Le candidat veut supprimer certaines institutions et améliorer la gouvernance. Mais, il ne dit rien de la dissolution parlementaire ni de l’élargissement de l’espace civique et de la lutte contre l’arbitraire. 

Chargé de tous les péchés, Alain-Claude Billie-By-Nze a cherché à engager un débat sur les valeurs et principes. Y est-il parvenu ? La suite le dira. © GabonReview (Capture d’écran)

 

Que retenir de l’offre politique d’Alain-Claude Billie-By-Nze ? Comment la qualifier ? Est-elle porteuse d’une «rupture radicale avec les pratiques du système ancien» ou consiste-telle en une compilation d’incantations, un assemblage de mesurettes ? On ne tranchera pas à brûle-pourpoint. Dans un opuscule intitulé «Rupture et nouvelle indépendance : construire ensemble un autre Gabon», le dernier Premier ministre d’Ali Bongo énonce 19 objectifs. Pêle-mêle, il parle d’une «société de confiance», d’«unité nationale (dans) le respect des diversités», de «souveraineté industrielle», de «sécurité des personnes et des biens». Il évoque aussi des priorités d’ordre social, notamment l’accès aux soins, l’emploi ou le logement. Mais, le fil rouge de son projet reste les questions institutionnelles et la gouvernance.  À cet effet, il dit vouloir engager une «réforme de la Constitution», se prononçant pour la suppression de certaines institutions et une gestion plus efficace des affaires publiques.

Un vague rappel de certains principes

En cette période de Transition et au regard de notre histoire récente, on peut comprendre pourquoi il se focalise sur des questions politiques. Cela fait sens et est à son honneur. Mais on ne peut se satisfaire d’annonces à la cantonade ni d’un vague rappel de certains principes. Contrairement à une idée reçue, la Constitution n’a pas pour but ultime l’organisation et le fonctionnement des institutions. Elle vise d’abord à protéger les citoyens, à prévenir d’éventuels abus et à assurer une continuité du service public. Quant à la gouvernance, elle ne se limite ni à la commande publique ni aux questions financières. Elle s’étend à l’ensemble des secteurs et à la vie de tous les jours.  Pour l’améliorer, il faut garantir l’indépendance de la justice et l’égalité de tous devant la loi. Il faut tout autant rendre accessible l’information publique, assurer la participation citoyenne à la vie publique et contraindre les détenteurs de l’autorité publique à rendre des comptes.

Alain-Claude Billie-By-Nze veut supprimer le Sénat, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et la médiature de la République. Soit ! Mais il ne dit rien de la dissolution parlementaire ni de l’élargissement de l’espace civique et, encore moins, de la lutte contre l’arbitraire.  En optant pour un Parlement monocaméral, a-t-il songé au risque de vide institutionnel ? Ancien Premier ministre, il doit en avoir souvenance : entre mai 2018 et janvier 2019, notre pays fonctionna sans Assemblée nationale, suite à une décision malencontreuse de la Cour constitutionnelle. Que serait-il advenu, s’il n’y avait de Sénat ?  De même, il doit le savoir : le CES a été créé pour permettre à la société civile d’émettre des avis techniques sur la conduite des affaires publiques. Si cette assemblée venait à disparaître, le droit de participation s’en trouverait rogné, mis à mal.

Un outil de communication et pas un exposé général d’intentions et projets

Elément constitutif de la bonne gouvernance, le droit de participation découle aussi du droit à la liberté d’expression, de réunion et d’association. Sut tous ces points, le candidat à la présidentielle du 12 avril prochain se montre peu disert. De même, il ne dit rien sur la déontologie de la Fonction publique, la gestion des archives et la mise à disposition de l’information publique. Le même constat vaut pour la réforme de la justice, nullement abordée. Pourtant, sur ces matières, des études existent, nombreuses. Menées y compris par des compatriotes, elles auraient pu être d’un précieux apport. Pourquoi Alain-Claude Billie-By-Nze n’en a pas tenu compte ? Pourquoi est-il resté aérien, se satisfaisant de l’écume des choses ? Par manque de temps ? Sans doute. Par volonté de ne pas se lancer dans des débats technocratiques ? Peut-être.

En fait, l’ancien Premier ministre semble avoir conçu son document comme un outil de communication et pas comme un exposé général de ses intentions et projets. Brocardé par une partie de l’opinion, il a voulu sortir de la querelle de personnes. Chargé de tous les péchés, il a cherché à engager un débat sur les valeurs et principes. Y est-il parvenu ? La suite le dira. Pour l’heure, son programme existe. S’il semble inutilement long, peu détaillé et parfois lacunaire, il a au moins ce mérite.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Prince dit :

    Alain Claude Billy bi Nze assume a lui tout seul de porter l’échec de plus de 50 ans du système Bongo PDG France Afrique, quel courage, les voici tous ses fossoyeurs de la république qui se cachent derrière Oligui qui fait montre d’immaturité politique voir même de naïveté en pensant vouloir construire un nouveau Gabon avec ceux là qui ont mis le Gabon dans un état de délabrement quel ironie , malgré sa bonne volonté le président de la transition si il persiste en cas d’élection de reconduire ses sorciers du pdg aux affaires il tombera avec eux dans les ténèbres de la mort.

    • KIEM dit :

      Mon cher frère ou soeur, les meilleurs douaniers sont d’ancienS contrebandiers dit un vieil adage. Je ne suis pas PDGiste, ils m’ont fait quitter mon pays, fort heureusement je me suis reconstruis ailleurs, cependant, Oligui doit se tenir sur ses gardes avec eux, mais ils les connait bien.

  2. ACTU dit :

    Bonne prestation!!

    Beaucoup de courage et relativement honnête!

    Mais est il bien place pour défendre ce projet qu’ il decline?

    J’en doute.

    Qu il prepare quelqu’un d autre pour porter le projet. Ce sera mieux pour le Gabon.

Poster un commentaire