Dans un discours sans concession, prononcé le 28 juin 2025, Gérard Ella Nguéma Mitoghe interpelle l’opinion publique sur les paradoxes du discours nationaliste. Alors que l’élite politique et économique se réclame d’un «Gabon aux Gabonais», la réalité, selon lui, est toute autre : investissements étrangers omniprésents, dette nationale asphyxiante, élites privilégiées mais absentes de l’effort national. Une posture qui questionne les responsabilités et révèle une société traversée par le confort, l’attentisme et la dépendance.

Gérard Ella Nguéma Mitoghe interroge frontalement les comportements d’une classe dirigeante qu’il juge complice du statu quo. © GabonReview (image virtuelle)

 

«Le Gabon appartient aux Gabonais, clament certains. Mais comment le Gabon appartiendra-t-il jamais aux Gabonais si ce sont toujours des étrangers qui investissent, financent et dictent les règles du jeu ?» Gérard Ella Nguéma Mitoghe ne mâche pas ses mots. Dans une adresse percutante à la nation, il dénonce une souveraineté économique de façade et pointe du doigt l’hypocrisie d’un nationalisme qui refuse l’engagement concret.

Le député de la Transition ne se contente pas de faire le constat d’un pays économiquement sous tutelle ; il interroge frontalement les comportements d’une classe dirigeante qu’il juge complice du statu quo. «Tous ces milliardaires, parfois au col blanc, parfois au col propre… Qu’est-ce que nous apportons à notre pays ?», questionne-t-il, mettant en cause une élite qui profite des fruits de l’État sans jamais participer à sa régénération.

À l’origine de ce cri du cœur : un double constat d’échec. D’un côté, une dette publique alarmante «Notre niveau d’endettement est autour de 76% du PIB. Si nous continuons ainsi, nous atteindrons 84% d’ici 2028» et de l’autre, un recours systématique à des financements extérieurs. «Quand il faut construire les routes ou les pavés, ce sont les Libanais qui apportent l’argent. Et la main qui donne, c’est elle qui commande», martèle-t-il, dénonçant une forme de colonisation économique par les capitaux étrangers.

Gérard Ella Nguema s’insurge contre un patriotisme de façade, trop souvent réduit à des slogans creux. «On ne peut pas dire qu’on veut reprendre le pays tout en continuant à céder les leviers de notre développement à l’extérieur.» Pour lui, il est temps de confronter les élites à leurs responsabilités : «Le pays a fait de moi député, m’a donné un certain confort… Mais moi, qu’ai-je fait pour lui ?»

Sans accuser directement l’État, Ella Nguéma Mitoghe ne cache pas son agacement face à la passivité des dirigeants : «Quand on parle de développement, tout le monde regarde le président. Mais un seul doigt ne lave pas la figure.» Il en appelle à un sursaut national où chaque citoyen, du ministre au villageois, contribue selon ses moyens.

Il invite même le président de la République à montrer l’exemple : «Il n’est pas président à vie. Il est d’abord citoyen. Il doit participer à l’effort de construction nationale.»

Un appel au réveil collectif

Sa proposition : un Fonds citoyen d’investissement pour le développement. Ce mécanisme, basé sur la contribution volontaire de citoyens vise à financer des projets nationaux. «Il ne suffit pas de dire que je suis Gabonais. Mais qu’est-ce que tu fais pour le Gabon ?» Le projet se veut inclusif, structuré et juridiquement encadré avec statuts clairs, et promesse d’un retour sur investissement pour chaque contributeur.

Le message est clair : le Gabon ne se développera pas sans un changement radical de mentalité. Rejeter l’attitude attentiste, refuser la dépendance, dénoncer les privilèges non mérités, voilà les conditions d’un renouveau patriotique. «Ce pays ne se construira pas avec des critiques ou des Congrès pour les postes. Il se construira avec de l’argent, de la volonté et de l’action

 
GR
 

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