Dénonçant le silence des autorités judiciaires, et réclamant une justice équitable, le Collectif des parents des jeunes arrêtés, transférés et incarcérés depuis près de huit mois à la prison centrale de Makokou, a manifesté ce mercredi 2 juillet, devant le palais de justice de Libreville. Ils ont ainsi extériorisé leur désarroi, mécontentement et incompréhension face à cette affaire qui perdure, demeure dans le statuquo et jette le discrédit sur la justice gabonaise.

Le Collectifs des parents des jeunes arrêtés et transférés à Makokou manifestant devant le palais de justice de Libreville. © GabonReview

 

Comme ils l’ont récemment annoncé, les parents des jeunes arrêtés, transférés et incarcérés au pénitencier de Makokou se sont mobilisés, ce mercredi 2 juillet, devant le tribunal de Libreville. Objectif : interpeller les plus hautes autorités et notamment les autorités judiciaires sur un dossier qui bafoue et entache la notoriété de la justice gabonaise.

«Justice pour nos enfants qui ont été arrêtés à Libreville !»

Si ces parents, regroupés en Collectif, se sont retrouvés devant le palais de justice de Libreville, c’est que 30 jeunes avaient été arrêtés à Libreville, dit-on, pour trafic de drogue. Puis, ils ont été transférés, il y a près de huit mois, à la maison d’arrêt de Makokou. Selon leurs parents, ils n’ont pas été jugés, de même que rien n’expliquerait leur transfert dans cette ville du nord-est du pays. Pis, ils affirment avoir entrepris toutes les démarches nécessaires auprès des autorités judiciaires pour s’enquérir de la situation, sans suite.

«Nous sommes là pour demander justice pour nos enfants qui ont été arrêtés à Libreville, on ne sait pas pourquoi», a déclaré l’une des membres du Collectif, Lucie Edzan Mbele-Loussou. Elle explique qu’ils ont progressivement appris, des mois après, que les prévenus étaient à Makokou et dénonce le fait qu’ils n’ont pas de droit aux visites. «Quand les avocats y sont allés, On les a d’abord refoulés, et quand ils ont pu les voir, c’était pour deux minutes par personne, ou alors ils étaient entourés par les gardes pénitenciers», a-t-elle relaté, faisant savoir que dans ces conditions, les avocats n’ont pas pu accomplir leur travail. 

Mobilisés devant le tribunal de Libreville, avec banderoles, pancartes et t-shirts sur lesquels ils indiquent le motif de leur présence sur ces lieux, ils désiraient davantage attirer l’attention, mais surtout exiger que le travail soit effectué dans le droit et que la justice soit faite dans les règles. «Ce qu’on veut c’est que la juge ou le juge puisse les entendre, que l’avocat puisse les défendre. Tout ce qu’on demande, c’est qu’on respecte leurs droits», a précisé la membre du Collectif. 

«Ils n’ont pas droit aux visites, ni à rien»

Vue du palais de justice de Libreville. © D.R.

Les parents s’inquiètent davantage d’autant plus qu’ils affirment que depuis que les concernés ont été déportés à Makoku, ils n’ont pas de leurs nouvelles. Ils assurent qu’ils ne peuvent pas les voir, parce qu’ils n’ont pas droit aux visites, ni à rien. Et la membre du Collectif de déclarer : «la juge d’instruction qui s’occupe du dossier a dit qu’il faut qu’elle les auditionne. On ne sait pas encore ce qu’ils ont fait. Mais la juge est à Libreville et eux ils sont à Makoku», regrette le Collectif. 

Le message qu’ils ont donc voulu faire passer est simple. «Que la justice soit faite dans le droit, dans les règles du droit», ont dit les membres du Collectif. Ce, d’autant plus qu’ils estiment que leurs démarches en rencontrant notamment le juge d’instruction, le procureur de la République, le procureur général de la Cour de cassation sont restées vaines. 

Lucie Edzan Mbele-Loussou indique et révoque le fait que depuis le début de cette affaire, il se sont mobilisés tous les jours, demandant qu’on les aide à juger leurs enfants. «Qu’est-ce qu’ils ont fait ? On ne sait pas», a-t-elle dit, dépitée. «Que la juge puisse les auditionner, que l’avocat puisse les écouter et qu’on en finisse. Que les coupables, je ne sais pas, soient jugés, que les innocents soient relâchés. Il faut qu’on fasse quelque chose», a-t-elle suggéré. 

À l’heure d’entrer dans la 5e République, ne pas se colporter une mauvaise réputation

À ce qu’il se dit, ces jeunes ont été appréhendés à Libreville par la Direction générale des services spéciaux (DGSS). Ils ont été placés en détention administrative prolongée dans les locaux de cette structure, pour des durées allant, selon les cas, de trois semaines à plus de trois mois. Les prévenus ont ensuite été transférés par avion militaire, affrété par la DGSS, à la prison centrale de Makokou. Une délocalisation effectuée sans information préalable ni motif apparent communiqué aux familles, affirment les familles. 

Qu’à cela ne tienne, elles espèrent qu’à l’heure d’entrer dans la 5e République, le Gabon ne va pas se colporter une mauvaise réputation en ce qui concerne sa Justice. Ce, notamment au moment où les nouvelles autorités du pays ont dit, affirmé et manifesté leur volonté de réformer les institutions et de redonner leur dignité aux Gabonais.  

 
GR
 

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