Auteur de nombreux articles de blog, Edouard Claude Oussou, un jeune homme qui se défini comme un «chef d’entreprise, penseur, innovateur et futuriste» nous a fait parvenir le texte ci-après. Il y examine l’interaction entre l’évolution actuelle de l’homme et celle fulgurante des nouvelles technologies de l’information et de la communication, au centre de quoi se trouve le portable GSM. Darwin n’est pas loin.

© tech-kid.com

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Edouard Claude Oussou, un geek à la gabonaise. © about.me

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L’évolution fulgurante des téléphones mobiles est tout à fait impressionnante. La possibilité que nous donne ces terminaux, d’accéder à cette gigantesque source d’informations qu’est Internet, a suscité bien des rêves, des ambitions et même des convictions. Parmi ces convictions se trouve très certainement la certitude que ces appareils nous rendraient davantage intelligents en nous permettant d’avoir plus facilement et rapidement accès à la connaissance. A partir de ce moment, il est facile d’imaginer une évolution technologique exponentielle, une espérance de vie accrue, de nouveaux moyens de transport toujours plus rapides, la colonisation de notre système solaire etc.

Aujourd’hui, malheureusement, force est de constater que ce n’est absolument pas le cas. Malgré de très remarquables progrès ayant fortement contribué au développement du monde en général, les hommes ne sont pas plus intelligents qu’ils ne l’étaient auparavant. Leurs facultés à connaitre, à comprendre et à résoudre leurs problèmes ne se sont pas bonifiées. D’ailleurs, ce n’est pas la recrudescence des fautes d’orthographe ou de grammaire dans nos emails, SMS, tweets etc. qui plaidera en notre faveur. Nous faisons tellement de fautes dans nos écrits que Molière doit certainement se ronger les os dans sa tombe.

En dépit de toutes ces évolutions techniques, nos habitudes vis-à-vis de la connaissance, de l’éducation et de l’apprentissage se sont très peu améliorées si ce n’est pas du tout. Combien parmi nous ont le réflexe de chercher l’orthographe ou la définition d’un mot, dont nous ne sommes pas très sûrs, lors de la rédaction d’un courrier ou d’un email? En général, nous préférons simplement remplacer le mot «ambiguë» par un autre même si pour cela nous devons reformuler entièrement nos propos.

Combien d’entres nous sont devenus plus intelligents malgré nos accès quasi illimités à la somme des savoirs humain?  Pourquoi ne savons-nous toujours pas tirer profit de cette gigantesque bibliothèque numérique qu’est Internet?

Bien des siècles avant le nôtre, l’Ecclésiaste disait ceci: «La sagesse crie dans les rues, Elle élève sa voix dans les places (…) Jusqu’ à quand, stupides, aimerez- vous la stupidité? (…) Et les insensés haïront-ils la science?»

Force est de constater qu’il avait entièrement raison. Alors que la connaissance est, on ne peut mieux, disponible et accessible, nous choisissons délibérément de l’ignorer et de nous contenter du bien maigre savoir qui est le nôtre. A cause de notre paresse et de notre désinvolture, nous sommes semblables à des hommes de Cro-Magnon vivant au milieu du 21e siècle.

Etant donné que la qualité de nos vies dépend énormément de notre savoir, comment pouvons-nous être aussi négligents et paresseux en ce qui concerne le fait d’apprendre et d’acquérir de nouvelles connaissances?

De nos jours, l’arrivée des assistants vocaux comme Siri, Google Now ou encore Cortana, facilite grandement l’accès aux informations. Ces interfaces ont pour but d’humaniser nos terminaux mobiles en nous permettant de discuter de vive voix avec eux comme nous le ferions avec un autre être humain. Plus besoin de saisir quoi que ce soit sur un clavier. Grâce aux commandes vocales, il est désormais possible de questionner oralement son mobile et celui – ci nous répond.

Notre incapacité à utiliser efficacement ces outils  laisse penser que nous fonctionnons comme des hommes des cavernes (Néandertaliens) au milieu des ressources de l’homo sapiens. Surtout, si l’on tient compte du fait que la différence majeure entre ces deux protagonistes de la théorie de l’évolution selon Darwin était le développement de l’intelligence qui permit l’utilisation des outils.

La pyramide de Maslow

pyramide_besoins_maslowLa pyramide de Maslow pourrait apporter quelques éléments de réponse à toutes les interrogations susmentionnées. En effet, ce dernier affirme que les hommes chercheraient à satisfaire leurs besoins primaires (faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, élimination) avant toutes autres choses. Ainsi, les humains seraient davantage préoccupés par leurs besoins physiologiques que par leurs besoins psychologiques et encore moins par leurs besoins spirituels.

