Pour sévir, il faut pouvoir se baser sur des preuves de négligence de la part de la Société d’exploitation du Transgabonais. Or, pour remplir correctement sa mission de contrôle, l’Autorité de régulation des transports ferroviaires est limitée dans ses moyens techniques. L’ARTF ne dispose par exemple ni de « Plasser » (bourreuse) ni de draisine, et se contente des informations que Setrag veut bien lui fournir pour construire son analyse de l’état actuel du chemin de fer gabonais.

Les techniciens de l’ARTF ne disposent pas de moyens techniques pour un contrôle efficace. © Facebook/ARTF Gabon

 

À la suite de la collision, le 10 octobre, à la gare de Ndjolé entre une draisine et le wagon vide d’un train minéralier en stationnement, l’ARTF s’est senti le devoir de convoquer les responsables de Setrag pour une réunion de crise à son siège au pont Nomba, à Owendo. Si Prosper Ekomesse Nguema a dit sa réprobation à Christian Magni (DG intérimaire de Setrag) au sujet de la récurrence des accidents sur la voie ferrée, le secrétaire exécutif de l’ARTF n’a pas caché son impuissance face à cette situation.

La structure dont il a la charge ne dispose pas de preuves permettant d’attester de la négligence ou non de son partenaire qui assure par ailleurs faire de son mieux pour limiter au maximum les dégâts, à cause d’une infrastructure plus que vieillissante qui fait l’objet depuis quelques années d’un programme de remise à niveau (PRN) financé en partie par l’AFD. Qu’on se le dise, l’ARTF ne dispose pas d’outils techniques lui permettant de remplir correctement sa mission de contrôle du chemin de fer et des activités de l’exploitant du Transgabonais.

Pas de bourreuse ni de draisine

Si les techniciens de l’ARTF parviennent encore tant bien que mal à faire leur travail d’analyse, ces derniers sont bien limités lorsqu’il s’agit de descendre sur le terrain, et sont souvent contraints à attendre les seules informations que la Setrag veut bien mettre à leur disposition. «À ce jour, reconnaît l’un d’eux, nous nous contentons des diagnostics à sens unique transmis par la Setrag elle-même. Lesquels pourraient être volontairement tronqués».

Aujourd’hui en effet, le régulateur des transports ferroviaires ne dispose ni de bourreuse (Plasser) ni de draisine, deux appareils servant notamment à l’inspection des lignes ferroviaires. Or, au secrétariat exécutif, on l’assure : «Il est impérieux pour l’ARTF de se doter, le plus rapidement possible, d’une Plasser (bourreuse) et d’une draisine afin de s’assurer elle-même de l’application de l’ensemble des recommandations formulées, d’opérer des contrôles contradictoires sur la voie et de poser ses propres diagnostics en vue de résorber le problème des déraillements à répétition des trains.»  Espérons que les plus hautes autorités comprennent la nécessité d’autonomiser davantage cette structure.

 
GR
 

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