Une juge d’instruction parisienne a lancé, en mai, une commission rogatoire internationale visant à auditionner, à Libreville, ses homologues chargés de l’affaire Brice Laccruche Alihanga. Poursuivi pour concussion, association de malfaiteurs, détournement de fonds publics et blanchiment, l’ancien directeur de cabinet du président gabonais est maintenant accusé d’avoir usurpé de la nationalité gabonaise. Une semaine après la décision de la Cour de cassation, le quotidien français Libération conte imbroglio juridico-diplomatique entre le Gabon et la France, interrogeant un «Gabaoexit» de la Françafrique alors qu’Ali Bongo est en séjour à Londres.

L’article de Libération (en médaillon) parait alors qu’Ali Bongo a rencontré le prince Charles et visité les jardins botaniques royaux de Kew près de Londres, en Angleterre. © D.R.

 

La justice française va-t-elle juger la justice gabonaise, s’est interrogé dans sa parution du 30 septembre, le journal français Libération. Le quotidien français réputé du centre-gauche semble d’ailleurs répondre par l’affirmative. Assurant qu’«un imbroglio juridico-diplomatique est en train de faire tanguer la Françafrique», le journal rappelle qu’Elodie Maryanne, une juge d’instruction parisienne, a lancé en mai une commission rogatoire internationale visant à auditionner, voire mettre examen, certains de ses homologues à Libreville. La commission, poursuit le journal, fait suite à une plainte déposée par l’avocat de Brice Laccruche Alihanga (BLA) l’an dernier en France pour séquestration et détention arbitraire.

Au Gabon, l’ancien directeur de cabinet (dircab) du président Ali Bongo est derrière les barreaux depuis décembre 2019. D’abord poursuivi pour concussion, association de malfaiteurs, détournement de fonds publics et blanchiment, ce français de naissance est maintenant accusé d’avoir usurpé la nationalité gabonaise. Alors qu’au Gabon on soutient que la justice française n’a aucune légitimité sur cette affaire, l’avocat français du dircab déchu appelait, en mai dernier, le Quai d’Orsay à «s’emparer» de ce dossier au nom, sans doute, du droit international. Dominique Inchaupsé qui surfe sur la nationalité française de Brice Laccruche Alihanga et même de son petit frère Grégory du même patronyme qui, pour sa part, n’est jusqu’à présent pas poursuivi pour usurpation de la nationalité, demande aux autorités françaises, souligne le journal, «de se démener au plus vite en faveur de ses deux ressortissants».

L’expression de la Macronie ?

La France réagira-t-elle ? Des sources bien introduites affirment que le cas Brice Laccruche Alihanga est bien scruté au Quai d’Orsay, d’autant plus que s’il est dépossédé de sa nationalité gabonaise, seule sa nationalité française comptera. L’ancienne puissance coloniale aura donc la légitimité d’interférer dans ce dossier. Mais alors que la publication de l’article du quotidien français paraît une semaine après le rejet, par la Cour de cassation, des exceptions soulevées par les avocats du dircab déchu, à Libreville certains observateurs s’interrogent sur l’opportunité d’une telle publication. «Le récent procès de BLA s’est passé il y a plusieurs jours maintenant. Pourquoi c’est seulement aujourd’hui que ça sort ?», a questionné Télesphore Obame Ngomo, analyste politique, auteur cinq jours auparavant d’une chronique sur le sujet intitulée «L’amertume du cas BLA». Commentant l’article de Libération avec la rédaction de GabonReview, celui-ci fait d’ailleurs le parallèle avec la virée d’Ali Bongo à Londres.

En effet, bien qu’on n’en parle plus depuis lors, le Gabon a fait acte de candidature au Commonwealth. Dans les salons feutrés, il se disait que certains partenaires francophones du Gabon n’appréciaient pas cette ouverture au monde anglophone de l’ancienne colonie française. Certains qui y ont vu un message envoyé à la France et au monde francophone, relevaient même que c’était une manière de répudier la France ou de la mettre en concurrence. Ont-ils eu raison ? Si la décente au palais du Bord de mer de Louise Mushikiwabo, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), juste après l’acte de candidature du Gabon au Commonwealth, et le post d’Ali Bongo après sa rencontre avait Louise Mushikiwabo avaient suscité bien d’interrogation, la publication de Libération rend elle aussi dubitative.

Peur d’un «Gabaoexit» de la Françafrique ?

«Le Gabon a entamé des démarches pour adhérer au… Commonwealth, la perfide Albion ne perdant pas une miette du pataquès en cours. Un «Gabaoexit» de la Françafrique ?». S’interroge le journal français. Pour rappel l’Angleterre est souvent appelée «perfide Albion» par les Français en raison d’une violation par le passé du code d’honneur de la chevalerie.

