Face à la recrudescence tragique des accidents de la route au Gabon, le gouvernement brandit le bâton de la fermeté. Après le dramatique accident du PK9 qui a fait un mort et plusieurs blessés graves, le ministre des Transports Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi annonce l’entrée en vigueur d’un arsenal répressif sans précédent : amendes alourdies, peines d’emprisonnement, suspension immédiate des permis et tolérance zéro sur les routes gabonaises. Une révolution sécuritaire qui sonne le glas de l’impunité routière.

«L’heure n’est plus à la compassion seule : elle est à l’action, à la rigueur et à la responsabilité. Quiconque s’obstinera à défier les lois de la République en mettant des vies en danger devra en répondre pleinement», dixit Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi. © GabonReview

 

Le temps des larmes et des condoléances semble révolu. Face à la montée vertigineuse des accidents de la route, souvent meurtriers, le gouvernement gabonais opère un virage sécuritaire sans précédent. Dans un communiqué solennel daté du 22 mai 2025, le ministre d’État en charge des Transports, de la Marine marchande et de la Logistique, Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi, alerte, accuse et annonce : désormais, la tolérance zéro s’impose.

Le point de bascule ? Un énième drame, survenu dans la nuit du mercredi 15 mai, vers 2 heures du matin, au PK9. Une collision entre un véhicule de marque Kaiyix 7 et un grumier abandonné, en panne, sans la moindre signalisation. Bilan : un mort sur le coup, un autre à l’hôpital, et deux blessés graves. Une tragédie de trop pour le ministère, qui dénonce dans des termes sans détour «des accidents d’une violence inouïe, d’une brutalité insupportable, qui endeuillent nos familles et détruisent des vies».

Mais au-delà de l’émotion, s’obstinera est désormais à la rigueur. «L’heure n’est plus à la compassion seule : elle est à l’action, à la rigueur et à la responsabilité.» Le ministre ne ménage ni ses mots ni les responsabilités : «Il ne s’agit plus de simples négligences : il s’agit d’actes délibérés, de fautes graves, qui écourtent des vies.» Et il en dresse la liste exhaustive : non-respect des règles de signalisation en cas de panne, dépassements hasardeux, excès de vitesse irresponsable, stationnements anarchiques, surcharge incontrôlée, usage du téléphone ou de l’alcool au volant, fatigue ignorée, pneus usés, chargements mal arrimés, entretien mécanique inexistant…

L’arsenal répressif prévu par la loi

En réponse à ce qu’il qualifie d’«incivisme pur et simple», le ministre d’État en charge des Transports, de la Marine marchande et de la Logistique déclenche l’arsenal répressif prévu par la loi. En application de l’article 2 de la loi n°003/2006 du 12 septembre 2006, complétant l’ordonnance n°30/69 relative à la police de circulation routière, les infractions sont désormais érigées en délits. Les sanctions iront d’un mois à deux mois d’emprisonnement et/ou 25 000 à 50 000 francs CFA d’amende pour les faits les moins graves, jusqu’à cinq à douze mois de prison et/ou 200 000 à 300 000 francs CFA d’amende pour les faits les plus graves.

À cela s’ajoutent des mesures administratives strictes : plusieurs infractions, comme le franchissement d’une ligne continue, le croisement à gauche, le dépassement dangereux, le refus de priorité ou encore le stationnement dangereux, pourront entraîner la suspension immédiate du permis de conduire, conformément aux articles R226 et suivants du décret n°00837/PR-MTPT.

Le ministre annonce une série de mesures fortes : «Des patrouilles seront renforcées, des contrôles multipliés, des sanctions appliquées sans failles. Quiconque s’obstinera à défier les lois de la République en mettant des vies en danger devra en répondre pleinement.» Dans ce contexte, les véhicules défectueux ou en surcharge seront retirés de la circulation sans préavis, sans excuses, sans passe-droits. «Trop de sang a coulé par la faute de chauffeurs irresponsables», insiste-t-il.

Cette déclaration survient à la veille des grands départs en vacances, période critique pour la sécurité routière. Aussi, Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi appelle-t-il à un «sursaut collectif», affirmant que «le respect scrupuleux du Code de la route n’est pas une option, mais une exigence nationale». Et de rappeler avec gravité : «Il est temps d’en finir avec la culture de l’indifférence. Il est temps que chaque conducteur comprenne que la route n’est pas un champ de course, mais un espace de vie, où doit régner une certaine discipline.»

Fermeté, urgence, détermination : c’est tout l’esprit d’un communiqué qui clôt sur une formule glaçante, presque martiale, qui en dit long sur la gravité du moment : «Assez de morts ! Assez de blessés ! Le changement commence maintenant.»

 
GR
 

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