Si le scandale au centre duquel se trouve le ministre du Pétrole est avéré, celui-ci sera sanctionné, a indiqué le porte-parole de la présidence de la République lors d’une conférence de presse ce 14 septembre. Accusé de tentative de corruption, la tolérance zéro pourrait s’appliquer à lui. En attendant, le silence du gouvernement sur cette affaire se fait entendre.

Ministre du Pétrole, Vincent de Paul Massassa est au centre d’un scandale financier qui défraie la chronique. © D.R.

 

Alors que l’affaire fait grand bruit et que le gouvernement réagit par un silence assourdissant, le porte-parole de la présidence de la République a commenté, avec prudence, cette actualité ce 14 septembre au cours de sa conférence de presse.

S’il a d’entrée précisé qu’il n’est pas habilité à s’exprimer sur les discussions ayant cours en Conseil des ministres, il a tout de même rappelé qu’une politique de tolérance zéro existe au Gabon, applicable aux indélicats. «Il y a une volonté politique du président de la République, depuis le premier mandat, de ne pas laisser ce type de pratiques, si elles existent, prospérer», a déclaré Jessye Ella Ekogha, non sans rappeler les opérations Mamba et Scorpion qui en sont l’illustration. «On a un travail qui a été fait en amont pour éviter de tels scandales», a commenté le porte-parole de la présidence de la République évoquant à l’occasion la création de l’Autorité nationale de vérification et d’audit (Anavea), le renforcement de l’Agence nationale d’investigation financière (Anif), le renforcement de la direction générale des Marchés publics et le travail mené par le ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance et de la Lutte contre la Corruption.

Qui le tweet de Nkéa visait-il ?

Le tweet de Francis Nkéa qui en dit long. © Capture d’écran/Gabonreview

Ministre, justement, de la Promotion de la Bonne gouvernance et de la Lutte contre la Corruption, Francis Nkea Ndzigue taguait, il y a environ 3 semaines, dans un tweet, le président Ali Bongo et son Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda. S’agaçant des actes de corruption au sommet de l’État, il évoquait une révélation onde de choc. «Suite à la révélation de plusieurs cas de détournements perpétrés ces derniers temps au sommet de l’Etat, le ministre tient à rappeler que le président de la République conduit actuellement une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption», avait-il twitté. Si depuis lors Francis Nkea n’a pas rendu publique la révélation à laquelle il faisait allusion, le timing laisse penser qu’il s’adressait implicitement à son collègue du Pétrole, du Gaz, et des Mines.

Pour rappel, le chef du gouvernement gabonais aurait, il y a deux mois, exprimé son mécontentement après que le ministre du Pétrole a tenté de faire déposer, à son cabinet, des sacs de billets de banque. Agacée par les actes de corruption auxquels serait habituée son équipe, Rose Christiane Ossouka Raponda aurait, en plein Conseil des ministres présidé en visioconférence par Ali Bongo, «pété les plombs» au point d’indexer vertement Vincent de Paul Massassa, accusé d’avoir posé un acte répréhensible.

Flou, motivations, montant repoussé et craintes

Le coup de gueule d’Ossouka Raponda ne la met-elle pas aussi en délicatesse ? © D.R.

Pendant que l’opinion se demande si la tolérance zéro sera effectivement appliquée à Vincent de Paul Massassa, Jessye Ella Ekogha a indiqué, lors de sa conférence de presse, que «si ces faits sont avérés, il y aura une sanction».

Face au flou subsistant autour des motivations qui auraient animé le ministre du Pétrole, certains affirment qu’il voulait aider le chef du gouvernement à s’imposer, un peu plus, politiquement dans sa province (l’Estuaire), tandis que d’autres soutiennent qu’il aurait mal perçu un message du chef du gouvernement lui demandant un peu plus de soutien de sa part. Dans l’opinion publique et dans quelques milieux bien informés, il se murmure que ces pratiques sont courantes, mais la faute de Vincent de Paul Massassa aurait été d’avoir usé d’un intermédiaire. Ce qui aurait fait penser à Ossouka Raponda qu’elle pourrait avoir été piégée. Le ministre du Pétrole aurait lui-même été le ‘transporteur’ que l’affaire ne se serait pas ébruitée, estime-t-on çà et là dans de nombreux salons feutrés.