S’agit-il donc d’un frémissement de la France alors que le président gabonais s’est, une fois de plus, rendu à Londres où il a fait une excursion dans les jardins botaniques royaux de Kew à Londres, guidée par SAR le Prince Charles ? Animateur d’une chronique politique fort populaire dans les réseaux sociaux, l’analyste politique Télesphore Obame Ngomo, estime que cette sortie d’Ali Bongo avec le prince Charles pourrait avoir déplu à l’Élysée après les différents coups que l’Angleterre a fait à la France, notamment avec l’affaire récente des sous-marins dans laquelle Londres aurait manœuvré en faveur de ses intérêts militaires.

Alors que l’article du quotidien français fait passer le chef de l’Etat gabonais pour un ‘’bandit’’, en imputant, de façon hypothétique, les faits de détention arbitraire en bande organisée aux autorités gabonaises dont «Ali Bongo en personne», le chroniqueur gabonais sus cité pense  que c’est une manière de montrer au prince Charles qu’il navigue avec «un bandit, un dictateur» «C’est pour étouffer la sortie d’Ali Bongo», croient savoir des commentateurs. Ceux-ci estiment que «les gens comme le prince tiennent à leur image». En clair, pour le chroniqueur gabonais, «s’afficher avec un mec à la réputation sulfureuse est politiquement toxique». Quel plan poursuit donc la France et ses médias ? Wait and see.

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GR
 

16 Commentaires

  1. Ondo dit :

    Il y a une personne qui commente souvent les articles de Gabonreview,et qui nous invite souvent à la prudence vis à vis des français. Je crois que cette personne n’a pas tort.

    Je ne sais pas ce que vise les français, mais c’est louche tout ça.Brice Laccruche Alihanga serait sorti de prison depuis si la France l’avait souhaitée. Alors, à quel jeu joue t’elle ?

    Autre chose: Ali Bongo, même à Londres, ce n’est pas lui. Le flou demeure quant à savoir réellement s’il est mort ou vivant ou légume. Tout est opaque, bien caché.

    Que fait-il (lui ou son sosie) à Londres ? Je pense qu’il vend notre pays comme bon lui semble. Ou plutôt que font-ils à Londres (Sylvia Valentin doit aussi s’y trouver). Peut-être aussi pour régler les ennuis judiciaires de son fils adoptif Nourredine.

    Si toutefois c’est le sosie qui se trouve à Londres, direz-vous que Sylvia Bongo s’y trouve aussi. Lee White doit aussi y être. Et n’oublions pas que Lee White connaît très bien le Prince Charles. Tout ce qui se passe actuellement caché beaucoup de choses qui ne sont pas forcément bonnes pour notre pays. Quand on entretien le flou dans la tête des gabonais, ça veut dire qu’il y a quelques choses qui se trame. Disons les choses clairement: notre pays ne nous appartient plus. C’est vraiment entre les mains d’étrangers. Et c’est bien regrettable tout ça.

    • Paul Bismuth dit :

      @ Ondo
      Vous êtes d’une bêtise affligeante. Ali est bien vivant. Quant à Nourredine, celui-ci est bien son fils biologique, jusqu’à preuve du contraire.

      • yaali dit :

        un si long texte pour debiter ce genre de blabla.
        c est en effet vraiment affligeant de lire ce genre de commentaire.Toujours à vivre dans le déni et à se specialiser dans les questionnements et les rumeurs inutiles. Vous n’avez pas aimer ali et sa tribu mais essayer d eviter de passer pour un immature.

  2. Celestin dit :

    Tout ça nous éloigne de la réalité. Où est vraiment Ali Bongo qui voyage désormais en catimini ?

  3. Cashsuper dit :

    En réalité la famille Bongo tiens la France par les couilles. Les journaux français de tout bord même les televisions ont toujours tiré à boulet rouge sur Ali mais la France reste impuissante devant tous les actes d humiliation que ce type lui fait subir.

    • Edouard Mezui dit :

      @Cashsuper, c’est mal connaître les français que d’écrire qu’Ali Bongo tiens la France. C’est plutôt cette France qui s’amuse avec les Gabonais. La décision d’entrer au Commonwealth, a t-elle seulement été approuvé par les Gabonais ? Je suis toujours convaincu que les Français cachent la mort d’Ali Bongo. Ils veulent juste peaufiner l’annonce de son décès et préparer son successeur. Ne vous attendez à aucune élection présidentielle crédible en 2023.

  4. Julien dit :

    Et si tout ça n’était que du SIMULACRE qu’on voudrait nous faire avaler ? Comment un homme ADOUBE par la France pour être PRÉFET du Gabon aux ordres de Paris pourrait-il OSER défier son Seigneur (la Françafrique) ? Il y a ÉNORMÉMENT de mensonges dans tout ce qui se passe actuellement au Gabon. 2023 approche, la vérité sortira…

  5. de kermadec dit :

    On ne compte plus les gens qui crient « Au loup ». Combien de personnes viennent cracher leur rancoeur ou leur ignorance à travers les médias, sans aucune connaissance des véritables problèmes; ils ne disent que ce qu’ils veulent dire, n’entendre que ce qu’ils veulent entendre, bref, ils pratiquent la politique de l’autruche (c’est plus simple). Qu’ils sachent une chose, même si cela les dérange, vous ne pouvez rien faire contre la bêtise humaine, cela a toujours exister et existera tant que la race humaine sera sur terre. Il y a les « pro bongo » et les « anti bongo » et tant que ces deux clans s’affronteront ouvertement et, même parfois, sans raison, le GABON ne retrouvera jamais sa souveraineté. Même si on n’est pas d’accord avec son voisin, il faut apprendre à le respecter, essayer d’ouvrir un dialogue constructif, c’est cela que l’on appelle « la démocratie, le respect » malheureusement combien de pays, de dirigeants, de personnes se font passer pour des démocrates mais en réalité, ne le sont pas, refusent toute opposition (suivez mon regard). J’arrête là-dessus car j’en ai trop à dire.

