eGabon SIS : Vers un système de santé sans papiers

Alors que la deuxième phase du Système d’information de santé est en cours de déploiement dans plusieurs structures hospitalières, le Gabon intensifie la mobilisation des professionnels de santé pour réussir la transition numérique. Objectif : moderniser la gestion des soins, centraliser les données médicales et offrir un pilotage en temps réel du système de santé. Un «Café des ambassadeurs», a été lancé le 2 juillet pour renforcer leur adhésion à la réforme, faciliter la mise en production des outils numériques et amorcer la transition vers une gestion hospitalière sans papiers.

Photo de famille, le 2 juillet 2025. © GabonReview
Du 2 au 4 juillet 2025, un atelier baptisé «Café des ambassadeurs», est organisé en prélude à la mise en production du Système d’information de santé (SIS) dans huit nouvelles structures hospitalières. L’événement réunit les «ambassadeurs» du projet, désignés pour accompagner le changement sur le terrain et faciliter l’intégration des outils numériques au sein des établissements sanitaires. «Le projet eGabon-SIS a été lancé officiellement le 16 février 2024. Le gouvernement de la République y a souscrit avec une conviction certaine, car c’est un projet dont l’ambition est de réformer notre système d’information sanitaire», a déclaré le ministre de la Santé, le Pr Adrien Mougougou, en ouverture des travaux.
Un hôpital sans papiers en ligne de mire
La première phase du contrat SIS, entamée en décembre 2023, a permis le déploiement de la solution numérique dans deux établissements pilotes : l’Hôpital d’instruction des armées Omar Bongo Ondimba (HIAOBO) et l’Hôpital de la coopération égypto-gabonaise (HCEG). Cette phase, réceptionnée provisoirement le 20 décembre 2024, a permis de tirer des enseignements sur la mobilisation et l’implication des parties prenantes. Avec l’entrée en vigueur de la deuxième phase, huit nouvelles structures seront intégrées au SIS. Pour garantir une appropriation optimale, les responsables misent sur la mobilisation des professionnels de santé autour des modules «Gestion de la demande» et «Gestion des réclamations».
Selon le Pr Adrien Mougougou, le SIS permettra à terme de «travailler dans un hôpital sans papiers afin de fournir aux pouvoirs publics un outil de pilotage de la santé publique grâce à la mise à disposition en temps réel des informations fiables, permettant de prendre des décisions appropriées». Dans cette optique, le ministère envisage aussi de lancer des formations spécifiques aux métiers de la santé numérique dans les deux hôpitaux déjà équipés. Coordinateur technique du projet eGabon-SIS, Alberto Wenceslas Mounguengui Moudoki, par ailleurs directeur général de l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (Aninf), a insisté sur l’importance stratégique du projet.
Gouvernance des données en question, souveraineté numérique en filigrane

Adrien Mougougou et Alberto Wenceslas Mounguengui Moudoki s’exprimant le 2 juillet. © GabonReview
«L’infrastructure phare dans cette vision, c’est la construction des centres de données. Samedi dernier, le président de la République a présidé la signature d’une convention pour la construction de deux data centers», a-t-il indiqué, soulignant que ce chantier vise à garantir la souveraineté du Gabon sur ses données numériques. «À la fin de tout ça, le président de la République pense qu’il faut produire de l’argent avec ces outils. D’où l’économie numérique. La digitalisation de manière générale, mais au niveau de la Santé, ça va tous nous impacter», a-t-il expliqué. Au-delà de la mise en production des outils, les participants à l’atelier s’interrogent sur les enjeux de gouvernance des données de santé.
Le coordinateur du projet invite à anticiper la création de mécanismes de gestion encadrés. «Il faut mettre en place des outils qui tiennent compte de la gouvernance, du développement des applications et de leur transport, de l’utilisation dans les normes autorisées par la loi, du stockage de ces données et, surtout, de la destruction de ces données», a déclaré Alberto Wenceslas Mounguengui Moudoki. Alors que le Gabon s’apprête à généraliser l’usage du SIS dans ses structures sanitaires, cet atelier marque une nouvelle étape dans la modernisation de la gestion hospitalière, avec l’ambition de faire du numérique un levier central de la politique de santé publique.

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