Plaine-Orety : Ndong Sima se défend et promet un rendez-vous devant les tribunaux

Mis en cause par des membres de la société civile dans l’affaire des déguerpissements à Plaine-Orety, l’ancien Premier ministre de la transition, Raymond Ndong Sima, rompt le silence. Dans une mise au point ferme, il récuse toute implication, dénonce l’usurpation de la parole présidentielle et interroge les responsabilités réelles derrière cette opération controversée.

Raymond Ndong Sima dénonce des accusations mensongères et annonce des poursuites judiciaires contre ses détracteurs. © D.R.
Les récents déguerpissements dans la zone de Plaine-Orety à Libreville suscitent une vive polémique, alimentée notamment par certaines voix issues de la société civile. Plusieurs vidéos circulant en ligne mettent en cause Raymond Ndong Sima, affirmant, au nom du président de la République, qu’il aurait été à l’origine de cette opération. Des accusations que l’ancien chef du gouvernement qualifie de « déclarations infondées » et de « tristes reflets de manœuvres politiciennes que nous pensions révolues. »
Dans une réaction mesurée mais tranchante, sur sa page Facebook, Raymond Ndong Sima s’indigne d’être transformé en bouc émissaire : « Je constate en visionnant différentes vidéos qu’un groupe de personnes se réclamant de la société civile m’implique directement (…) Ces déclarations témoignent d’un culot qui n’a d’égal que leur soif manifeste de se mettre en lumière ou de se donner une légitimité. »
S’il exprime sa compassion envers les déguerpis, il tient à rappeler que la fonction de Premier ministre qu’il occupait n’impliquait aucune initiative personnelle, mais des actions collégiales au nom de l’État. Il fustige au passage ceux qui s’improvisent porte-parole du chef de l’État : « Le président de la République a un porte-parole officiel. Il n’a nul besoin d’usurpateurs pour exposer son point de vue. Le mélange de genres qui veut que des membres de la société civile se transforment en porte-parole est toxique. »
Des questions qui dérangent
L’ancien Premier ministre rappelle avoir scrupuleusement respecté les procédures en cours sur ce dossier sensible, initiant un inventaire des maisons concernées, des estimations du bâti, et des démarches judiciaires d’expulsion. Il invite chacun à s’interroger logiquement : «Si j’avais déjà eu en ma possession les informations sur les personnes déjà dédommagées :
- Pourquoi, en tant que Premier Ministre, Chef du Gouvernement, n’ai-je pas moi-même requis le génie militaire et organisé la destruction des logements concernés ?
- Pourquoi ai-je fait procéder à un inventaire des maisons impactées par le projet et à une estimation du cadre bâti, en m’arrêtant spécifiquement à la zone 1 (allant du bord de mer à l’espace derrière l’Assemblée nationale) ?
- Pourquoi ai-je chargé l’Agent Judiciaire de l’État de saisir et d’obtenir des ordonnances d’expulsion du tribunal ?»
Il s’interroge aussi sur les décisions prises après son départ du gouvernement, pointant une accélération inexpliquée du processus 30 jours seulement après son retrait de la Primature. Pour lui, cela révèle que certains l’accusaient à tort de freiner l’avancement des projets. « Si nous revendiquons le statut d’État de droit, le gouvernement doit être le garant du respect des règles et des procédures. Ce sont ces règles auxquelles je me suis scrupuleusement soumis. »
Appel à la responsabilité et recours à la justice
Enfin, Raymond Ndong Sima dénonce des propos irresponsables tenus sur le site de Plaine-Orety par des acteurs de la société civile, qu’il juge inacceptables. Actuellement en convalescence à l’étranger pour des raisons de santé, il annonce son retour prochain au Gabon et une action judiciaire à venir : « Les déclarations des membres de la société civile qui se sont rendus sur ce site sont irresponsables et inacceptables. C’est pourquoi, dès mon retour au Gabon, nous nous retrouverons devant les tribunaux. »
Dans un contexte socio-politique toujours tendu, cette mise au point pose la question du respect des procédures, du rôle des différents acteurs dans les décisions d’État, et du besoin de clarté dans la communication institutionnelle. Une chose est sûre : l’affaire Plaine-Orety est loin d’avoir livré tous ses secrets.

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