Le secteur pétrolier gabonais fait face à une problématique majeure concernant le traitement des employés prestataires. Au-delà de l’excellent exemple d’Assala et de Vaalco, pris par le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, en visite à Port-Gentil, plusieurs entreprises ont été indexées et dénoncées du fait du basculement d’une proportion de leur personnel vers un statut de prestataires. Le phénomène, qui aurait pu être une opportunité pour moderniser et flexibiliser le travail, s’est malheureusement transformé en un véritable fardeau pour la dignité des travailleurs gabonais. Il va donc y remettre de l’ordre, a-t-il dit en conférence de presse.

Le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, le 6 août 2023, à Port-Gentil. © GabonReview

 

Rendu à Port-Gentil, la cité pétrolière, pour toucher du doigt les réalités et s’enquérir des évolutions et des difficultés dans ce secteur, le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, qui a séjourné, du 3 au 6 août, dans cette localité, a visité plusieurs entreprises de l’industrie des hydrocarbures. Mais, un constat particulier s’est dégagé : l’usage abusif de la sous-traitance au grand dam des travailleurs. Face à ce qui s’apparente à l’arnaque, à de l’exploitation de l’homme par l’homme et à de la paupérisation forcée, le premier responsable gouvernemental de ce secteur d’activité économique a tapé du poing sur la table. «Ce phénomène de la prestation qui aurait pu être une bonne chose s’est transformé en véritable boulet pour la dignité des Gabonais», a-t-il regretté.

«Cet écart des traitements salariaux ne peut pas être accepté et ne peut plus être accepté»

La loi 20/PR du 20 août 2007 encadrant cette situation est pourtant claire et prescriptive, mais son application reste problématique. Des concertations ont été initiées pour analyser et réformer la condition des prestataires dans ces entreprises, aboutissant à un procès-verbal reconnaissant l’urgence d’un changement. En effet, ces travailleurs de terrain partagent les mêmes risques et effectuent les mêmes tâches et horaires que leurs collègues titulaires, ce qui rend d’autant plus inacceptable cette disparité de traitement. Sauf que le traitement salarial est, de loin, le même. Si le titulaire est rémunéré, par exemple, à un million de francs CFA, son remplaçant jouissant des mêmes qualifications peut facilement être payé à 150, voire 200 000 francs CFA.

«Nous pensons que la loi est claire. Il faut l’appliquer. En dehors de cette loi, des concertations ont été menées et un PV a censuré ces concertations en disant effectivement que cette situation que vit le personnel prestataire au sein des entreprises devrait changer. On court les mêmes risques. On travaille avec les mêmes heures», a expliqué M. Nguema Nguema. 

Sosthène Nguema Nguema en séance de travail avec les responsables de TotalEnergies, Vaalco, Assala et Sogara. © GabonReview

Dénonçant cette situation, même en conférence de presse sanctionnant son séjour dans la cité pétrolière, il a pris l’exemple tragique de Becuna, où tous les employés décédés étaient des prestataires. Une situation qui illustre cruellement cette réalité. Pour le membre du gouvernement, «cet écart des traitements salariaux ne peut pas être accepté et ne peut plus être accepté». «Ça ne colle pas avec la vision du chef de l’État gabonais qui a promis aux Gabonais de les mener à la dignité que nous avons perdue pendant plus d’une dizaine d’années», a-t-il dit.

«On ne veut pas payer la CNSS, on ne veut pas payer de bons salaires, on file tout ça au prestataire»

Le constat met en lumière les dangers auxquels les travailleurs sont exposés quotidiennement tout en étant moins protégés et rémunérés de manière dégradante. Ainsi, il est donc impératif que les grandes entreprises pétrolières revoient leur approche et assurent un meilleur traitement aux travailleurs. Sosthène Nguema Nguema invite en cela ces sociétés pétrolières à faire un effort dans le traitement réservé aux compatriotes. Ce qui lui fait dire qu’«on ne peut pas se dédouaner parce qu’on est une grosse société et dire : ‘’ce n’est pas moi, c’est le prestataire qui viole la loi ou qui maltraite ses employés’’». «Ce n’est pas une excuse», a averti le chef de département en charge des Hydrocarbures.

«On ne veut pas payer la CNSS -Caisse nationale de sécurité sociale-, on ne veut pas payer de bons salaires, on file tout ça au prestataire qui ne paye pas cette CNSS et donne des salaires misérables aux Gabonais et l’opérateur se cache derrière le prestataire», a-t-il dénoncé, indiquant que «désormais, s’il y a des sanctions à infliger, aussi bien le prestataire que la société qui a donné les contrats au prestataire seront traités au même titre, de façon nette et claire en termes de sanctions». 

Combattre la précarisation du travail dans le secteur, entretenue par d’autres Gabonais 

Les autorités du pays souhaitent donner une vision claire au secteur pétrolier et cette vision s’accompagne avec un meilleur traitement des agents du secteur pétrolier. En conséquence, une politique claire va être mise en œuvre, stipulant que toute infraction ou manquement sera sanctionné à la fois pour le prestataire et pour la société principale ayant confié le contrat. 

Cette approche vise à combattre la précarisation du travail dans le secteur, entretenue par d’autres Gabonais au détriment de leurs compatriotes, et à garantir une meilleure reconnaissance et protection des agents du secteur pétrolier gabonais. Et cela est un pas indispensable pour redonner la dignité à ceux qui œuvrent au développement du pays.

 
GR
 

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