Réagir : Michel Ongoundou Loundah défend la légitimité de son camp

Alors que le parti Réagir (Réappropriation du Gabon, de son indépendance, pour sa reconstruction), continue d’attirer l’attention, dans une récente interview, Michel Ongoundou Loundah, est revenu sur la situation interne de cette formation politique désormais divisée. Il s’est particulièrement appesanti sur la question du siège du parti.

Michel Ongoundou Loundah. © D.R.
Au cœur de ses préoccupations, la crise qui secoue actuellement le siège du parti, installé dans le quartier Bas-de-Guégué à Libreville. Devenu l’épicentre d’une querelle interne, ce lieu est désormais occupé par l’autre aile du parti, menée par François Ndong Obiang. Une situation que Michel Ongoundou Loundah qualifie de dérive politique préoccupante. «La politique ne saurait se confondre avec la délinquance, ce qui s’est produit résulte d’un mélange inacceptable entre pratiques politiques et violence ordinaire», a-t-il déclaré. Selon lui, les événements remontent à octobre 2024.
Résilience politique et transmission
Après une première tentative d’intrusion, le clan Ndong Obiang serait revenu en force, aurait intimidé le gardien, modifié les serrures et pris possession des locaux. Face à une situation financière tendue à l’époque, un militant, Félix Bongo, aurait alors repris le bail à titre personnel tout en maintenant une partie des locaux au bénéfice du parti. «Nos adversaires ont sciemment ignoré cette réalité ; il ne s’agit pas d’un hasard, mais bien d’une stratégie délibérée visant à nous discréditer», a-t-il dénoncé. Aujourd’hui, l’affaire est entre les mains de la justice. Le leader de Réagir dit attendre avec calme et confiance la décision qui, espère-t-il, permettra la récupération du siège.
Pour lui, ces dissensions rappellent les divisions récurrentes de l’opposition gabonaise depuis 1990. «Toutes ces batailles constituent en quelque sorte les maladies infantiles de l’opposition, ce phénomène n’est pas inédit, RHM en a fait l’expérience, tout comme le RNB», souligne-t-il. Malgré ces remous internes, Michel Ongoundou Loundah semble n’avoir rien perdu de sa détermination. Même l’invalidation, jugée abusive, de sa candidature à la présidentielle ne semble pas avoir altéré son engagement. «Chez les Ambaama, on enseigne que l’animal ayant déjà ingéré un porc-épic ne craint plus aucun autre prédateur», a-t-il déclaré.
Libertés en danger ?
«En somme, plus de trente années d’engagement politique m’ont tellement aguerri que ce n’est pas cette dernière péripétie qui saurait me déstabiliser», a-t-il lancé avec une sérénité teintée de défi. Refusant de réduire les tensions à des querelles personnelles, il insiste sur son approche fondée sur le débat d’idées. «Mon engagement politique s’est toujours fondé sur les idées et les arguments. François Ndong Obiang et Persis Lionel Essono sont comme des petits frères pour moi, et j’ai même tenté d’agir en médiateur». Une tentative restée vaine, ouvrant la voie à une lutte de leadership qui fragilise davantage Réagir.
Le président de Réagir s’inquiète également de l’évolution du climat politique national, depuis le coup d’État du 30 août 2023. Il fustige la nouvelle loi sur les partis politiques qui impose aux membres de fournir leur numéro d’identification personnelle pour adhérer à une formation politique. À quelques semaines des législatives et locales, il affirme toutefois que son parti n’abandonnera pas la course, même si les moyens manquent. Il exclut néanmoins toute candidature personnelle. Sur la question des comptes de campagne liés à la dernière présidentielle, le leader de Réagir critique une gestion biaisée des textes.

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