Chauffeurs de taxi à Libreville : la loi du chaos urbain doit cesser, Monsieur le Ministre !

Alors que le ministre d’État en charge des Transports annonce une politique nationale de «tolérance zéro» face à l’insécurité routière, les rues de Libreville restent livrées à la loi du plus fort, incarnée par les chauffeurs de taxis. Accidents quotidiens, impunité flagrante, passivité policière : rien ne semble enrayer le désordre urbain. Alerte sur l’urgence d’adapter les mesures aux réalités de la capitale et d’en finir, une bonne fois pour toutes, avec les délinquants de la route.

Monsieur Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi, tant que les taximen de Libreville resteront au-dessus du Code de la route, vos réformes rouleront dans le vide. © GabonReview (montage)
Le ministre d’État en charge des Transports, Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi, a-t-il oublié Libreville ? C’est la question qui s’impose face au décalage entre les mesures gouvernementales récemment annoncées et la réalité du trafic urbain dans la capitale. Certes, le durcissement des peines, le retrait des véhicules défectueux et la politique de «tolérance zéro» sont des signaux forts. Mais rien, ou presque, sur les principaux responsables de l’anarchie citadine : les taximen.
Le désordre comme mode de conduite
De nombreux automobilistes non professionnels se sont mis à copier le mode conduite des taximen. Si bien qu’à Libreville, la route est un théâtre quotidien de transgressions. Excès de vitesse dans les zones résidentielles, dépassements à droite, slaloms imprévus, arrêts brutaux, non-respect des feux, stationnements en pleine chaussée : les chauffeurs de taxis imposent leur propre code. Un code de la jungle, où la loi du plus rapide remplace la priorité, et où la vie des piétons pèse moins que la quête de la recette journalière.
Il ne s’agit pas d’exagération : selon les chiffres de la Direction générale de la sécurité routière, plus de 70 % des accidents enregistrés dans la capitale impliquent un taxi. Et ce n’est pas uniquement une question de comportement : beaucoup de ces conducteurs roulent sans permis valide, sans formation sérieuse, parfois même sans assurance. Ils ne sont pas en infraction occasionnelle. Ils sont en délinquance structurelle.
Une présence policière qui ne régule plus
Pendant ce temps, que font les forces censées faire appliquer la loi ? Les agents de la Préfecture de Police de Libreville (PPL) et ceux de l’État-major des Polices Urbaines (EMPU), officiellement chargés de la sécurité routière et du respect des règles du transport urbain, semblent s’être reconvertis en contrôleurs de papiers. Permis, carte grise, assurance : voilà l’essentiel, sinon l’unique objet de leurs contrôles. On les voit rarement verbaliser une infraction de conduite. On ne les voit jamais poursuivre un dépassement dangereux, un arrêt en pleine voie ou un feu grillé.
La rue entière s’interroge : ces agents connaissent-ils seulement le Code de la route ? Savent-ils eux-mêmes conduire ? Ont-ils le permis de conduire qu’ils exigent aux autres ? Leur silence face aux infractions les plus flagrantes, notamment celles des taximen, alimente le soupçon d’un système entretenu par le laxisme, voire par la corruption. Il ne suffit pas de porter un uniforme pour incarner l’autorité. Encore faut-il la faire respecter, au service de la sécurité de tous.
Pour une riposte à la hauteur du chaos
Monsieur le Ministre, si votre ambition est réellement d’en finir avec les morts sur les routes, alors la capitale doit être votre front prioritaire. Recueillies en micro-trottoir auprès de nombreux automobilistes ne travaillant pas dans le transport en commun, quelques pistes à fort impact vous y aideraient :
- Permis à points ciblé sur les taxis : Retirer les contrevenants chroniques de la circulation. Sans compromis. Ou retirer tout simplement, de nombreux permis ayant été acquis sans passage en auto-école et dans les circuits illégaux .
- Fichier national biométrique des conducteurs professionnels : Plus de conducteurs fantômes. Un homme, un taxi, une traçabilité.
- Inspection technique obligatoire et carnet d’entretien contrôlé : Un taxi sans contrôle technique, c’est un cercueil ambulant.
- Corps d’agents civils assermentés : Détachés de la police classique, uniquement chargés de surveiller les comportements au volant, avec vidéo-verbalisation à la clé.
- Campagnes publiques avec ligne de signalement : Impliquer les citoyens dans la dénonciation des conduites dangereuses.
- Responsabilisation des usagers eux-mêmes : Exiger d’eux qu’ils refusent les arrêts dangereux, les manœuvres illégales, et les véhicules manifestement hors norme.
La route n’est pas un champ de guerre
La sécurité routière ne se décrète pas uniquement par des lois. Elle se construit par la cohérence des actes, par le courage d’appliquer les règles à tous — surtout à ceux qui, comme les chauffeurs de taxis, pensent en être au-dessus. Si le ministre veut marquer une rupture, qu’il commence par traiter le mal là où il est le plus visible : dans les rues de Libreville.
L’heure n’est plus aux slogans, mais à l’action. Ce chaos quotidien doit cesser. Le peuple attend.

2 Commentaires
Très bonnes propositions
Je suis ENTIIEREMENT, Totalement d’accord avec ce constat mais, hélas, il ne faut pas trop rêveR, cette mission révèle, dans l’l’immédiat et, compte-tenu du très grand laxisme des différents responsables des transports, de la mission IMPOSSIBLE. Pour voir un réel changement, il faudra, probablement, des années années pour enrayer ce fléau.Personnellement, j’ai constaté que certains politicards, des responsables des forces de l’ordre, des hauts gradés (y compris des militaires, des policiers ou gendarmes) commettre de graves infractions au code de la route, en toute impunité et ces gens seront les premiers à crier au loup en cas de sanction. Il ne faut pas faire la politique de l’autruche, c’est tout un travail en profondeur, travail qui prendra des années; il faut nettoyer le cerveau de pas mal de délinquants de la route pour commencer à voir une amélioration.