Taxi Gab+ : Des incompréhensions, des dettes, des retards de paiement, des sanctions et des questions en suspens

Lancé sous la houlette du président de la République, le projet Taxi Gab+ semble battre de l’aile. C’est du moins ce qui est à déduire de la communication adressée, le 7 mai, par la direction générale, aux conducteurs des véhicules. Ils sont invités à mettre à jour leurs situations financières. À défaut, des sanctions sont annoncées parmi lesquelles le retrait des voitures. Pendant ce temps, les populations estiment que «c’est peut-être le moment de repenser, ensemble, un modèle plus réaliste», quand d’autres rappellent que «les règles du jeu sont définies avant la compétition» et que «les chauffeurs sont réputés avoir lu et accepté le contrat». «Le contrat étant la loi des parties, qu’ils s’en tiennent», indiquent-elles, non sans demander de dévoiler les contrats.

Pour les observateurs, «les chauffeurs sont réputés avoir lu et accepté le contrat». © D.R.
Initiative lancée en grande pompe par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et son président, Brice Clotaire Oligui Nguema, le projet Taxi Gab+ visait à moderniser le secteur du transport en commun au Gabon et à former des chauffeurs-entrepreneurs. Près de 1000 véhicules ont ainsi été remis aux Gabonais ayant souscrit et sélectionnés pour ce projet. Sauf que depuis son lancement, ce sont des fortunes diverses qui sont enregistrées à tel enseigne que la direction générale a tiré la sonnette d’alarme. Elle pourrait retirer les véhicules aux conducteurs ne remplissant pas les conditions contractuelles.
Des «méthodes cavalières» ?
Depuis quelque temps, le projet Taxi Gab+ essuie les critiques de la population. Plus elle est au courant des clauses contractuelles liant les chauffeurs à l’entreprise promotrice de ce projet, plus elle dénonce des «méthodes cavalières». En effet, le directeur général de Taxi Gab+, Curt Myricks Fouty Obeye, a informé l’ensemble des transporteurs qu’«à compter de ce mercredi 7 mai, toutes situations de dette ou de retard de paiement doivent être régularisées sans délai».
«À partir de demain matin, jeudi 8 mai 2025, une opération d’immobilisation systématique sera menée sur l’ensemble des véhicules dont les conducteurs ou propriétaires ne sont pas à jour dans leurs obligations financières», a-t-il fait savoir, précisant que «les véhicules immobilisés resteront bloqués jusqu’au paiement intégrale des sommes dus».
Le responsable de Taxi Gab+ ajoute également que «tout transporteur dont le véhicule restera immobilisé plus de trois (3) jours consécutifs sans régularisation verra son contrat de collaboration résilié de plein droit sans possibilité de recours».
Des témoignages indiquent qu’en cas d’accident entraînant l’immobilisation du véhicule pour réparations, le conducteur continue de verser sa cotisation journalière. Victime d’une maladie, hospitalisé ou empêché de quelque manière que ce soit, il doit impérative continuer de s’acquitter de ce versement. Dans le même temps, certains conducteurs dénoncent le fait que les changements des pneus et l’entretien du véhicule, initialement annoncés comme étant gratuits, sont finalement à leurs charges.
Repenser un modèle plus réaliste
Sur les réseaux sociaux, le communiqué de la direction générale de Taxi Gab+ est devenu viral. Et les commentaires vont bon train. «Quand ce projet est arrivé, beaucoup y ont vu une chance, une réponse concrète au chômage, un moyen de donner de la dignité et de l’autonomie aux jeunes Gabonais», a relevé un internaute. Il avise et déclare : «mais aujourd’hui, certains témoignages nous interpellent : 22 000 FCFA à reverser par journée, même quand la recette ne suit pas. Aucune vraie marge de repos ou de respiration, et maintenant, des blocages de véhicules pour dettes accumulées».
S’il ne remet pas en cause l’idée, estimant qu’«elle est noble», il fait savoir qu’«on a le droit de se demander si la mise en œuvre actuelle ne mériterait pas une révision plus humaine et plus sociale, surtout dans un contexte économique difficile». Cet observateur appelle à aider les jeunes et à ne pas leur «imposer un rythme qui les essouffle». «C’est peut-être le moment de repenser, ensemble, un modèle plus réaliste», a suggéré cet internaute.
Un autre quidam soulève, lui, la question de l’opacité autour du contrat qui lie les chauffeurs à l’entreprise. Pour lui, c’est le principal problème. «Il faut se faire une idée claire de ce que dit ce document», a-t-il dit, alors qu’un autre invoque «la tricherie des compatriotes» qui ne veulent pas «fournir d’effort». «Les règles du jeu sont définies avant la compétition. Les chauffeurs sont réputés avoir lu et accepté le contrat. Le contrat étant la loi des parties, qu’ils s’en tiennent», a-t-il indiqué.

1 Commentaire
C’est sont les emplois dignes, le chômage est déjà seulement à 10% d’après vos menteurs