour fixer le cap», promet-il, affirmant que cette intervention marquera l’entrée du PDG dans une «phase opérationnelle de reconstruction et de conquête». Alors qu’un nouveau directoire dirige le parti, le camp Onanga Y’Obegue, s’appuyant sur les statuts du parti et le dernier congrès tenu en 2022, affirme incarner la légitimité historique. «Le PDG ne se gouverne pas par usurpation ni par connivence avec des forces extérieures», a affirmé Onanga Y’Obegue qui appelle les militants à ignorer les « tentatives de division » et à se ranger derrière la seule autorité qu’il reconnaît : celle d’Ali Bongo.
Ce PDG, se prépare désormais à jouer un rôle d’opposition «constructive». Un repositionnement inédit dans l’histoire du parti fondé par Omar Bongo. Mais surtout, une fracture qui interroge. Les militants seront-ils prêts à suivre un leader qui incarne aux yeux de beaucoup un passé qu’ils souhaitent dépasser ? L’intervention annoncée d’Ali Bongo est en tout cas, attendue et sera scrutée de près. S’il confirme publiquement son retour à la tête du PDG, il s’agira de sa première prise de parole politique depuis sa chute. Et d’un acte fort pour celui que beaucoup considèrent comme définitivement retiré. Une question demeure : ce retour politique est-il une renaissance ou une tentative de rester dans le jeu ?

0 commentaire
Soyez le premier à commenter.