Union démocratique des Bâtisseurs : Oligui Nguema lance son parti

Atermoyée depuis plusieurs semaines, la formalisation du parti politique du président gabonais est chose faite. Devant une foule compacte de militants, de sympathisants et de curieux rassemblés ce samedi 5 juillet au Palais des sports de Libreville, Brice Clotaire Oligui Nguema a officiellement lancé l’Union démocratique des Bâtisseurs (UDB), désormais nouveau parti au pouvoir.

Brice Clotaire Oligui Nguema lors du lancement officiel de l’UDB, le 5 juillet 2025, au palais des sports de Libreville. © D.R.
C’est fait. Le président gabonais, élu le 12 avril 2025 à l’issue d’un scrutin présidentiel historique, dispose à présent de sa propre formation politique. L’Union démocratique des Bâtisseurs (UDB), né de la transformation du Rassemblement des Bâtisseurs (RdB), cette plateforme qui a porté sa candidature, est appelée à devenir le véhicule de sa vision politique.
Un projet de refondation pour un Gabon nouveau

Quelques clichés de la cérémonie de lancement officiel de l’UDB. © D.R.
Dans une ambiance survoltée, baignée des couleurs du nouveau-né politique, le chef de l’État a exposé les fondements idéologiques de l’UDB. Cette formation, selon lui, devra œuvrer à la refondation du pays, en fédérant les Gabonais autour des valeurs d’éthique, de développement et de justice sociale.
« Notre parti, UDB, doit être le point de ralliement de toutes celles et de tous ceux qui croient fermement en la possibilité d’un Gabon résolument tourné vers l’avenir », a déclaré Oligui Nguema, avant de présenter les marqueurs identitaires du parti : devise « Inclusivité-Développement-Félicité », slogan « Ensemble, bâtissons le Gabon nouveau, digne d’envie », et dénomination de ses membres : les « Démocrates bâtisseurs ».
Le lancement de l’UDB a été perçu, parmi les partisans, comme un acte fondateur d’espoir. « L’atmosphère était chargée d’espoir et de détermination », témoigne un sympathisant. Bertrand Zibi Abeghe, ancien opposant au régime Bongo et désormais soutien affiché d’Oligui Nguema, n’a pas hésité à déclarer : « L’UDB sera le plus grand parti d’Afrique ».
Pour Oligui Nguema, l’objectif est clair : insuffler une nouvelle dynamique dans la gouvernance. L’UDB entend incarner l’unité, la responsabilité, le dialogue, le patriotisme et la solidarité. « Il s’agira pour nous de construire une démocratie faite d’élections libres, crédibles, cohérentes et transparentes dans lesquelles le peuple reste le souverain », a-t-il affirmé.
Un pari risqué, entre ambition politique et soupçons de recyclage
Malgré l’élan affiché, certaines voix s’élèvent. Observateurs et internautes évoquent une résurgence du Parti démocratique gabonais (PDG), d’abord proposé au bannissement provisoire puis laissé en survie, mais dont plusieurs figures réapparaissent dans les rangs de l’UDB. « Le parti semble être un refuge pour se donner une seconde jeunesse », commente un internaute au sujet des nombreux apparatchiks présents dans la nouvelle formation politique. Pour lui, il s’agit d’un « vivier d’opportunités pour les anciens caciques du régime précédent, désireux de préserver leurs privilèges ».
Face à ces critiques, le président-fondateur a tenu à se démarquer : « Je souhaite avoir un parti qui m’accompagne et non un outil politique qui va être un gouffre dans lequel je dois monnayer des majorités ou des consensus. »
Loin d’être un simple symbole, l’UDB s’inscrit dans une stratégie de structuration du pouvoir présidentiel, à l’approche des prochaines échéances électorales. Ce lancement intervient dans un contexte de sortie de Transition, deux ans après le coup d’État du 30 août 2023 et quelques mois après la présidentielle.
Il intervient aussi après un débat juridique autour de l’article 82 de la Constitution, concernant la possibilité pour un président élu en indépendant de créer un parti. Saisie, la Cour constitutionnelle a tranché : « Le président élu en qualité d’indépendant est fondé à créer un parti politique sans risque, pour lui, de perdre son mandat. »
L’UDB est donc désormais en ordre de marche. Mais une question demeure : ce parti incarnera-t-il une véritable rupture ou s’inscrira-t-il dans la continuité masquée de l’ancien ordre ? Seul le temps et les actes en décideront.

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