Le style vestimentaire des membres du gouvernement : quand le pagne disparaît… pour ne réapparaître qu’en période électorale

La « Ve République » au Gabon s’est ouverte sur un vent de renouveau : nouvelles institutions, nouvelle Constitution, réformes ambitieuses… Mais côté vestimentaire, surtout au sein du gouvernement, un élément majeur de notre identité culturelle semble avoir disparu. Il s’agit du pagne.

Depuis « le coup de la libération » du 30 août 2023, le nouveau régime affiche une image plus uniforme, au sens propre comme au figuré. © D.R.

Depuis « le coup de la libération » du 30 août 2023, le nouveau régime affiche une image plus uniforme, au sens propre comme au figuré. Nous avons eu droit d’abord aux uniformes, puis vint l’ère du classique avec la légendaire veste, cravate et pantalon tailleur.

De façon plus explicite, les membres du gouvernement arborent des costumes classiques, impeccablement taillés, ou des tenues professionnelles modernes. Le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema, reconnaissable à sa veste sombre rehaussée d’une cravate rouge, symbole d’autorité et d’affirmation, donne le ton. Son vice-président, Alexandre Barro Chambrier, adopte un style similaire, veste bleue et cravate noire. Du côté des femmes, la ministre de l’Entrepreneuriat, du Commerce et des PME-PMI, Mme Gninga Chaning Zenaba, séduit par l’élégance de ses tailleurs, parfois assortis de baskets lorsqu’elle est sur le terrain. Bref, le style est soigné, sobre, efficace… mais dépourvu de pagne.

Si l’on devait noter leur présentation vestimentaire, on leur attribuerait un solide 9/10. Mais au Gabon, le pagne est plus qu’un vêtement : c’est un symbole. Il renvoie à nos traditions, à notre culture, à notre identité africaine… et gabonaise.

Le pagne, star des campagnes… absent le reste du temps

Il faut donc attendre les périodes électorales pour le voir réapparaître. En mars 2025, lors de la présidentielle, le pagne personnalisé à l’effigie du candidat, alors simple prétendant à la magistrature suprême, a inondé les meetings. Plusieurs couleurs étaient déclinées, et le couple présidentiel, assorti et élégant, offrait une image harmonieuse. Mais dès le scrutin terminé, le pagne s’est volatilisé, aussi bien dans la garde-robe du président que dans celle de ses collaborateurs.

Une proposition pour réaffirmer notre identité

On peut se demander si cette absence résulte des choix d’un conseiller en image ou d’une directive implicite. Pourtant, voir les membres du gouvernement, ne serait-ce qu’une fois par semaine, revêtir le pagne, enverrait un signal fort. Ce serait une façon de promouvoir notre patrimoine culturel, de l’afficher fièrement à l’étranger et de rappeler ce qui nous appartient en propre.

Car le pagne n’est pas un simple morceau de tissu. Il raconte notre histoire, ce n’est pas pour rien que, lorsqu’on parle du mariage à la coutume, on choisit toujours le pagne qui va accompagner cette cérémonie. Le pagne porte nos couleurs et incarne notre identité. Le reléguer aux seules campagnes électorales, c’est appauvrir une partie de notre image nationale.

Auteur : Thécia Nyomba