Le Collectif des cadres et intellectuels musulmans du Gabon estime que l’imam Ismaël Oceni Ossa doit continuer à assurer la fonction de président du Conseil supérieur des affaires islamiques (CSAIG). À la faveur d’une déclaration mercredi 27 septembre, il a rejetté la nomination de l’imam Benyamin Andjoua qui ne respecterait pas l’esprit de la Charte de la CMG selon laquelle le raïs est seul habilité à nommer un nouveau président. Or, le raïs est silencieux depuis sa déchéance.

Me Parafina Boussougou-Bou-Mbine (au centre) le 27 septembre 2023. © Gabonreview (Capture d’écran)

 

Au Gabon, le Collectif des cadres et intellectuels musulmans du pays assure qu’il ne peut pas être neutre dans la crise qui secoue la Communauté musulmane (CMG) et particulièrement, le Conseil supérieur des affaires islamiques (CSAIG). Après le bureau du CSAIG qui rejetait la nomination de l’imam de la grande mosquée de Franceville à la tête du CSAIG, ce collectif estime qu’«il faudrait que le CSAIG continue de fonctionner et que l’imam Ismaël Oceni Ossa continue d’en être président même s’il a manifesté le vœu de se retirer». A travers une déclaration le 27 septembre, ce collectif a expliqué qu’au fort de cette crise, il s’est rendu chez l’imam Océni désormais boudé et l’imam Benyamin Andjoua dont la nomination n’est pas actée.

Océni Ossa ou rien ?

Selon le porte-parole du Collectif, l’imam Oceni a expliqué qu’il voulait se retirer de la tête du CSAIG. Il dirigeait de moins en moins l’office religieux à la grande mosquée Hassan II et déléguait de plus en plus ses collaborateurs pour représenter le CSAIG lors des cérémonies officielles.  A la suite des événements du 30 août 2023 certains imams lui auraient demandé son avis sur la situation et il leur aurait fait part de son choix de quitter ses fonctions «dans les règles de l’art» en les invitant à une «large concertation». Sortis de cette entrevue, les imams ont fait la déclaration de la mosquée Hassan II qui a «jeté le trouble». Ils avaient décidé de désigner à la tête du CSAIG, l’imam de la grande mosquée de Franceville, Benyamin Andjoua. 

Selon Me Parafina Boussougou-Bou-Mbine, l’imam Andjoua et ses frères ont dit estimé pour leur part qu’il y avait urgence et que sa désignation était conforme aux préceptes de l’islam. