Terminus, point de départ d’une révolution culturelle à Mouila

Depuis deux ans, une révolution silencieuse bouleverse le paysage culturel gabonais. Loin des projecteurs de Libreville et Port-Gentil, une ville de l’hinterland s’impose désormais comme un passage obligé pour les plus grandes stars africaines et internationales. Cette métamorphose spectaculaire d’une paisible cité de province en carrefour artistique continental, Hugues-Gastien Matsahanga, chroniqueur culturel de GabonReview, dévoile ici les ressorts d’un phénomène qui redessine la géographie culturelle du pays. Un pari audacieux qui transforme Mouila en nouvelle destination incontournable du showbiz africain.

Certes, le Terminus porte un nom qui évoque une fin. Mais à Mouila, il n’est rien d’autre qu’un commencement. © GabonReview
Quel est le lien entre Koffi Olomidé, Kerozen, Gohou, Werrason, Roseline Layo, Singuila, Meiway… et Mouila ? Il y a deux ans, la question aurait semblé incongrue. Mais depuis l’ouverture d’un établissement devenu incontournable, la réponse s’impose : Le Terminus.
À l’origine de ce pari audacieux, un homme : Ghislain Moundounga. Brillant entrepreneur du secteur pétrolier, amoureux de sa ville natale, il a choisi de lui offrir bien plus qu’un hôtel : un véritable écrin pour la culture. Sans être issu du showbiz, il a franchi le pas, mû par une ambition claire : inscrire Mouila sur la carte des destinations culturelles africaines.
Mouila, nouveau carrefour des stars
Depuis l’inauguration, la capitale de la Ngounié vibre au rythme des concerts et spectacles. À chaque annonce, la ville se remplit de visiteurs venus de tout le Gabon. La caravane précédant chaque show devient un défilé populaire, où l’on croise autant de curieux que de passionnés incrédules de voir tant de célébrités au coeur du Gabon profond. Le Terminus a métamorphosé Mouila : d’une paisible ville de province, elle est devenue une scène ouverte aux icônes et talents émergents. Port-Gentil et Libreville, longtemps seules à attirer les têtes d’affiche internationales, voient désormais la Ngounié leur ravir la vedette.
Un lieu, une signature
Niché en plein centre-ville, le Terminus est bien plus qu’un complexe hôtelier. C’est un repère, un centre de rayonnement culturel où hospitalité et art se conjuguent. Modernité des équipements, restaurant aux saveurs locales et internationales, terrasse conviviale… tout est pensé pour séduire et retenir les visiteurs. Mais c’est surtout par la qualité de sa programmation artistique que le lieu s’impose : musiciens gabonais, voix montantes africaines, artistes venus d’Europe ou d’Amérique latine… Chacune de ces soirées devient un ambassadeur de Mouila. En moins de deux ans, une trentaine d’artistes de renom ont foulé la scène du Terminus. L’inauguration du 15 juin 2024, avec Alexis Abessolo, Arnold Djoud, l’Amalgame, Stekfrite, Manitou, Chambre à louer, Prince Kiala, Rolande et African Legend, a donné le ton : qualité, diversité et professionnalisme. Rien que çà.
L’ambition d’un projet structurant
Avec sa piste de danse équipée d’un écran géant et de multiples écrans annexes reliés par une régie high-tech, le Terminus prouve que l’hinterland peut accueillir des spectacles de niveau international. Les promoteurs visent haut : faire de Mouila un passage obligé pour tout artiste de renom se produisant au Gabon. Reste le défi de la durabilité : le mécénat, aussi généreux soit-il, n’est pas inépuisable. Pour garantir la pérennité du modèle, il faudra diversifier les sources de financement : festival annuel soutenu par les Ministères de la Culture et du Tourisme, partenariats privés, sponsors stratégiques… Autant de leviers pour transformer ce pari culturel en véritable projet structurant. Et pourquoi pas, faire de Mouila la capitale culturelle du pays. Rêvons les yeux ouverts.
Une vision et un symbole
Heureusement, au-delà des chiffres et des têtes d’affiche, le Terminus incarne avant tout, la vision d’un homme pour sa ville. Ghislain Moundounga a su détecter le potentiel de Mouila comme destination culturelle et de divertissement. Par son audace et son attachement à la Ngounié, il a fait de ce lieu un symbole : celui d’un Gabon culturel qui rayonne bien au-delà de ses frontières. Certes, le Terminus porte un nom qui évoque une fin. Mais à Mouila, il n’est rien d’autre qu’un commencement.
Hugues-Gastien MATSAHANGA Essayiste et spécialiste des Industries Culturelles et Créatives

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