Tout au long de la cérémonie du 3 mai 2025, le faste a pris le pas sur la solennité, la mobilisation populaire sur le caractère institutionnel, le festif sur le côté républicain.

«La construction d’un pouvoir crédible ne tolère ni amateurisme, ni improvisation, ni confusion rituelle», dixit Jean Kevin Ngadi (voix citoyenne active, défenseur de l’État de droit, de la transparence et de la bonne gouvernance). © Facebook.com/presidencedelarepubliquegabonaise

 

L’investiture du président de la République suscite encore de nombreux commentaires et réactions, souvent relayés par les réseaux sociaux. Sur l’enchaînement des événements, la liste et le nombre de personnalités invitées, comme sur le décorum, l’audience de la Cour constitutionnelle, la présence d’une délégation des peuples autochtones ou l’immixtion du Conseil national des rites et traditions (CNRT), beaucoup de choses sont été dites. Au total, on doit se résoudre à cet implacable constat : tout au long de cette cérémonie, le faste a pris le pas sur la solennité, la mobilisation populaire sur le caractère institutionnel, le festif sur le côté républicain. Pis, une impression de mélange des genres, d’hésitation entre tradition et modernité, s’en est dégagée. Certains en arrivent à parler d’improvisation et d’impréparation. D’autres, d’attrait pour le blingbling voire de «populisme cérémoniel». C’est dire si l’opinion en est sortie dubitative et quelque peu interloquée.

Tensions entre tradition et modernité

Jamais cérémonie républicaine n’a accouché d’un débat aussi passionnée sur nos rites et traditions, au point d’offrir aux bonimenteurs de tout poil une opportunité de se faire mousser. Rarement la compétence du Protocole d’Etat n’a autant été questionnée, au point de susciter des interrogations sur son périmètre d’action. On peut en dire de même de la responsabilité de la Cour constitutionnelle, accusée d’avoir autorisé le CNRT à intervenir en pleine audience solennelle et de s’être livrée à des commentaires peu appropriées en la circonstance. Après tout, son Règlement de procédure est clair : hormis dans le cadre du contentieux électoral, ses décisions sont prononcées hors de la présence du public, sauf appréciation contraire de sa part. Avait-elle des raisons d’admettre le public ? Lesquelles ? Sont-elles d’essence juridique ou politique ? Pis, on cerne encore mal la portée et le sens de l’intervention des traditionnalistes.

Comme l’affirme en substance Jean Kevin Ngadi, dans un post devenu viral, «la cérémonie du 3 mai 2025 (…) fut un révélateur (…) (des) tensions entre tradition et modernité, entre apparence et efficacité. Elle (a rappelé) à chacun que la construction d’un pouvoir crédible ne tolère ni amateurisme ni improvisation ni confusion rituelle». Pour cette seule raison et pour ne pas retomber dans la confusion, il y a urgence à réfléchir à «la procédure selon laquelle les traditions, les rites, les us et coutumes sont constatés, codifiés et mis en harmonie avec les principes fondamentaux de la (République)». A l’orée de ce mandat présidentiel et conformément à l’article 94 de la Constitution, il faut songer à légiférer sur la question.  Au-delà, il faut revisiter les procédures, les affiner pour les adapter, clarifier les mandats des administrations, y compris de la direction générale du Protocole d’Etat. Est-elle en charge de l’organisation de tout type de manifestation ou uniquement d’événements diplomatiques internationaux ?

Respect des procédures

Pourtant, au regard de l’article 45 de la Constitution, on peut le suggérer : a priori, l’investiture du président de la République doit être de la responsabilité d’un comité multipartite. Dirigée par le secrétaire général de la présidence de la République, cette entité peut comprendre, outre le Grand chancelier des Ordres nationaux, les secrétaires généraux de la Cour constitutionnelle, de l’Assemblée nationale et du Sénat. Si le protocole d’Etat doit y être associé, c’est davantage pour gérer les aspects diplomatiques. Car, comme l’affirme encore Jean Kevin Ngadi, «une cérémonie d’investiture (…) est un acte codifié, sobre et dirigé vers un seul objectif : officialiser la prise de pouvoir dans un langage de clarté, de symbolique forte et de maîtrise du temps». A l’évidence, ces préoccupations et détails ont malheureusement été peu pris en compte lors de la conception de l’événement du 3 mai dernier.

Au plan protocolaire, de nombreuses questions subsistent. Pourquoi avoir établi le distinguo entre les bureaux et le reste des chambres du Parlement ? Pourquoi n’avoir pas placé tous les autres parlementaires dans un carré réservé ? Fallait-il vraiment les laisser se disposer à leur guise ? Était-il impossible d’identifier des places dédiées ? Et pourquoi les membres du Conseil économique sociale et environnementale (CESE) arboraient-ils leurs insignes distinctifs ? Y étaient-ils en cette qualité ou en citoyens ? A l’entame d’un septennat, il semble nécessaire de plaider pour un respect scrupuleux de la Constitution, des lois, règlements et procédures. Pour ne pas sombrer dans une «gouvernance irresponsable, imprévisible», il faut s’y astreindre. Surtout, il faut se refuser aux fantaisies.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Jean Jacques dit :

    Pourquoi les nègres meurent plus vite?Et surtout en Afrique, si ses fétiches machaient l’Afrique sera deja le Continent le plus développé au monde Ou gagner la coupe du monde.

Poster un commentaire