Maslow va plus loin et prétend que la très grande majorité des terriens se trouvent dans ce cas de figure. Cela se comprend, par ailleurs, au regard du taux de pauvreté dans le monde. Comment des gens qui ont à peine de quoi subvenir à leurs besoins pourraient-ils être préoccupés par leur évolution intellectuelle?

Qu’elle est donc l’utilité d’avoir un smartphone et de se connecter à Internet quand on a de grosses difficultés à subvenir à ses besoins les plus basiques?

Changer de paradigme

Une réflexion profonde et soutenue nous permettra de comprendre que les origines de ce problème sont en réalité notre mentalité et notre paradigme. Le Rev. Michel Ambouroue, dans l’un de ses sermons, fit la déclaration suivante: «Je suis un esprit, possédant une âme et vivant dans un corps…». Ces propos mettent clairement en évidence le problème fondamental issu du paradigme qui est le nôtre.

Edouard_smartphoneEn effet, la plupart d’entre nous pense, de manière consciente ou inconsciente, que notre être se résume à notre corps et à notre âme. Ainsi, nous prenons soin de ces deux éléments et travaillons à subvenir à chacun de leurs besoins. Ce paradigme erroné est la cause même de la situation déplorable dans laquelle nous sommes. Il est certain que nous avons un corps et une âme, mais plus encore, nous sommes des esprits et comme le corps se nourrit d’aliments, l’âme d’émotions, l’esprit, lui, se nourrit de connaissances.

A ce propos, un écrivain contemporain du nom de Melki Rish a écrit : «La nourriture de l`esprit ne se trouve pas dans une boîte de conserve. Elle vient de ce que l’on consomme mentalement. Notre éducation, nos connaissances et nos expériences sont les matières élémentaires, qui nourrissent notre cérébral.» C’est par ailleurs cette nourriture qui devrait pourvoir aux besoins du corps et l’âme.

En observant, tant soit peu, les grands succès de ce siècle (Bill Gates, Mark Zuckerberg, Larry Ellison ou Steve Jobs), force est de constater que l’une des similitudes entre ces hommes est qu’ils ont fait fortune grâce à leurs idées et donc à leur esprit. Pourquoi ne pouvons-nous pas, tout simplement, suivre leurs exemples?

L’étude du développement physiologique humain a démontré que la physiologie de l’homme en général est dépendante de son évolution mentale et spirituelle. Ainsi refuser d’apprendre et de connaitre c’est refuser de développer ses facultés mentales et psychiques et, par conséquent, c’est refuser d’évoluer même au niveau physiologique. Cela, par ailleurs, nous est suffisamment démontré par la médecine. Combien de fois avons-nous refoulé la mort en trouvant des remèdes permettant de guérir des maladies autrefois mortelles telles que la peste, la tuberculose, le paludisme, le choléra ?

En y réfléchissant, force est de conclure que les propos suivants, tirés de la Bible, sont d’une véracité incontestable: «Mon peuple périt, faute de connaissance…».

En accord avec cette déclaration, est-il possible que nous mourrions parce que, nous ne savons toujours pas comment faire autrement?

Il est donc d’une priorité extrême que nous transcendions nos besoins primaires et que nous changions de paradigme, car notre évolution et même notre survie en dépendent. Ainsi, si notre esprit est capable de nous apporter reconnaissance, richesse et par la même occasion nous faire sortir de la précarité et de la pauvreté, alors nous devrions quotidiennement travailler à son développement. La bonne nouvelle est qu’en nous y attelant,  ce n’est pas seulement notre esprit que nous développerons mais c’est notre monde que nous changerons.

«Scientia Potentia este»: le savoir c’est le pouvoir.

Edouard Claude Oussou

 

 

 
GR
 

10 Commentaires

  1. Lekoul dit :

    Bel article, mais totalement d’accord avec toi mon cher Édouard. Car je pense que l’avènement d’Internet et des technologies mobiles par exemple, a fondamentalement bouleversé nos modes de vie comme le fonctionnement de notre intellect. Mais ce n’est qu’un début vu que la « révolution numérique » en cours et surtout à venir redéfini notre rapport à la connaissance et l’accès aux savoir, comme le dit Remy Riefel.
    Youtube,Facebook, explosion du e-commerce… avec Internet, les liens sociaux, l’accès à l’information et les relations économiques d’hier ont commencé à vaciller. Avec Internet, le modèle des médias traditionnels (un producteur, des canaux de diffusion) vole en éclats.
    Enfin, sur le plan technologique, le changement majeur viendra de la vidéo : moins coûteuse à produire, plus simple à mettre en ligne, elle est amenée à supplanter le texte dans de nombreux usages. Évolutif ou pas ? Mon cher Edouard #onepeople

  2. Isy Michelle dit :

    J’épouse totalement votre pensée en m’appuyant aussi sur une citation d’un savant Arabe disant:<>. Ibn al Qayyim.c’est juste pour corroborer avec cet article que j’ai aimé particulièrement.

