Formés dans l’épreuve, forgés pour guérir : trois nouveaux docteurs gabonais arrivent de Cuba

Ils sont jeunes, brillants, formés dans l’un des systèmes de santé les plus résilients du monde. Il y a une semaine à La Havane, Michelle Poungui, Jeff-Owen Nguema Klebert et Mehdi Cyriaque Okogho ont été proclamés docteurs en médecine générale, au terme d’un cursus rigoureux de sept années à Cuba. Frappés par les difficultés financières, l’exil culturel et les exigences d’un enseignement d’élite, ces trois Gabonais reviennent désormais au pays, forgés par l’adversité et prêts à servir une nation en quête de renouveau sanitaire.

Michelle Poungui, diplômée de l’Université de Girón, le 24 juillet 2025 à La Havane. Après sept années d’efforts, elle s’apprête à rentrer au Gabon, forte d’une formation exigeante et d’un profond engagement pour servir. © D.R.
Le jeudi 24 juillet dernier, dans les amphithéâtres solennels de La Havane, trois jeunes Gabonais ont reçu leur diplôme de docteur en médecine générale après sept années d’un parcours exigeant, parfois âpre, toujours lumineux. Michelle Poungui, Jeff-Owen Nguema Klebert et Mehdi Cyriaque Okogho incarnent la relève d’une coopération universitaire Sud-Sud emblématique entre le Gabon et Cuba. Dans quelques jours, ils fouleront à nouveau le sol national, armés de savoir, de résilience et d’un sens aigu du service public.

Sortis de La Havane, ils incarnent l’engagement, la ténacité et l’excellence de la jeunesse gabonaise formée à l’école rigoureuse de la médecine cubaine. © D.R.
Au-delà du symbole, cette remise de diplômes vient rappeler la vitalité d’un partenariat engagé depuis plus de vingt ans, dans un esprit de solidarité internationale. Elle salue aussi la ténacité de ces jeunes Gabonais qui, dans un pays confronté à la pénurie, à l’embargo et à l’austérité, ont réussi à se former, à s’adapter, et à grandir.
Une formation d’élite, une épreuve humaine
Tous trois louent l’excellence d’un enseignement rigoureux, ancré dans la pratique précoce et la proximité avec le patient. «À partir de la 3e année, on est constamment en contact avec les patients à l’hôpital», confie Mehdi Okogho, 25 ans, soulignant l’avantage décisif d’un apprentissage in situ. Jeff-Owen Nguema, 24 ans, retient la générosité du système cubain : «Nous avions les professeurs à disposition, un accès gratuit au matériel, et des patients coopératifs, conscients de leur rôle dans notre formation.»
Mais derrière les réussites académiques, les témoignages révèlent une autre réalité, plus âpre. La vie d’étudiant à Cuba impose ses propres défis. «Les problèmes financiers ont été une constante», admet Mehdi. «Il m’est arrivé d’avoir de l’argent, mais de ne pas pouvoir y accéder.» Jeff-Owen évoque quant à lui le choc culturel, les difficultés d’adaptation, les trois monnaies en circulation, sources de confusion.
La voix la plus posée, mais peut-être la plus introspective, est celle de Michelle Poungui. Diplômée de l’Université de Girón, elle retrace avec une élégance lucide ses sept années d’études : «Le cursus est intensif, exigeant, mais profondément humain. Il m’a forgée.» Elle parle d’une médecine de terrain, «pratiquée avec peu, mais transmise avec générosité et rigueur». Elle évoque aussi le choc de l’exil : langue nouvelle, culture différente, conditions modestes. Mais au bout du compte, une formation complète, profondément transformatrice.
Une diplomatie bienveillante et un retour porteur d’espoir
Dans cette traversée de sept années, tous trois reconnaissent le rôle discret mais crucial de l’Ambassade du Gabon à La Havane. Pour Mehdi, «ses membres ont été d’un soutien constant». Jeff-Owen insiste sur leur capacité à recréer un lien communautaire, tandis que Michelle salue «un relais moral et administratif» qui a su maintenir le contact avec la patrie.
Leur retour est désormais imminent. Ils arrivent dans un pays en quête de renouveau, où les défis sanitaires abondent, mais où leur expertise est attendue, espérée. «Je rentre avec la volonté de mettre en pratique les valeurs que j’ai acquises», déclare Michelle, avec une gravité sereine.
Ces trois jeunes médecins n’ont pas simplement appris à soigner. Ils ont appris à servir, à écouter, à s’adapter. Leur parcours témoigne de ce que peut produire une coopération bien pensée, portée par l’effort et animée par le sens. Le Gabon les attend. Eux, déjà, sont prêts.

2 Commentaires
Il n’y a pas de fac de médecine à Libreville ?
Que je sache, ses capacités ne permettent pas de répondre à la demande du pays. Au-delà de cela, il n’y a pas une véritable politique pour doter le pays des compétences dont il a vraiment besoin. Oligui est plus préoccupé à engraisser des équipes de parlementaires plethoriques qui grevent inutilement le budget de l’État.