À l’approche du lancement officiel des épreuves du baccalauréat général au Gabon, deux détenus de la maison d’arrêt de Port-Gentil s’apprêtent à relever un défi aussi académique que personnel : décrocher leur diplôme pour envisager une réinsertion sociale digne et durable. Inscrits à la session 2024-2025, ces deux candidats incarnent l’espoir que la détention n’est pas une fin, mais un point de départ vers la rédemption.

La prison centrale de Port-Gentil où sont maintenus en détention les deux détenus, candidats au Bac. © D.R

 

Depuis le début de l’année, ils suivent, à raison de deux à trois séances hebdomadaires, des cours intensifs dans un espace spécialement aménagé au sein de l’établissement. Grâce à l’implication de professeurs bénévoles issus des lycées et collèges de la capitale économique, ces cours couvrent les disciplines essentielles : français, philosophie, mathématiques, géographie, entre autres. L’objectif : les préparer au mieux à l’examen national, dans des conditions aussi proches que possible de celles du milieu scolaire traditionnel. Parmi ceux-ci, K.H.M., âgé de 29 ans, détenu depuis janvier 2019 pour une infraction grave, avait atteint le niveau de première avant son incarcération.

Motivés et concentrés

M.R.T.D., 31 ans, en détention depuis octobre de la même année, a également choisi de se présenter à cet examen, convaincu qu’il représente une étape clé dans son parcours de réinsertion. Le professeur Gérard témoigne d’une réelle motivation chez eux. «Ils sont finalement satisfaits de recevoir des notes presque chaque semaine», explique l’enseignant. «Ils souhaitent être utiles, désireux de progresser et déterminés à réussir cet examen», ajoute-t-il. Le lieutenant-colonel Jean-Jacques Ona Mbengha, commandant de la maison d’arrêt, salue cette initiative qui, selon lui, participe pleinement à la mission de réinsertion des détenus :

Selon lui, toutes les conditions nécessaires pour qu’ils abordent les épreuves dans le calme, la concentration et avec l’espoir d’un avenir meilleur, ont été mises en place. Selon la Direction générale des examens et concours (DGEC), plus de 40 000 candidats sont attendus dans les 124 centres d’examen répartis sur l’ensemble des neuf provinces du pays. La maison d’arrêt de Port-Gentil, à travers ces deux candidats, réaffirme son engagement en faveur de l’éducation et de la réinsertion des personnes privées de liberté. L’année scolaire précédente a marqué un tournant symbolique.

Un précédent inspirant : 100 % de réussite en 2023-2024

Deux détenus, inscrits en série A1, avaient réussi l’examen avec succès, affichant un taux de réussite de 100 %. Parmi eux, M. D.M.G., 28 ans, en détention pour vol aggravé, avait obtenu son diplôme avec une moyenne de 10,60/20, après une année d’efforts constants. À ses côtés, M. O.M.J., 23 ans, détenu pour la même infraction, avait obtenu une moyenne de 10,12/20. Ces succès ont renforcé la conviction que l’éducation en milieu carcéral n’est pas une utopie. Grâce au soutien de l’administration pénitentiaire et des enseignants bénévoles, ces initiatives permettent de redonner espoir, confiance et perspectives à des individus en quête de rédemption.

Portée par la Direction générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion, cette initiative vise à démontrer que la prison peut devenir un espace de transformation positive. En garantissant un accompagnement éducatif et des conditions matérielles adéquates, l’objectif est de faire de chaque session du baccalauréat un levier concret de réinsertion. Les deux candidats de 2025 en sont la preuve vivante : même derrière les murs d’une prison, l’envie d’apprendre, de changer et de se reconstruire reste intacte.

 
GR
 

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