Réforme judiciaire : Akure-Davain annonce la relance des sessions criminelles

Confronté à la surpopulation carcérale et à la multiplication des détentions préventives prolongées, le ministre de la Justice, Séraphin Akure-Davain, a annoncé le 24 juin la relance des sessions criminelles dans les prochaines semaines. Une mesure d’urgence pour désengorger les prisons et amorcer une réforme plus large du système judiciaire gabonais.

Séraphin Akure-Davain à la prison centrale de Libreville, le 24 juin. © D.R.
Au Gabon, où une large majorité de prisonniers attend encore d’être jugée, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux et chargé des Droits humains, Séraphin Akure-Davain, a annoncé le 24 juin la reprise imminente des sessions criminelles. En visite à la prison centrale de Libreville, le ministre a constaté l’ampleur des détentions préventives prolongées, une situation qu’il qualifie d’inquiétante. «Les chiffres qui tournent autour de 3 500 détenus font part de 500 ou 600 seulement qui sont jugés. Près des 3/4 ne le sont pas encore et c’est un souci», a-t-il déclaré.
Juger plus pour enfermer moins ?
Face à cette réalité, le gouvernement entend réagir sans délai. «Nous avons une option de faire en sorte que cette surpopulation carcérale soit prise en charge. Et nous vous annonçons que les sessions criminelles vont commencer dans les toutes prochaines semaines», a-t-il fait savoir. Pour soutenir cette relance, les procureurs généraux de tout le pays ont été réunis, et l’État a mobilisé les moyens nécessaires à la tenue effective des audiences. Une commission a également été créée afin de régulariser les incohérences administratives entre les services de la prison, les greffes et le parquet.
«Parce que très souvent, il y a des gens qui sont considérés comme en détention préventive alors qu’ils ont déjà été jugés», a-t-il dénoncé, évoquant les dysfonctionnements persistants du système. «Donc les décisions sont prises», a-t-il affirmé, rappelant que le 23 juin 2025, onze détenus ont été libérés et qu’«une centaine de prisonniers ont bénéficié de ce réexamen de dossier» avant eux. Au-delà de la relance ponctuelle des sessions criminelles, Séraphin Akure-Davain plaide pour une réforme en profondeur du système judiciaire. «Je pense que nous devons initier une réforme de notre justice parce que les sessions criminelles sont rares, elles sont onéreuses», a-t-il affirmé.
Amorcer la réforme
Il souhaite que les audiences foraines deviennent plus fréquentes et que les procédures soient revues «pour que les gens ne restent pas en prison», soulignant l’impact humain et logistique de ces détentions prolongées. «C’est difficile pour les prisonniers en attente de jugement, mais aussi une charge pour l’administration pénitentiaire parce qu’il faut assurer un minimum de décence», a-t-il expliqué. Le ministre a insisté sur l’extension de ces efforts à l’ensemble du territoire national. «Ce n’est pas seulement sur Libreville, c’est également à l’intérieur du pays», a-t-il rappelé, annonçant une série de visites dans les établissements pénitentiaires des capitales provinciales dans les prochains jours.
«Nous visiterons également les tribunaux puisque nous avons l’obligation de faire un état des lieux précis et actuel au chef de l’État pour que nous puissions engager une programmation budgétaire de nos investissements», a-t-il précisé. Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer l’efficacité, la transparence et l’humanité du système judiciaire gabonais, tout en désengorgeant les prisons surpeuplées du pays.

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