Transformation locale du manganèse : Eramet s’aligne et nomme un responsable du traitement minier au Gabon

Eramet a annoncé ce mardi 12 août la nomination de Clément Jakymiw au poste de directeur de la transformation de la chaîne de valeur au Gabon. Une décision qui marque un tournant stratégique dans les opérations locales du groupe minier français. Son initiative intervient alors que le gouvernement gabonais a décrété l’interdiction de l’exportation de manganèse brut à partir du 1er janvier 2029, dans le but de favoriser la transformation locale de cette ressource clé.

A trois ans de l’interdiction de l’exportation de manganèse brut, Eramet nomme un directeur de la transformation de la chaîne de valeur au Gabon. © D.R.
Le Gabon, deuxième producteur mondial de manganèse avec 7,4 millions de tonnes extraites en 2023, entend désormais valoriser ses ressources sur son propre territoire. Cette politique vise à créer des emplois qualifiés, renforcer les compétences locales et accroître les recettes fiscales. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema a qualifié cette orientation de «virage stratégique majeur» et d’«acte de souveraineté économique». Face à cette nouvelle donne, Eramet a réaffirmé son engagement à accompagner le Gabon dans sa transition industrielle. Ce mardi 12 août 2025, le groupe minier français a annoncé la nomination de Clément Jakymiw au poste de directeur de la transformation de la chaîne de valeur au Gabon. Celui qui occupait précédemment les fonctions de Deputy COO en charge du minerai de manganèse sera sous la responsabilité directe de Paulo Castellari, directeur général du groupe.
«Cette démarche répond à l’ambition du pays en matière d’industrialisation et de transformation locale, et s’inscrit dans le cadre du partenariat historique qui unit Eramet au Gabon depuis près de trente ans», a déclaré le patron d’Eramet dans un communiqué officiel. Lors d’une rencontre avec le président gabonais en juillet, Castellari a acté plusieurs engagements majeurs : la transformation locale de deux millions de tonnes de manganèse par an, la création de 16 000 emplois directs et indirects, la gabonisation progressive des postes de direction au sein des filiales Comilog et Setrag, ainsi que le rapatriement des flux financiers issus de l’exploitation minière.
Un défi de taille
Comilog, filiale d’Eramet et principal exploitant du manganèse gabonais, dispose déjà d’un complexe métallurgique à Moanda, spécialisé dans la production de silico-manganèse et d’oxyde de manganèse de haute pureté. Ces produits sont essentiels à l’industrie sidérurgique et à la fabrication de batteries. Aussi, le défi est-il de taille pour le groupe, qui devra adapter ses infrastructures et ses stratégies d’investissement dans un délai de trois ans. Mais il semble prêt à relever ce pari industriel. «Monsieur Castellari a réaffirmé l’engagement d’Eramet à soutenir activement cette ambition, dans le respect des priorités fixées par les plus hautes autorités gabonaises», avait d’ailleurs souligné la présidence gabonaise à l’issue de la rencontre.
Avec cette nouvelle orientation, le Gabon envoie un signal fort : l’ère de la simple exportation brute touche à sa fin. Le pays mise désormais sur une industrialisation maîtrisée, capable de transformer ses richesses en levier de développement durable et inclusif.

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