Accusé d’avoir empoché 600 millions de francs CFA pour des travaux portant connexion des établissements d’enseignement primaire et secondaire du Gabon jamais été effectués, Alain Bâ Oumar a été condamné le 7 décembre par la Cour d’appel de Libreville à un an de prison avec sursis, assorti d’une amende d’un million de francs CFA. Pourtant, selon l’entourage du condamné, la sanction qui fait actuellement les choux gras de la presse doit être replacé son vrai contexte. N’étant pas la résultante d’une comparution à la task force sur la dette, il s’agirait en réalité de la vengeance d’un ancien ami.

La toute récente condamnation d’Alain Ba Oumar (à d.) n’est pas la résultante de la task force sur la dette, dirigée par Pierre Duro (à g.), plutôt un micmac financier entre anciens amis. © Gabonreview

 

Il ne s’agit nullement des conclusions d’un audit de la task-force sur la dette intérieure et encore moins d’un conflit opposant la Confédération patronale gabonaise (CPG) à une entité publique, à en croire l’entourage d’Alain Bâ Oumar. Dignes de foi, ses proches soutiennent qu’il ne s’agit d’une affaire strictement privée entre deux anciens partenaires dans l’entreprise IG télécom : Pierre Duro et Alain Bâ Oumar.

Le premier, expert-judiciaire, est actuellement chef de mission de la task-force sur la dette intérieure, le second président de la CPG. En 1996, lorsque Ba Oumar créé la société Internet Gabon devenue IG Telecom, les deux hommes entretenaient des liens familiaux. Fort de ces liens, Pierre Duro organisera un rendez-vous pour faciliter l’obtention, par cette société, de l’autorisation de démarrer ses activités, en partenariat avec l’Office des postes et télécommunications (OPT).

En 2004, explique l’entourage, la société évolue d’un capital initial de 2 millions de francs CFA à 400 millions. Par voie de conséquence, un tour de table modifie alors la composition de son actionnariat qui qui n’en restera pas moins dominé par Alain Ba Oumar. Celui-ci, selon l’un de ses confidents, décide alors «de céder gracieusement 3% du capital (12 millions de francs CFA) à Pierre Duro en reconnaissance pour le service rendu en 1996». En mi 2013, avec un important contrat qui devait fortement augmenter l’activité de la société, Alain Ba Oumar propose à Pierre Duro de racheter ses 3% d’actions, «tout en s’engageant à revaloriser ce paiement en plusieurs tranches par la suite, à la conclusion de l’important marché qui était en cours de discussion et devait lui rapporter personnellement de l’argent».

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Rachat des actions par Alain Ba Oumar

Un acte de cession immédiate des 12 millions de francs CFA (les 3% du capital) est alors signé avec Pierre Duro, puis enregistré et mis en œuvre selon les formes juridiques prescrites en la matière par un cabinet. L’idée, rendre immédiat le rachat des actions par Alain Ba Oumar. Un autre accord de cession «non daté» sera tout aussi signé entre les deux parties sous seing privé. Il devait être enregistré et mis en œuvre au terme de la négociation du marché attendu et la mobilisation des fonds y relatifs, et prévoyait la revalorisation future du rachat des actions à 300 millions de francs CFA au lieu des 12 millions initiaux.

«En clair, Alain Ba Oumar proposait, dès l’aboutissement des démarches en cours, de payer en plusieurs tranches 300 millions de francs à Pierre Duro pour lui racheter les actions qu’il lui avait donné gracieusement quelques années plus tôt», explique le confident selon qui, ce deuxième accord qui devait être daté et enregistré au terme de son exécution, pour remplacer le premier portant sur la somme de 12 millions de francs CFA. En février 2014, Alain Ba Oumar verse à Pierre Duro un acompte de 150 millions de francs CFA en deux chèques Bicig de 75 millions de francs CFA. Il restait donc à payer 150 millions «dès que possible, puis rendre officiel le nouvel accord en l’enregistrant». Mauvais rebondissement dans ce conte le projet escompté par Alain Ba Oumar, et sur lequel était basé cet accord, n’est plus allé à son terme. Résultat, indique la source,  «Alain Ba Oumar n’était plus en mesure de solder les 150 millions de francs restant à son ancien partenaire».

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Compromis et entente

Ba Omar propose alors à Pierre Duro de lui restituer les 3% d’actions rachetées tout en le dispensant de rembourser les 150 millions de francs encaissés. «Il s’agissait donc pour Duro, actionnaire passif depuis 14 ans qui n’a rien apporté d’autre à la société que la facilitation d’un rendez-vous, certes important au lancement de ses activités, de récupérer le beurre et l’argent du beurre. Donc les 3% de parts du capital tout en gardant la somme de 150 millions». Duro accepte l’offre généreuse et demande que les actions rétrocédées soient, cette fois, inscrites «au nom de son épouse actuelle». «Ce qui a été fait par le même cabinet juridique sur instructions d’Alain Ba Oumar, à la suite de quoi tous les documents afférents à cette nouvelle transaction (titres et actes de cession au nom de Mme Duro) ont été transmis à Pierre Duro pour signature par son épouse», indique la même source.

Numérotées de 2 501 à 6 000, ces actions seront inscrites par anticipation sur le registre de la société IG Télécom au nom de l’épouse qui n’aurait à ce jour jamais retourné les documents. Fin 2019, feignant l’oubli du compromis entre les deux parties, Duro réclamera à Ba Oumar la somme restante de 150 millions de francs CFA, à en croire l’entourage de Ba Omar. L’affaire est finalement portée devant le tribunal de Commerce de Libreville, en septembre 2021. «Pierre Duro cache l’existence du compromis trouvé avec Alain Ba Oumar, et réclame la somme de 150 millions de francs restante, dans le cadre de l’accord initial sous seing privé», explique un autre proche de l’actuel patron de la CPG.

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Coup de théâtre

Le 17 septembre 2021, Pierre Duro est débouté de toutes ses demandes et condamné à payer à Alain Bâ Oumar la somme de 15 millions de francs CFA au titre des «dommages et intérêts pour action malicieuse». Plutôt que de faire appel de la décision du Tribunal de Commerce qui lui était défavorable, il entreprend de déposer une nouvelle plainte, cette fois contre X pour faux et usage de faux au Parquet du Tribunal correctionnel de Libreville. C’est ainsi Ba Oumar en vient ainsi à être condamné pour «faux et usage de faux». Il a fait appel de la décision. Si l’affaire fait actuellement les choux gras de la presse, l’entourage souligne et rappelle la présomption d’innocence de l’ancien partenaire de leur parent. Celui-ci assure d’ailleurs faire confiance en la justice pour la suite de cette affaire commerciale devenue pénale.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Gaston JB dit :

    Toujours est-il qu’il a détourné de l’argent, c’est un vol. Il mérite la prison et plusieurs années d’ailleurs. Sauf que je ne comprends pas pourquoi une personne la justice condamné à une peine de sursis et un million a rembourser a une voyous qui a détourné une somme de 600 millions sans état d’âme. C’est une façon d’encourager les détournements. Ah quel bon pays le Gabon, car finalement il est mieux de détourner

  2. Serge Makaya dit :

    Pauvre Gabon. A Ntare Nzame!!

  3. OGOULA dit :

    Mr BA OUMAR Alain n’est pas a son premier coup d’essai,que ARCEP ET ANINF s’intéresse aux activités de ces sociétés car il ne reverse pas les redevances….

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