  6. Édouard Mezui dit :

    Ils vont nous imposer un valet comme d’habitude. Même si ce n’est plus un Bongo, ce sera un(e) qui sera obligé d’obéir aux ordres du Quai d’Orsay. Depuis qu’il y a élections présidentielles au Gabon, il y a et aura toujours une mascarade. En fait, en nous en prenant au clan Bongo-Valentin, nous nous trompons de cible. La cible principale c’est la francafrique.

  7. Ernest dit :

    Tout ce qui se passe actuellement, c’est pour brouiller les cartes comme on dit. C’est pour continuer à gagner du temps avant la nouvelle tricherie de la prochaine présidentielle. Eux ils connaissent déjà qui sera leur nouveau valet.

  8. Paul Bismuth dit :

    Pensez-vous vraiment que le monde ait attendu cet article d’un journal français orienté centre-gauche pour s’apercevoir que ce petit pays d’Afrique centrale est une dictature ? Pour vous faire une petite idée souvenez-vous des mots de Manuel Valls, alors premier ministre de la France, qui déclarait que Ali n’avait pas été élu comme on pouvait l’entendre ; ou bien de ce reportage sur le clan Bongo paru sur la télévision française après la seconde élection de Ali, et qui est loin de présenter ce dernier comme un grand démocrate.

    Il se peut effectivement que Libération avec son article obéisse à une « commande publique ». Pour autant je considère que Ali se destabilise et se decredibilise tout seul avant tout par son accession dans des conditions controversées à la magistrature suprême, sa gestion cahotique de la chose publique et son déni à l’égard des droits et libertés fondamentaux.

    La couronne du Royaume-Uni , comme nombre d’acteurs politiques internationaux, n’y voit, à proprement parler, que les intérêts économiques et financiers qu’elle peut obtenir de sa relation avec le Gabon.

    Quant à l’affaire BLA à proprement dit, j’ai toujours considéré au regard de la lenteur de la procédure qui la concerne qu’il y avait là quelque règlement de compte politique. Après tout est-ce si impossible dans un lieu où le pouvoir judiciaire est sous influence du magistrat suprême de la République ? D’aucuns se réjouissent, pour de bonnes ou mauvaises raisons, de la chute de BLA.

    Cependant je ne peux m’empêcher de penser à ce mot de Benjamin Constant, philosophe et juriste français qui déclarait : »Lorsque l’arbitraire frappe tous ceux qui lui sont suspects, tout ce qui n’est pas dépourvu d’intelligence se croit menacé et avec raison. » Un juge de par sa fonction est censé faire du droit, pas de la politique. Il se doit donc d’agir sine ira et studio.

  9. yaali dit :

    un si long texte pour debiter ce genre de blabla.
    c est en effet vraiment affligeant de lire ce genre de commentaire.Toujours à vivre dans le déni et à se specialiser dans les questionnements et les rumeurs inutiles. Vous n’avez pas aimer ali et sa tribu mais essayer d eviter de passer pour un immature.

  10. Moutouki dit :

    Après une belle intervention de Paul Bismuth ( pas Sarkozy) ne pas reconnaître que le régime gabonais est tout sauf démocrate et a failli dans tous les domaines serait preuve de cécité intellectuelle. Je rentre du Gabon oh diantre que dis je de notre pandémonium de pays car tout est en lambeaux (routes défoncées écoles universités en décrépitude pauvreté galopante confiscation des libertés publiques avec persistance d un couvre feu qui ne se justifie plus sans parler des exactions policières et de la militarisation du Gabon avec des camions de la GR qui a confondu ses missions ,postés à tous les carrefours ) bref comment Ali et sa bande peuvent ils bloquer l avenir d un pays alors qu ils ne font rien pour redorer son blason et faire avancer le Gabon . Ils se contentent d occuper le fauteuil s engraisser et la population s appauvrit à la vitesse grave V ( d ailleurs a t elle déjà profité des richesses du pays depuis bongo père ? ) aujourd’hui le pays est aux mains des étrangers avec la bénédiction des tenants du pouvoir . La tristesse se lit au quotidien mais ceux qui ont voulu confisquer le pouvoir au mépris du développement du pays et du bien être des gabonais s en préoccupent guère . La théorie du remplacement des gabonais par les étrangers est en marche au pays . Bientôt on sera minoritaire si on ne l est pas déjà au Gabon . La faute aux tenants du régime . Vivement que cesse ce cauchemar.

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