Au cœur d’un litige foncier vieux de deux décennies, Charlotte Boutoundou Anguilet, descendante d’une lignée propriétaire d’un terrain ancestral de plus de 2 000 m² situé à l’avenue de Cointet, dénonce une tentative de vente illicite orchestrée par Faustin Légault. Ce dernier, selon elle, s’appuie sur des décisions judiciaires jugées irrégulières, rendues avec le soutien de réseaux invisibles dans l’appareil judiciaire. Face à une menace directe sur l’intégrité du patrimoine familial, la plaignante appelle à une intervention urgente des autorités judiciaires et politiques pour rétablir le droit, reconnaître les véritables héritiers, et préserver ce bien identitaire.

Les « héritiers », descendants de Feue Anguilet Charlotte veuve Ndiaye, le 29 juillet 2025. © GabonReview

 

Charlotte Boutoundou Anguilet, lors d’un point-presse tenu le 29 juillet 2025, affirme être victime, avec sa famille, d’une opération de dépossession foncière déguisée sous couvert de décisions judiciaires. Le terrain concerné, transmis depuis plusieurs générations et appartenant à leur aïeule, Feue Anguilet Charlotte veuve Ndiaye, serait l’objet d’une vente dissimulée initiée par Faustin Légault. Celui-ci, « sans aucun droit de propriété ni lien de sang avec la famille », aurait bénéficié d’un appui tacite de figures judiciaires pour obtenir des jugements à son avantage.

La preuve de cette intention de vente est apparue clairement le samedi 26 juillet, lorsque sur les réseaux sociaux une annonce mentionne : « Terrain avec maison à vendre 2715 m² avec titre foncier à 900 millions de francs CFA, en bordure de goudron à l’Avenue de Cointé ». Pour la famille, il s’agit là d’une confirmation de la volonté manifeste de céder un bien foncier qui ne lui appartient pas.

« M. Légault n’est pas héritier, il a été destitué en 2008. Il revient aujourd’hui, fort de décisions judiciaires douteuses, pour expulser les légitimes propriétaires et mettre en vente notre terre », s’indigne Charlotte Boutoundou Anguilet.

Une chaîne de décisions judiciaires contestées

© GabonReview

À l’origine du litige, l’usurpation du titre foncier par Delphine Essongue, gestionnaire provisoire de la succession, elle-même uniquement liée à la famille par affinité. C’est dans ce contexte que Légault, introduit dans la famille de façon élargie, aurait abusivement revendiqué le rôle d’héritier et de mandataire. En 2008, il a pourtant été officiellement destitué au profit de Marie-Thérèse Ampoumé, héritière consanguine.

Malgré cela, Légault a poursuivi des procédures judiciaires qui ont abouti à l’expulsion brutale des ayants droit le 5 juillet 2024, avec l’appui d’un peloton de gendarmerie anti-émeute, de ses huissiers et d’un substitut du procureur. « Cette décision d’expulsion a été exécutée 16 jours avant l’échéance fixée. Une violation manifeste du droit, appuyée par des complicités que nous n’arrivons pas à identifier », déplore la représentante de la famille, Charlotte Anguilet veuve Ndiaye.

Autre élément troublant : la disparition pendant huit mois du dossier déposé à la Cour de cassation, rendant impossible toute révision des jugements rendus. Charlotte Boutoundou Anguilet affirme avoir découvert cette irrégularité lors d’un entretien avec la Première Présidente de la Cour. « Notre requête a disparu pendant huit mois. C’est une situation très grave. Est-ce qu’il faut parler de corruption ? D’injustice ? Je laisse chacun en juger », souligne-t-elle.

Procédures sans issue et appel à la justice

L’annonce de la vente « illicite » du terrain publiée sur les réseaux sociaux. © D.R.

En parallèle, plusieurs actions judiciaires ont été engagées par la famille pour dénoncer la situation : citation directe pour destruction de biens, procédures en référé pour réintégration dans les lieux, et signalement des agissements de Faustin Légault auprès du parquet de la République.

« Nous avons été reçus au parquet le 21 juillet, après une enquête minutieuse des officiers de police judiciaire. Mais on nous répond désormais que la décision dépendra de la Cour d’appel », explique Mme Boutoundou, regrettant le manque de célérité et d’indépendance de la procédure.

Elle insiste : « Pourtant, dans ce cas précis, il y a une situation de flagrance. Il y a eu destruction de biens, occupation illégale, et usurpation manifeste. »

Un terrain identitaire menacé, une réponse de l’État attendue

Charlotte Boutoundou Anguilet appelle les plus hautes autorités à se saisir du dossier. « M. Légault n’est pas l’État. Il ne peut pas venir déguerpir des citoyens de leur village ancestral. Ce terrain est notre identité, notre village, notre histoire. »

La famille réclame : l’annulation des décisions rendues en faveur de M. Légault, jugées arbitraires ; la reconnaissance des héritiers légitimes, représentés par les descendants de Mme Ampoumé ; le retour des expulsés dans leurs lieux d’origine, après plus d’un an d’errance et la sauvegarde d’un patrimoine familial vieux de deux siècles. « Nous ne pouvons plus dormir dans la rue. Trop, c’est trop. Nous demandons justice et protection de nos droits », conclut Charlotte Boutoundou Anguilet.

Dans un pays où les questions foncières sont sensibles et récurrentes, cette affaire met à l’épreuve la capacité des institutions à défendre les droits légitimes contre les abus d’influence, les décisions douteuses et les manipulations judiciaires.

 

 
GR
 

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