  3. Encore eux dit :

    Article intéressant! très plaisant à lire!!

  4. Orphée dit :

    Bravo,
    Édouard c’est bien ! Je m’impatiente déjà !!
    J’attend k tu tiennes le mm raisonnement en inversant la pyramide de Maslow

    Bon courage

  5. ARNAULD dit :

    belle vision,vraiment realiste.encore que nos besoins primaires en ces temps tendent a rimes avec depravation.

  6. Melki Rish dit :

    Très bon article Édouard ! Ta pensée rejoint la mienne 😉

  7. Olive dit :

    Belle article, toutes mes félicitations pour un contenue constructif et documenté; ça change et j’avoue que c’est rafraîchissant.
    J’attire toute fois ton attention sur certains points que tu manques de couvrir.

    1. Penses tu que mettre un livre dans les mains d’un illettré le rendra plus intelligent? Je ne dis pas que nous gabonais sommes illettrés mais souligne qu’a connaissance égal, des outils nouveaux ne changent pas grand chose.
    5. Le smart phone aujourd’hui oui mais hier il y avait le livre. Son équivalent avant était simplement la bibliothèque, beaucoup plus adapté à l’Afrique. Le livre a comme avantage de ne nécessité que la connaissance de la lecture alors que le smart phone il faut non seulement savoir lire mais aussi maîtriser un temps soi peu les notions du web. Trouver des solutions avec un outil qui n’est à la base pas maîtrisé c’est doublement difficile. Mais malgré la vente de livre peu cher à la gare routière ou la mise à disposition de bouquin à la bibliothèque du bord de mer, peu vont vers cette option.
    2. Pour ceux qui ont l’habitude de surfer sur le web (et non se limiter à Hi5, Facebook et Youtube), la réalisation que le monde est à la portée de la souris et que la connaissance est accessible en un clic est un acquis. Mais pour quelqu’un qui n’utilise pas le millionième de ce que le web a offrir et ne sais donc pas qu’il y a gratuitement accès on ne peut attendre de lui qu’il y trouve une quelconque solution.
    3. Paraissait dans Le Monde ce 17 avril dernier un article sur CLUBINTERNET, une start-up pakistanaise qui observait que « De plus en plus de personnes ont soudain entre leurs mains leur premier outil numérique, comme un smartphone. Mais ces smartphones hébergent un système d’exploitation et des services qui ont été testés et conçus pour des personnes habituées aux technologies, comme vous et moi. Nous en sommes venus à la conclusion que les services embarqués par défaut sur les appareils n’étaient pas intuitifs pour ceux qui n’en ont jamais utilisés avant ». (http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/04/17/comment-initier-les-4-3-milliards-de-neophytes-a-internet_4616852_4408996.html). Le smart phone a été créé dans les pays occidentaux pour servir des besoins qui ne peuvent plus être rempli par l’ordinateur. D’ailleurs au début, à l’époque de QTEK, PALM et autre peu d’occidentaux savaient quoi faire de ces technologies de moins de 20ans. Ici, au Gabon, pour la majorité de gens, nos besoins sont différents et contrairement à certain pays nous n’avons pas cette logique formater chez les occidentaux avec des outils comme les minitels, videotex ect.
    4. « Il est donc d’une priorité extrême que nous transcendions nos besoins primaires. » Un besoin est différent d’un désir, peux-tu demander quelqu’un qui a faim et en déperdition d’énergie de ce fait de transcender ses besoins primaires? Pas vraiment surtout si c’est pour un outil dont il ignore totalement la capacité. Dans un premier temps il est primordial de se focaliser sur ce qui permet une vie convenable, un foyer, un repas.

    Désolé si je suis pas toujours claire, j’ai dans la vitesse, mais voulais te dire mon cher Edouard que je suis vraiment satisfait de ton article car il m’a fait réfléchir, vraiment avec tout le cœur je te dis merci.

  8. Lengandhy dit :

    Très interessant l’article et je suis du même avis que toi.
    La techhnologie ne cesse de nous instruire mais malheureusement beaucoup n’y utilise pas comme un atout.

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