Au moment où le Gabon s’interroge sur son avenir institutionnel, une idée longtemps reléguée au rang de chimère refait surface : déplacer la capitale pour rééquilibrer le pays. Alors que Libreville étouffe sous une urbanisation incontrôlée, l’hypothèse d’un nouveau centre de gravité national, au cœur du territoire, gagne en force. Dans cette tribune, l’analyste et citoyen engagé Georges Adiahenot invite à regarder vers Lambaréné ou Booué, esquissant le scénario audacieux d’un Gabon prêt à se réinventer.

Imaginez l’attrait d’une capitale moderne, planifiée à Lambaréné ou à Booué, rayonnant sur toutes les provinces. © GabonReview

 

Citoyen gabonais engagé, Georges Adiahenot milite pour la restauration des droits fonciers et coutumiers des autochtones. Depuis son retour au pays en 2012, il dénonce les dérives systémiques comme la corruption, la gabegie et le népotisme. © D.R.

Pendant des décennies, son nom a résonné comme le cœur battant du Gabon indépendant. Aujourd’hui, Libreville, la ville de la liberté, se débat avec une croissance urbaine tentaculaire et chaotique. Et si la Cinquième République nous offrait l’audace historique de redessiner la carte du pays et de propulser le Gabon vers un avenir plus équilibré ?

La question mérite d’être posée avec force : un transfert de capitale n’est-il pas la clé d’un nouvel élan national ?

L’histoire regorge d’exemples de nations transformées par des décisions visionnaires. Le Brésil a osé Brasilia pour conquérir son intérieur. L’Égypte bâtit une nouvelle capitale pour décongestionner Le Caire. L’Afrique du Sud, avec son modèle à trois capitales, prouve qu’une dispersion stratégique du pouvoir est synonyme de meilleure gouvernance et d’harmonie régionale.

Aujourd’hui, le Gabon est à un carrefour. L’annonce du projet « Libreville 2 » et son investissement colossal de 1,4 milliard de dollars suscitent l’espoir, mais répondent-ils vraiment au besoin profond d’un développement qui irrigue l’ensemble du territoire ? Ne risquons-nous pas de voir les mêmes déséquilibres perdurer, concentrant toujours les pouvoirs et les richesses dans la seule province de l’Estuaire ?

L’histoire récente est sans appel : même avec des présidents et des ministres originaires des provinces de l’intérieur, ces régions n’ont jamais connu l’essor tant espéré. « Libreville 2 », aussi ambitieux soit-il, risque de ne pas offrir la rupture symbolique et l’appel d’air économique dont nos régions ont désespérément besoin.

 Lambaréné et Booué : le cœur du Gabon bat pour un nouvel horizon

Tournons notre regard vers l’intérieur du pays, là où deux villes se distinguent par leur potentiel à incarner ce renouveau.

Lambaréné dans le Moyen-Ogooué : L’Âme Historique au centre du jeu. Plus qu’une ville, Lambaréné est un symbole. Internationale, chargée de l’esprit humaniste d’Albert Schweitzer et du souvenir de figures politiques comme Georges Rawiri et Rose Francine Rogombe, sa position centrale en fait un point de convergence naturel. C’est l’endroit idéal pour une capitale qui unirait le Gabon.

Booué dans l’Ogooué-Ivindo : La Promesse d’un intérieur dynamique. Carrefour stratégique au cœur d’une région riche en ressources naturelles, Booué vibre d’un potentiel économique largement inexploité. Y ériger la nouvelle capitale serait un signal fort de notre volonté de créer des emplois et de moderniser les infrastructures dans une zone clé pour l’avenir du pays.

 Un pari audacieux, une réussite à portée de main

Le Gabon, avec ses richesses naturelles et son économie en croissance, a les cartes en main pour financer cette ambition. Si l’investissement initial est substantiel, il doit être perçu comme une stratégie à long terme. Une gestion rigoureuse des revenus, combinée à des partenariats public-privé intelligents, peut rendre ce projet non seulement réalisable, mais aussi rentable pour le développement national.

Imaginez l’attrait d’une capitale moderne, planifiée et érigée au cœur du pays, attirant des investissements et rayonnant sur toutes les provinces. Le choix de Lambaréné ou de Booué serait un message puissant : le Gabon choisit l’unité, l’équilibre et un avenir où chaque région a sa place et son importance.

L’heure est historique. La Cinquième République offre un terreau fertile pour des réformes audacieuses. Déplacer la capitale n’est pas un simple projet de construction ; c’est un acte fondateur, une chance unique de bâtir un Gabon nouveau, plus juste et plus uni.

En s’inspirant des succès d’autres nations et en misant sur son propre potentiel, le Gabon peut faire de ce rêve une réalité. Choisir Lambaréné ou Booué, c’est choisir l’avenir, c’est choisir un Gabon qui ose se réinventer pour le bien de tous ses enfants. C’est un pari audacieux, certes, mais un pari sur la réussite d’une nation digne qui a tout pour gagner.

Georges ADIAHENOT, Citoyen engagé

 
GR
 

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