Le montant repoussé par Rose Christiane Ossouka Raponda n’a pas été révélé. Mais, l’opinion espère que le gouvernement s’exprimera officiellement sur la question pour corroborer, ou pas, les faits reprochés au ministre toujours en fonction. En l’espèce, pour que Vincent de Paul Massassa soit inquiété, «il faut d’abord que le président de la République donne son accord pour qu’il soit poursuivi. Ce, après une demande introduite par le ministre de la Justice auprès du Conseil des ministres», explique un avocat. Si les faits sont avérés, la solidarité gouvernementale ne va-t-elle pas s’arc-bouter par peur de voir s’ouvrir la boite de Pandore ? Avec son fameux coup de gueule, Ossouka Raponda, qui aurait elle-même suscité l’acte dénoncé,  n’a-t-elle pas aussi risqué sa tête ?

 
GR
 

4 Commentaires

  1. SERGE MAKAYA dit :

    Et les clan Bongo-Valentin n’est JAMAIS sanctionné POURQUOI ?

    • Gayo dit :

      Rester pâtes blanches en gérant le secteur du pétrole au Gabon relève de l’impossible. Le premier acte de corruption et de trahison envers la patrie est l’engament ne pas regarder, s’intéresser ou attaquer les intérêts mafieux et criminelles de Ali Bongo et sa famille dans ce secteur au détriment des intérêts nationaux. Non sans vendre le pays à leurs partenaires étrangers.

  2. Lavue dit :

    Mon cher ancien Serge MAKAYA, avec ton expérience tu ne sembles pas avoir compris que c’est pas parce que je vole que tu dois voler. Chaque voleur à son juge. Celui des ministres et au hauts cadres de l’Etat c’est let Président de la République. Celui du Président de la République et son clan c’est celui qui l’a placé là où il se trouve ou plutôt le bon Dieu.
    Laisse le Président voler, il sera sanctionné à son tour par qui de droit. Ne l’imite surtout pas car vous n’êtes logés au même endroit. Donc retiens-le, c’est parceque ALI BONGO et son clan VALENTIN volent, que toi Serge MAKAYA tu dois devenir voleur. Ca veut dire que tu es non seulement un idiot, car tu imites des personnes condamnables mais tu dois être punis sévèrement.
    Tous ces ministres inutiles pour un pays d’à peine 2 millions d’habitants ne servent qu’à ça, s’en mettre pleins les poches si tu ne le sais. Le voleur c’est celui qui se fait pincer. Ce pauvre a été pris en flagrant délit, il sera sacrifié. Et ça il le sait, ca leur est enseigné dans la loge à laquelle il appartient. S’il fait le dos rond peut-être qu’il ne sera même pas sanctionné car la loge sait se montrer solidaire. Tous connaissent ces comportements. Pour eux, on fait de la politique pour ça d’abord.

  3. Jean Cruz dit :

    Dans le scandale inventé dit kévazingo gate, des secrétaires généraux ministériels, un Vice-président de la République, un Ministre et autres, ont été soit démis des fonctions ou suspendus à titre conservatoire. Le tout sans enquête ni présomption d’innocence, encore moins sans jugement.
    Mais ici, un ministre dénoncé par la Première ministre d’un gouvernement, non seulement le même gouvernement ne fait rien, et c’est le porte-parole du Président qui évoque des enquêtes et en suggérant maladroitement des sanctions du Président si les enquêtes sont avérées.
    Pourtant, en matière de telles pratiques ou des apparences de pratiques similaires, l’éthique et la responsabilité d’Etat commande que le ministre lui-même se retire et se met immédiatement à la disposition des services d’enquêtes.
    À se demander donc pourquoi ce cas est-il différent du Kévazingo gate et des mesures prises malencontreusement, et pourquoi c’est le Président qui doit sanctionner? Clairement et sans surprise, il se voit comment ce Gabon est gouverné aujourd’hui et à la risée du monde.

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