Session criminelle à Libreville : répondre à l’oubli en jugeant les plus anciens

La Cour d’appel judiciaire de Libreville a ouvert, le 15 juillet 2025, une session criminelle exceptionnelle avec 100 dossiers inscrits et 148 accusés concernés. Au-delà de la répression, cette initiative s’inscrit dans une dynamique de justice réparatrice et d’équité, visant à rétablir les droits des détenus et à corriger les lenteurs du système.

La Cour d’appel judiciaire de Libreville a ouvert, le 15 juillet 2025, une session criminelle exceptionnelle avec 100 dossiers inscrits et 148 accusés concernés. © D.R.
Pendant un mois, la Cour criminelle de Libreville examinera ces 100 affaires pénales, impliquant des accusés dont certains attendent un jugement depuis plus de dix ans. Les dossiers les plus anciens, datant de 2012 à 2019, ont été enrôlés en priorité. Cette décision traduirait une volonté forte des autorités judiciaires : restaurer l’équilibre rompu par les retards de procédure et garantir à chaque justiciable le droit fondamental d’être jugé dans un délai raisonnable.
Pendant toutes ces années, ces détenus en attente de jugement ont été privés de perspective judiciaire, parfois dans des conditions de détention précaires, sans verdict ni horizon clair. En enrôlant en priorité ces affaires anciennes, la Cour d’appel judiciaire de Libreville s’attaque directement à l’un des maux les plus préoccupants de la justice gabonaise : la détention préventive prolongée.
Du 15 juillet au 15 août 2025, seront donc traités des faits particulièrement graves : 9 assassinats, 11 coups mortels, 35 vols qualifiés, 21 viols sur mineures de moins de 15 ans, 9 viols avec violence, 2 viols en réunion, 6 cas d’inceste et 10 meurtres. Ces infractions relèvent de la compétence exclusive de la Cour criminelle, composée de trois magistrats professionnels, de quatre jurés citoyens tirés au sort et d’un greffier. Le ministère public, représenté par le procureur général ou l’un de ses substituts, veillera à la rigueur de la procédure.
Mais l’enjeu dépasse largement le champ de la répression. Il s’agit ici d’une démarche de justice réparatrice, visant à rétablir les droits fondamentaux de personnes restées trop longtemps en attente de procès, parfois dans l’oubli carcéral. Pour chaque affaire, la présence d’un avocat est obligatoire, garantissant le respect du droit à la défense.
En fixant enfin le sort de près de 150 détenus dans un délai resserré, cette session criminelle symbolise un effort tangible de la justice gabonaise pour réduire les délais de jugement, désengorger les maisons d’arrêt et restaurer la confiance des citoyens dans l’institution judiciaire.

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