Pharmacies : la nouvelle liste de médicaments remboursables fait grincer les officines

Le Gabon s’apprête à appliquer, dès le 1er novembre 2025, une nouvelle liste de médicaments remboursables par la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Mais entre un texte officiel ambitieux et la réalité du marché pharmaceutique, le climat est tendu : plusieurs pharmaciens annoncent qu’ils limiteront leur collaboration avec la Caisse.

Sans définition claire du terme «générique», la nouvelle liste CNAMGS risque de faire grimper le coût des soins pour les patients les plus fragiles. © Goamobile.com
Depuis la signature, le 17 mars 2025, de l’arrêté ministériel fixant les nouvelles règles de remboursement, la réforme du remboursement des médicaments par la CNAMGS se heurte à un problème simple mais lourd de conséquences : elle n’est pas prête à être appliquée dans les conditions actuelles. Les documents internes de la CNAMGS ayant fuité et les témoignages recueillis décrivent des retards de communication, des promesses financières non tenues et un marché local mal aligné sur les exigences de la nouvelle liste. À quelques semaines de l’échéance, la tension monte entre la Caisse et les officines.
Une réforme claire sur le papier. Un marché mal préparé
L’arrêté n°000361/MAS/MS prévoit des remboursements à 80 % pour les maladies courantes, 90 % pour les affections de longue durée et 100 % pour les femmes enceintes. Les médicaments dits «princeps» (les originaux) ne seront remboursés qu’à 50 % lorsqu’un équivalent générique est disponible. L’objectif est de réduire les dépenses publiques et de favoriser l’usage des génériques.
Des informations internes ayant fuité de la CNAMGS montrent que la mise en œuvre de cette réforme pose problème. Selon une source proche du dossier, les génériques en DCI (sans marque) ne représentent qu’environ 2 % du marché gabonais. La majorité des produits sont des «génériques de marque», souvent assimilés à des princeps dont le prix a simplement baissé. Du fait que l’arrêté ne définit pas clairement le terme «générique», de nombreux médicaments pourraient se retrouver remboursés à seulement 50 %, ce qui ferait disparaître les exonérations pour femmes enceintes et patients atteints de maladies chroniques.
Des tensions entre pharmaciens et CNAMGS et un risque pour les patients
Toujours d’après des sources interne de la Caisse, les pharmaciens déplorent des promesses non tenues : retards de paiement, absence de réunions techniques et manque de communication officielle. La direction de la CNAMGS, accusée de se consacrer à des activités politiques, n’aurait pas répondu aux demandes de concertation. Résultat, plusieurs officines préviennent qu’elles «n’ouvriront plus de discussions» avec la Caisse et se contenteront d’appliquer la liste telle quelle, tout en laissant l’opinion publique juger.
Si rien ne change, les assurés paieront plus cher, même les catégories censées être protégées. L’article 5 de l’arrêté, qui impose que certains médicaments soient fournis par les pharmacies hospitalières, ajoute un défi logistique alors que toutes les structures n’ont ni stocks ni organisation adaptés.
Grosso modo, si la réforme vise une meilleure maîtrise des dépenses de santé, il reste que l’absence de cadre juridique clair et le manque de dialogue avec les pharmaciens risquent d’en faire une source de mécontentement populaire et de tensions entre l’État, les officines et les assurés.

1 Commentaire
Comment, sous la Ve République, existe-t-il toujours ce manque de communication entre les agences de l’Etat et leurs partenaires? Cette situation n’aura d’effets que de paralyser l’action sanitaire du Gouvernement et faire subir aux assurés des couts élevés de médicaments, avec les conséquences funestes qui suivront pour ceux qui n’auront pas les moyens de s’acheter des médicaments.
L’homme qu’il faut à la place qu’il faut! on ne va pas à chaque fois faire appel à l’arbitrage du Président de la République parce que certaines personnes estiment avoir son soutien et pensent pouvoir agir comme bon leur semble!