Quelle place pour Albert Schweitzer dans l’histoire du Gabon ?

Du 13 au 14 janvier 2026, Libreville accueillera un colloque international pluridisciplinaire pour lequel un appel à contribution a été lancé jeudi 7 août 2025. Chercheurs, écrivains, historiens et acteurs de la société civile sont invités à débattre autour de la place dans la mémoire gabonaise d’un homme autant adulé que controversé malgré son œuvre humanitaire.

Albert Schweitzer dans son hôpital à Lambaréné, au Gabon. © bilder.deutschlandfunk.de
À l’occasion du 150e anniversaire de la naissance d’Albert Schweitzer et du 60e anniversaire de son installation à Lambaréné, au Gabon, chercheurs, écrivains, historiens et acteurs de la société civile se réuniront à Libreville du 13 au 14 janvier 2026 pour un colloque international pluridisciplinaire intitulé : «Quelle place pour Albert Schweitzer dans l’histoire du Gabon ?» Figure emblématique du XXe siècle, prix Nobel de la paix, médecin, philosophe et humaniste, Albert Schweitzer a marqué de son empreinte le paysage spirituel, médical et culturel du Gabon. Né en 1875 à Kaysersberg (Alsace) et décédé en 1965 à Lambaréné, il incarne une relation singulière entre l’Europe et l’Afrique, entre engagement humanitaire et ancrage territorial. Son œuvre, son hôpital, et son attachement à la terre gabonaise continuent de susciter admiration, questionnement et parfois controverse. D’où l’appel à contribution lancé jeudi par le comité d’organisation.
Le colloque, organisé dans une dynamique de réappropriation historique, propose une lecture renouvelée de Schweitzer à travers dix axes de recherche, allant de ses liens avec les hommes d’État gabonais à son rôle dans l’invention du tourisme culturel à Lambaréné. Les contributions attendues exploreront également son influence sur la médecine, la photographie environnementale, la philatélie, la littérature gabonaise et les jumelages internationaux. «Il est temps de penser et panser Schweitzer dans l’histoire à part entière du Gabon», souligne un membre du comité scientifique, qui appelle à une approche interdisciplinaire pour embrasser la complexité de cette figure adoptée par le peuple gabonais.
Une mémoire vivante, entre hommage et critique
Si Schweitzer est célébré pour son œuvre humanitaire, il n’échappe pas aux débats. Certains travaux récents, comme ceux d’Augustin Emane ou du Dr Audoynaud, interrogent les zones d’ombre de son héritage, entre accusations de paternalisme et réinterprétations postcoloniales. Pourtant, comme le rappelle Emane : «Qu’on ait de la sympathie ou non pour Schweitzer, il est difficile de nier que les Gabonais en ont fait un personnage à part autour duquel on peut se déchirer ou s’accorder.»
Ce colloque, qui se veut un espace de dialogue, de transmission et de réflexion sur l’héritage complexe d’un homme dont l’histoire est désormais en partie gabonaise, s’inscrit dans une dynamique de valorisation du patrimoine gabonais. Cette dynamique a récemment été illustrée par la participation du Gabon à l’Exposition universelle d’Osaka (juillet 2025), où une vitrine dédiée à Schweitzer a mis en lumière son rôle de symbole de paix et d’humanisme, en lien avec les enjeux de transition écologique et de coopération internationale.
Aussi, les chercheurs, artistes, journalistes, enseignants et étudiants sont-ils invités à soumettre leurs propositions de communication autour des dix axes thématiques définis. La date limite des soumissions est fixée au 1er octobre 2025.

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