Trois signaux d’alerte du FDS face aux dérives de la République

À travers un communiqué sans concession publié le 9 juillet 2025, le Front Démocratique Socialiste (FDS) d’Anges Kevin Nzigou tire la sonnette d’alarme sur plusieurs dérives institutionnelles préoccupantes. Manipulations médiatiques, décret électoral jugé illégal, infiltration politique du corps judiciaire : le jeune parti de gauche met en garde contre une érosion silencieuse de l’État de droit à l’approche des élections.

Le bureau exécutif du Front Démocratique Socialiste (FDS), lors d’une réunion. © D.R.
Dans un communiqué tranchant publié le 9 juillet 2025, à l’issue d’une session ordinaire de son bureau exécutif, le Front Démocratique Socialiste (FDS), dirigé par l’avocat Anges Kevin Nzigou, s’insurge contre ce qu’il considère comme de graves dérives institutionnelles. À travers un triptyque d’alertes – désinformation virale, illégalité électorale et compromission du pouvoir judiciaire -, le parti de gauche se positionne en sentinelle républicaine face aux glissements du pouvoir de transition. À quelques mois d’élections locales et législatives cruciales, le ton se veut grave, la plume acérée, et les rappels à la loi implacables.
Vidéos subversives, décret électoral illégal, et confusion des pouvoirs : une démocratie sous tension

Aperçu du bureau exécutif du FDS. © D.R.
Première alerte : la diffusion massive sur les réseaux sociaux de vidéos présentées comme des enregistrements clandestins d’autorités gabonaises. Le FDS n’y voit pas un simple dérapage médiatique, mais une «manœuvre de déstabilisation grave et préméditée» visant à «jeter le discrédit sur les institutions républicaines». Ces contenus, prétendument produits ou instrumentalisés par l’ex-première dame Sylvia Bongo et son fils Noureddin, sont dénoncés comme relevant d’une «logique de manipulation de l’opinion» sans vérification de leur authenticité. Le parti en appelle à une riposte judiciaire et technique, exigeant le démantèlement des réseaux de diffusion et la protection des fondements républicains dans ce contexte inflammable.
Deuxième front : la dénonciation d’un décret du ministère de l’Intérieur fixant unilatéralement les modalités de dépôt des candidatures pour les scrutins à venir. Le FDS y voit une double violation. D’une part, le texte intervient avant la révision des listes électorales, ce qui viole le principe constitutionnel selon lequel nul ne peut être candidat s’il n’est électeur. D’autre part, il «précipite le calendrier électoral sans cadre juridique clair», créant un climat d’insécurité normative. Jugeant ce décret «illégal, inapplicable et porteur de confusion juridique», le parti a mandaté son secrétaire exécutif pour introduire un recours gracieux auprès du ministère, au nom d’un processus électoral équitable et légitime.
Des magistrats dans un parti politique : une dérive dangereuse pour l’État de droit
Mais c’est le troisième point, plus explosif encore, qui donne au communiqué sa charge la plus corrosive : la participation active de magistrats en fonction à l’Assemblée générale constitutive de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UdB), le nouveau parti présidentiel lancé par Brice Clotaire Oligui Nguema le 5 juillet dernier. Selon le FDS, plusieurs magistrats ont non seulement assisté à cette rencontre politique, mais ont été nommés à des responsabilités au sein du parti – une situation que le communiqué qualifie de «violation frontale» du droit gabonais.
Appuyé par les articles 8 et 17 de la loi n°09/94 du 21 septembre 1994 portant statut des magistrats, le FDS rappelle que toute participation politique est strictement interdite aux juges en activité. «À la date de la réunion, aucun Conseil Supérieur de la Magistrature n’a délibéré sur une quelconque mise en disponibilité», précise le communiqué, rendant ces engagements politiques d’autant plus illégaux. Le parti en appelle à une régularisation immédiate : exclusion des magistrats concernés, respect de la neutralité judiciaire, et rappel formel des textes en vigueur au Secrétariat général de l’UdB.
En clôture, le FDS annonce la tenue de son congrès national le 27 juillet prochain. Cette rencontre visera à investir ses candidats pour les élections législatives, municipales et départementales, tout en réaménageant sa direction politique. Fidèle à sa ligne de gauche démocratique, le parti réaffirme son attachement «inconditionnel à l’État de droit, à la transparence électorale, à l’indépendance de la justice et à la responsabilité des acteurs politiques».
Plus qu’une posture d’opposition, c’est un appel à la rigueur républicaine que lance le FDS, comme pour signifier que, dans une démocratie digne de ce nom, même la post-transition n’est pas au-dessus des lois.

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