[Tribune] Entre héritage et responsabilité : Libreville a droit à un maire élu

Publiée ce lundi 18 août sur GabonReview, la tribune de Flavienne Adiahenot, députée de la Transition, n’a pas du tout plu à Me Anges Kevin Nzigou, qui a récemment rendu publique sa candidature à l’Hôtel de Ville de Libreville. Le secrétaire exécutif du Front démocratique socialiste (FDS), qui publie à son tour, dénonce la position de la parlementaire qui défend l’«accord silencieux» selon lequel la gestion de la capitale du Gabon doit être confiée à tour de rôle aux autochtones (Fang et Mpongwe). Il insiste : «Libreville n’est pas un héritage réservé à quelques-uns».

«Libreville n’est pas un héritage réservé à quelques-uns : elle est la maison commune de tous les Gabonais». © D.R.

Me Anges Kevin Nzigou, candidat déclaré à la mairie de Libreville. © D.R.
À l’heure où le Président de la République appelle à faire primer la compétence sur l’origine ethnique, il est surprenant et préoccupant d’entendre une élue de la Transition défendre une vision communautariste de la capitale. Libreville n’est pas un héritage réservé à quelques-uns : elle est la maison commune de tous les Gabonais.
La lecture de la tribune de Mme la députée Flavienne Adiahenot, publiée ce 18 août 2025, m’a laissé à la fois perplexe et inquiet. Perplexe, car derrière l’habillage de la rhétorique, on y retrouve une vision figée et dangereusement réductrice de notre capitale. Inquiet, parce qu’un tel discours, tenu dans le cadre d’une Transition qui se veut républicaine, ravive des fractures que le Gabon a toujours eu la sagesse de contenir.
Libreville n’est pas un champ clos où se toléreraient « diverses communautés » vivant côte à côte comme des étrangers se partageant une maison. Libreville est une capitale nationale, le cœur battant d’un pays uni, où l’on ne saurait distinguer des citoyens de première et de seconde zone. Ici, comme à Makokou, à Tchibanga ou à Oyem, il n’y a pas de « cohabitation » de peuples, il y a un seul peuple : le peuple gabonais.
Prétendre qu’il existerait un « pacte tacite » réservant la gestion de la mairie de Libreville à telle ou telle communauté autochtone, c’est non seulement méconnaître l’essence même de la République, mais aussi travestir l’histoire. Notre capitale, façonnée par des brassages multiples, n’appartient pas à une fraction ethnique : elle appartient à la Nation tout entière. La réduire à une maison clanique, dont seuls certains détiendraient la clé, revient à insulter la mémoire de tous ceux – de toutes origines – qui y ont contribué par leur sueur, leur génie et leur vie.
À l’heure où les peuples d’Afrique cherchent à dépasser les enfermements identitaires qui ont parfois nourri tant de drames, quelle étrange idée de vouloir ériger à Libreville une règle fondée sur l’appartenance ethnique ! Quelle ironie d’invoquer la paix sociale pour mieux légitimer une discrimination ! Faut-il rappeler que la paix véritable n’est jamais née de l’exclusion, mais de la justice et de l’égalité entre tous ?
C’est pourquoi les paroles du Président de la République, dans son discours de la fête nationale, résonnent comme une lumière au milieu de ce brouillard. En affirmant que « l’heure est venue de faire primer la compétence sur l’origine ethnique », le Chef de l’État a rappelé ce qui distingue une Nation moderne d’un agrégat de tribus : la force des institutions, la valeur des individus, le mérite comme critère unique d’élévation.
Libreville n’a pas besoin d’un maire choisi en fonction de ses origines. Elle a besoin d’un maire capable, intègre, visionnaire, qui comprenne la complexité d’une grande métropole et qui œuvre pour tous, sans distinction. C’est cette exigence de compétence et de probité qui protégera la capitale des fractures, et non un prétendu « accord silencieux » qui divise les Gabonais en catégories.
Il faut également rappeler que Libreville a aujourd’hui besoin d’un Maire démocratiquement élu par les citoyens. Lorsqu’on se réclame de figures telles que Pierre Claver Nzeng Ebome, André Mba Obame, Marie-Agnès Koumba ou Casimir Oyé Mba, il ne s’agit pas seulement de nourrir des ambitions personnelles, mais de porter un héritage fait d’exigence démocratique, d’éthique et de responsabilité morale. Être membre de l’Union Nationale, formation politique qui a compté en son sein ces illustres personnalités et dont la devise est « Le Gabon pour Tous », implique des obligations politiques, éthiques et morales qui engagent aussi bien en paroles qu’en actes.
Nous devons avoir le courage de dire la vérité : ce discours de la députée, loin de protéger Libreville, la fragilise. Car il instille dans les esprits le poison du soupçon communautaire. La grandeur, au contraire, est dans l’ouverture, dans le dépassement, dans l’unité. Et c’est cette grandeur qu’a rappelée le Président de la République, en plaçant la compétence au-dessus des appartenances.
Libreville est et restera la maison commune de tous les Gabonais. Non pas la maison de certains où d’autres ne seraient que tolérés, mais la maison de tous, bâtie par tous, partagée par tous. À ceux qui veulent l’enfermer dans des pactes claniques, répondons par la République. À ceux qui brandissent l’origine comme un passeport, opposons le mérite comme seul critère.
C’est cela, la véritable paix. C’est cela, la véritable justice. C’est cela, la véritable dignité.
Me Anges Kevin NZIGOU, Avocat – Candidat déclaré à la mairie de Libreville

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