Port-Gentil : La Fegasta alerte la Mairie d’une grève générale illimitée des transporteurs en commun

Le jeudi 24 juillet 2025, la Fédération gabonaise des syndicats des transports et assimilés (Fegasta) a tenu une assemblée générale dans les locaux de la Confédération syndicale gabonaise (Cosyga), à Port-Gentil. Objectif : dénoncer une série d’abus et de mesures jugées arbitraires à l’encontre des conducteurs de taxis et de taxis-motos.

Les participants à l’AG posant ensemble. © GabonReview
Parmi les griefs soulevés, les participants ont fustigé les contrôles jugés excessifs et répétés de la part des forces de l’ordre, ainsi que l’obligation imposée aux chauffeurs d’acquérir à leurs frais des blouses destinées à faciliter leur identification. Cette réunion, présidée par le leader syndical Albert Bernard Bongo Essono, a permis de faire le point sur les tensions croissantes dans le secteur du transport urbain dans la capitale économique du Gabon. «Ils m’ont saisi, car ils rencontrent des problèmes récurrents avec la Police, la Gendarmerie et la Mairie. Il est question ici de contrôles abusifs et de l’imposition injustifiée d’uniformes coûteux», a déclaré le syndicaliste.
Des charges insoutenables
À Port-Gentil, les relations entre les autorités municipales et les transporteurs sont de plus en plus tendues. Chaque année, les conducteurs doivent s’acquitter de multiples obligations financières — taxes foncières, droit de timbre, autocollants — auprès de la mairie centrale. Des démarches souvent complexes, accentuées par des procédures coercitives visant à contraindre les retardataires à se régulariser, provoquant récemment une pénurie de taxis pendant près de deux semaines. La dernière controverse concerne l’achat obligatoire de blouses identifiantes. Selon un représentant de la Fegasta, chaque véhicule devrait être équipé de deux tenues, vendues à 16 000 francs CFA l’unité.
Un coût jugé exorbitant, d’autant que ces sommes ne seraient pas reversées au Trésor public provincial. «Cela représente des millions de francs CFA en circulation opaque. Nous demandons l’arrêt immédiat de cette pratique», a-t-il ajouté. Albert Bernard Bongo Essono a vivement critiqué l’apposition du sigle de la Mairie sur ces blouses, estimant que cela entretient une confusion avec des employés municipaux. Il a également dénoncé le fait que ces vêtements seraient confectionnés et vendus par un expatrié, alimentant, selon lui, un circuit de blanchiment d’argent déguisé. Une concertation a néanmoins été entamée entre la mairie, les syndicats et les forces de l’ordre.
Préavis déposé
Toutefois, les transporteurs se montrent sceptiques sur la volonté réelle des autorités de corriger ces dérives. Cédric Nkoghet, président du collectif des taximen de l’Ogooué-Maritime et représentant provincial de la Fegasta, a rappelé que la mairie n’avait pas compétence pour imposer le port d’un uniforme sans concertation préalable avec les partenaires sociaux. Il a annoncé qu’un courrier officiel serait adressé au délégué spécial de la commune pour exiger la suspension immédiate de cette mesure. À défaut, une grève générale illimitée pourrait être déclenchée dans les prochains jours.
«Nous avons déposé un préavis le vendredi 25 juillet. Si aucune solution satisfaisante n’est trouvée sous dix jours, nous passerons à l’action», a-t-il prévenu. Le même jour, les chauffeurs de taxi ont organisé une manifestation pour dénoncer les pressions subies au quotidien. Ils ont pointé du doigt le non-respect des horaires de contrôle, les tracasseries administratives et l’impact négatif sur leurs revenus. « Les contrôles sont désorganisés et souvent arbitraires. Nous voulons un cadre de dialogue clair, avec un planning précis d’intervention des forces de l’ordre », a souligné Nkoghet.
Alors que le spectre d’une paralysie totale du transport urbain plane sur Port-Gentil, la balle est désormais dans le camp des autorités.

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