Alors que la direction de Taxi Gab+ pointe du doigt « 30 % de mauvaises graines », des témoignages d’anciens chauffeurs, devenus viraux, révèlent une tout autre réalité au tour de ce projet présidentiel : contrats signés à la hâte, promesses non tenues, conditions de travail précaires, et gestion autoritaire. Ce qui devait sortir les Gabonais de la précarité semble plutôt les y enfoncer davantage.

Derrière l’image léchée du projet présidentiel Taxi Gab+, censé favoriser l’emploi et l’autonomisation des Gabonais, se cacherait un climat d’abus et de désillusion. © Taxi Gab+

 

Derrière l’image léchée du projet présidentiel Taxi Gab+, censé favoriser l’emploi et l’autonomisation des Gabonais, se cacherait un climat d’abus et de désillusion. Dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, un ancien chauffeur lève le voile sur le fonctionnement interne de ce programme : « Taxi Gab+ à la base n’a jamais respecté le contrat qu’ils nous ont fait signer. » Il affirme que les documents contractuels ont été signés « dans la nuit, à la veille de la cérémonie de remise des véhicules », entre 21h et 23h, sans que les bénéficiaires n’aient le temps de les lire ni de comprendre leurs obligations.

À cela s’ajouterait la non-fourniture des équipements promis. « Dans le contrat, il est stipulé que le fournisseur doit remettre la voiture au bénéficiaire avec les kits d’accessoires : cales métalliques, trousse médicale, etc. Mais Taxi Gab+ n’a jamais rien fourni de tel », dénonce-t-il. Au contraire, les chauffeurs sont contraints de payer 55 000 francs pour une trousse de secours. Une somme qui interroge sur sa destination réelle : « Imaginez, dans les poches de qui ça va, je ne sais pas. »

Conditions de travail inhumaines

Le quotidien des chauffeurs de Taxi Gab+ ressemblerait davantage à un parcours du combattant qu’à une intégration professionnelle stable. « Le TG ne doit pas avoir de retard de paiement. Deux jours d’impayés, et on vous arrache le véhicule », affirme le témoin, soulignant la pression constante exercée sur les conducteurs, souvent issus de situations sociales fragiles.

Les clauses du contrat prévoient pourtant des contreparties : changement des pneus tous les six mois, maintenance régulière… « Nous sommes au huitième mois, les pneus n’ont jamais été changés. La direction a décidé unilatéralement de reporter cela à un an. » Une décision prise sans concertation, et qui met en danger la sécurité des chauffeurs et des passagers.

Silence imposé et sanctions abusives

Malgré les alertes, les doléances des chauffeurs semblent ignorées. « À Taxigab, la pression est toujours sur le dos des TG. Mais de leur côté, ils ne respectent rien du contrat. » Les décisions seraient prises de manière unilatérale, les punitions tomberaient rapidement, et le dialogue social serait inexistant.

Pire, les tentatives de prise de parole sraient souvent tournées en dérision ou ignorées. Pendant que la direction stigmatiserait certains chauffeurs comme étant « des malades qui n’informent pas, des fainéants ou des drogués », ceux-ci dénoncent une forme de mépris institutionnalisé et un traitement indigne de leur engagement. Le témoignage évoque une humiliation silencieuse vécue au quotidien : « On nous traite comme des moins que rien, alors qu’on se bat chaque jour pour respecter ce qu’on n’a même pas eu le temps de lire. »

La critique la plus lourde repose sur la dénaturation même du projet. Conçu pour sortir les Gabonais du chômage, il s’est transformé, selon plusieurs chauffeurs, en un mécanisme d’endettement déguisé et de précarisation. « Nous étions heureux bénéficiaires de l’arrivée de Taxigab. Mais très vite, cette joie est devenue une souffrance organisée. »

Les conditions imposées : horaires infernaux, absence de couverture sociale, impossibilité de tomber malade ou de faire une pause, transforment le projet en piège pour les plus vulnérables. «Il faudrait que les plus hautes autorités de la place puissent vraiment jeter un oeil au sein de ce qui se fait à Taxi Gab+. Il y a les TG qui sont retournés au chômage, il y a les TG, parce qu’ils ont voulu dénoncer, la direction a eu affaire d’eux des cibles qu’on persécute aujourd’hui», conclut l’ancien chauffeur du Taxi Gab+.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Nathan DZIME NGOGO dit :

    @ La Rédaction:

    Entre gabonais, on se connaît. Dès que le travail se corse un peu, on n’aime pas! Et c’est : »Oooh le patron est mauvais, c’est un tyran, on ne peut pas faire ce que nous voulons et bla bla! ».

    Si on on donne ces taxis Gab+ à des camerounais ou autres maliens et béninois, ils sauraient quoi en faire. Et d’ailleurs, on dirait bien que les « Bahmoun » avaient anticipé ces pleurs de gamins gâtés, lorsqu’ils ont mis en place à leur tour, leur projet communautaire de taxis à eux. Je le dis sans stigmatiser une communauté.
    Finalement, ils connaissent bien nos limites à nous les gabonais. C’est même presque dangereux!
    Je persisterai en suggérant aux Responsables de TG, de remplacer les paresseux. Il est venu, le temps où le gabonais ne doit plus être ce gueulard, le paresseux et surtout soulard du coin! Trop c’est trop!

    Patriotiquement Vôtre!

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