Réagir : trois proches du ministre François Ndong Obiang inculpés pour menaces et voies de fait

Trois collaborateurs politiques proches du ministre de la Réforme et des Relations avec les institutions, François Ndong Obiang, ont été inculpés pour «menaces et voies de fait» par le parquet de Libreville. Bruno Ondo Mintsa, Fabrice Ekomo Ossazeh et Denard Ovono, alias Wayne, sont tous poursuivis à la suite d’une plainte déposée par Félix Bongo pour occupation illégale du siège du parti Réagir en crise depuis la période de transition au Gabon.

Le siège de Réagir, objet du litige. © D.R.
À l’origine de l’affaire, une plainte formulée par Félix Bongo visant un groupe conduit par François Ndong Obiang, actuel ministre de la Réforme et des relations avec les institutions, et Persis Lionel Essono Ondo, accusé d’avoir investi illégalement, le siège du parti Réagir. L’enquête ouverte par le parquet de Libreville a conduit à l’inculpation des trois collaborateurs de François Ndong Obiang, Bruno Ondo Mintsa, Fabrice Ekomo Ossazeh et Denard Ovono, alias Wayne, selon des sources judiciaires. Le 25 juin dernier, le tribunal de grande instance de Libreville a prononcé une sanction pénale à leur encontre. Renvoyés devant le tribunal correctionnel pour le 1er juillet, ils bénéficient néanmoins d’une liberté provisoire.
Politique rime avec délinquance ?
Depuis janvier 2024, le parti (Réappropriation du Gabon, de son Indépendance, pour sa Reconstruction – Réagir) est fragilisé par des tensions internes et des difficultés financières. Les loyers impayés de son siège situé au Bas de Gué-Gué ont entraîné la résiliation du bail par le propriétaire. C’est dans ce contexte que Félix Bongo, vice-président du parti et chef d’entreprise, serait intervenu pour régulariser les impayés et signer un nouveau bail à son nom. Il met alors à disposition une partie des locaux pour le fonctionnement de Réagir. Mais les conflits de gouvernance empirent : François Ndong Obiang, président statutaire du parti, et son intérimaire, Persis Lionel Essono Ondo, sont exclus par d’autres cadres du parti.
Ils contestent leur éviction en justice, mais les juges renvoient la question à l’arbitrage des instances du parti. Le 27 octobre 2024, accompagnés de partisans, François Ndong Obiang et Persis Lionel Essono Ondo tentent de reprendre le contrôle physique du siège. Filmés en train d’essayer de forcer le portail, les images de la scène font rapidement le tour des réseaux sociaux. Quelques semaines plus tard, ils parviennent à pénétrer «par la force» dans les locaux, changent les serrures et s’y installent durablement. Alerté, Félix Bongo saisit la Police judiciaire. Après plusieurs mois d’enquête et d’auditions, la justice lui donne raison.
Un meeting politique sur un site sous litige
Sollicité pour recueillir sa version des faits, Bruno Ondo Mintsa, récemment nommé conseiller du ministre Ndong Obiang, est resté injoignable. Denard Ovono, alias Wayne, a décliné toute déclaration sans l’accord de son avocat. De son côté, Félix Bongo se montre calme, affirmant n’éprouver aucune rancune. «Pour moi, il s’agit avant tout d’un principe fondamental. Je souhaite récupérer des locaux pour lesquels je paie un loyer, et je refuse catégoriquement de me laisser dépouiller par des occupants illégaux qui, en plus, se permettent de défier ouvertement devant tout le monde», fustige Félix Bongo.
«Je demande simplement que mes droits soient pleinement respectés. Il n’y a aucune considération personnelle dans cette affaire. D’ailleurs, devant le Procureur, mon ami Bruno Ondo Mintsa a affirmé que je suis son frère. Il est même allé jusqu’à dire qu’en 2022, j’ai financé son billet pour rentrer au Gabon. Je dois avouer que cela m’a quelque peu embarrassé qu’il rende cela public. Quoi qu’il en soit, la justice doit impérativement faire son travail», a-t-il confié. Fait surprenant pour le plaignant, alors que sa plainte suit son cours judiciaire, François Ndong Obiang organise un meeting politique le 21 juin 2025 sur le site. Il y installe un comité communal et rend hommage à Bruno Ondo Mintsa.
«C’est avec ceux tombés de l’autre côté que nous avancerons pour libérer le Gabon», a-t-il déclaré. Assez pour susciter des interrogations

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