Samy Boucalt : l’arrestation la plus mystérieuse de Libreville

Alors que nombreux médias l’ont annoncé capturé, le «chasseur des Béninois» demeure introuvable : ni la Prison centrale, ni la Police judiciaire, ni la Gendarmerie n’abritent l’autoproclamé «chef d’état-major des Mapanes». Entre rumeurs d’arrestation, détention fantôme et silence des autorités, le mystère enfle autour de cet agitateur dont la traque vire à l’énigme nationale.

Proclamé aux arrêts par de nombreux médias, Samy Boucalt demeure introuvable dans tous les lieux de détention connus de Libreville. Il s’efface derrière un silence officiel plus bruyant que le scandale. © D.R.
Libreville bruisse de rumeurs depuis dimanche : Samy Boucalt aurait été arrêté, comme l’ont clamé en chœur de nombreux médias locaux. Mais l’enquête de GabonReview révèle une réalité autrement plus opaque : aucune autorité n’a confirmé la nouvelle, aucun site de détention ne l’héberge, et les zones d’ombre s’épaississent autour d’un homme devenu le symbole de l’auto-justice et de la provocation numérique.
Samy Boucalt : une capture fantôme ?
Selon les premières dépêches, l’opération aurait été ordonnée par la Direction générale des Services spéciaux (DGSS) et confiée à la Direction générale des Recherches (DGR) en fin de semaine dernière. Plusieurs médias ont affirmé que l’ancien coupeur de routes a été intercepté à Libreville dimanche 22 septembre. Il reste que son lieu d’incarcération demeure inconnu.
Non sans indiquer que Samy Boucalt est «poursuivi pour troubles à l’ordre public et incitation à la haine» le média en ligne LeGabonais.com soutient que le «chasseur des Béninois» est «maintenu dans un lieu tenu secret. Les autorités gabonaises ont choisi la discrétion, invoquant des raisons de sécurité et la nécessité de préserver le bon déroulement de l’enquête.» Ce qui pourrait conforter les vérifications de GabonReview dans les principaux lieux de détention (Prison centrale, cellules de la Police judiciaire, brigades de Gendarmerie) : Boucalt n’y est pas.
Toujours selon LeGabonais.com, au moment de son arrestation présumée, il était entouré de plusieurs proches, dont l’un – son lieutenant à la casquette noire et au blouson gris, bien reconnaissable dans les vidéos – aurait pris la fuite et reste activement recherché.
Mystères et questions dérangeantes
Pourquoi un tel silence des forces de l’ordre si l’opération a bien eu lieu ? A-t-on simplement intimé à Boucalt l’ordre de se faire oublier, pour désamorcer un scandale qui menaçait de déteindre sur l’exécutif ? Des rumeurs persistantes évoquent qu’il serait le protégé d’un très haut gradé des forces de défense, proche du pouvoir. Son activisme, longtemps toléré, aurait fini par embarrasser les cercles dirigeants, qui lui auraient donné consigne de «disparaître» pour calmer la poémique publique sans offrir de triomphe judiciaire.
Cette affaire survient alors que les relations entre le Gabon et le Bénin sont déjà crispées, notamment après les incidents de Lambaréné en août. Les exactions de Boucalt, largement relayées en ligne, menaçaient d’attiser les tensions et de provoquer des représailles contre les Gabonais vivant au Bénin.
Le gouvernement cherche-t-il à éteindre l’incendie en misant sur l’opacité ? L’absence de communication officielle, la «disparition» de l’intéressé et la supposée cavale de son lieutenant alimentent l’impression d’un coup d’éclat où l’État joue une partition trouble.
Enquête en suspens ou même non amorcée, prison introuvable, silence des autorités : l’affaire Samy Boucalt met à nu les fragilités d’un appareil sécuritaire pris entre nécessité d’ordre public, considérations diplomatiques et calculs politiques. Le «chef d’état-major des Mapanes» a-t-il vraiment été arrêté ou simplement mis à l’abri ? La question, elle, reste entière – et brûlante.

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