Personne ne doit se donner le rôle de tribun de la plèbe sans en avoir mandat ou pouvoir légal. L’organisation et le fonctionnement de la société obéissent au droit.

Tata Bertille – Se dire activiste ne donne pas le droit de s’ériger en justicier, au risque de sombrer en dehors de tout cadre légal. Pour rien au monde, chacun ne peut dicter sa loi. Aux nationaux et expatriés vivant au Gabon, il faut le redire : le droit est un pilier de la vie en société. © GabonReview

 

Sommes-nous rendus là ? Dans ce Gabon en quête de renouveau, des citoyens peuvent faire irruption dans des lieux publics, y crier leur colère, quitte à générer d’autres problèmes. Comme l’hôpital de Ntoum il y a deux mois, le marché de Lambaréné a été le théâtre d’une scène surréaliste il y a une semaine. Notre pays est-il vraiment rendu là ? S’affubler de l’appellation «influenceur» donne-t-il le droit de faire triompher l’émotion sur la raison ? Se dire «activiste» donne-t-il le droit de s’ériger en justicier, au risque de sombrer d’agir en dehors de tout cadre en se laissant guider par sa propre subjectivité ? Se prétendre «patriote» légitime-t-il le fait de mêler le président de la République à tout, à parsemer toutes les logorrhées de son nom ?

L’envie de se faire mousser

Ce sont là autant de questions suscitées par l’incident du marché de Lambaréné. Au-delà des dérives verbales d’une quadragénaire connue sous le pseudonyme de Tata Bertille, il faut interroger la capacité de chacun à connaître son rôle et à agir conformément aux procédures, dans le respect des institutions. Sans céder à l’envie de se faire mousser, il faut se demander si chacun sait établir le distinguo entre «nationalisme» et «patriotisme». Pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, il faut se garder de commentaire tout à trac et rechercher la portée de ces deux concepts. En son article 7, la Constitution reconnait la société civile comme «une des composantes de l’expression de la démocratie pluraliste et participative». En son article 17, elle garantit à «tout étranger qui se trouve régulièrement sur le territoire national», à sa famille comme à ses biens, «la protection de la loi». Si les citoyens peuvent se saisir de certaines questions, ils ne se substituent pas pour autant aux autorités légales. Si les nationaux peuvent être prioritaires, les expatriés n’en conservent pas moins des droits.

Pour préserver la cohésion et la paix sociale, ces droits font obligation de traiter autrui avec dignité. A l’hôpital, au marché, à l’école…, ils doivent être respectés. Quand des dispositions spécifiques sont prévues, il faut en demander l’application. Pour ce faire, il faut en référer aux personnes compétentes, investies de l’autorité de l’Etat. Pour rien au monde, chacun ne peut dicter sa loi. Sous aucun prétexte, nul ne doit se faire justice. Personne ne doit se donner le rôle de tribun de la plèbe sans en avoir mandat ou pouvoir légal. Aux habitants du Gabon, nationaux ou expatriés, il faut rappeler cette réalité :  l’organisation et le fonctionnement de la société obéissent au droit, établi pour prévenir les conflits, régir les relations entre les individus et les institutions.

Réfléchir à deux fois, tourner sa langue sept fois

Aux nationaux et expatriés vivant au Gabon, il faut le redire : si le droit est un pilier de la vie en société., il indique à chacun jusqu’où ne pas aller trop loin. Ainsi, est considéré comme une discrimination, «toute distinction opérée de façon directe ou indirecte, entre les personnes sur le fondement de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique». Est considéré comme trouble à l’ordre public, toute action ou comportement de nature à perturber la tranquillité et la sécurité dans un espace public, par des actes de violence, des nuisances sonores ou encore des menaces à la sécurité des personnes et des biens. Dans l’un et l’autre des cas, les auteurs de tels actes s’exposent à des sanctions pouvant aller de l’amende à une peine d’emprisonnement voire au cumul des deux. C’est dire s’il faut réfléchir à deux fois avant de donner corps à certaines initiatives. C’est aussi dire s’il faut tourner sa langue sept fois avant de s’exprimer. C’est enfin dire s’il vaut mieux agir dans un cadre formel et organisé, associatif ou institutionnel.

Comment prévenir de dérapages  à venir ? En mettant en place un cadre juridique et institutionnel, l’Etat a joué sa partition. Même si tout cela peut être amélioré, il appartient aux acteurs de s’en saisir : les détenteurs  de l’autorité publique doivent appliquer la loi sans céder aux sirènes de la corruption ; les populations et professionnels des différents secteurs doivent s’organiser en groupes capables de défendre leurs intérêts ; la société civile doit songer à un mécanisme d’auto-régulation. Comme dit un proverbe bien connu : «Chacun son métier et les vaches seront bien gardées». C’est la seule manière de permettre à chacun de trouver sa juste place… à l’hôpital de Ntoum ou au marché de Lambaréné.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Maganga Octave dit :

    Elle a eu son quart d’heure de célébrité. Elle doit être contente. Mais semelle s’instruire un peu

  2. Dolsy dit :

    MERCI ! Je suis tellement sidérée de voir comment plusieurs personnes louent et justifient un tel comportement. Elle doit être interpellée cette dernière. Tout ça pour faire le buzz et se targuer d’être l’influenceuse qui fait trembler la toile internationale ! Pffff!!! Est-elle d’abord une influenceuse ?

  3. ELIWA dit :

    Vue ici,qu’il s’agit de rendre la dignité aux gabonais en outre par la réapropriation des petits métiers et notamment ceux exercer dans l’informel par nos « hypocrites » d’amis expatriés…
    Ne faudrait-il pas aussi penser à former nos « pseudo influenceurs » exerçant en toutes illégalité ? …fussent-ils à la solde de l’état ou pas.
    Je dis ça, je dis rien !

  4. Moussavou Ibinga Jean dit :

    « Toute atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne ou d’un corps
    dépositaire de l’autorité ou de la force publique commise par parole injurieuse, diffamations ou menaçantes, écrits, dessins ou gestes, constitue un outrage. » (Article 157 du Code pénal gabonais).
    « L’outrage commis publiquement envers les cours, les tribunaux, les armées, les corps
    constitués et les administrations publiques sera puni d’un emprisonnement de un mois à deux ans et pourra l’être, en outre, d’une amende d’un montant maximum de 300.000 francs. » (Article 160 du Code pénal gabonais).
    Donc, pour avoir traité publiquement le délégué spécial de corrompu, la folle furieuse de Lambaréné et son complice Eric Otsétsé sont passibles de cette sanction.
    Oligui doit nous dire si le pays est dirigé maintenant par les fameux activistes ou par les institutions. ça commence vraiment à faire désordre tout çà… Où sommes nous maintenant ? Est-ce que le Gabon est encore un Etat organisé ? C’est ça la fameuse restaurations des institutions ? Ou bien les nouvelles institutions sont Aminata Ondo, Georges Mpaga, Eric Otsétsé, Tata Bertille… Qu’Oligui nous dise…

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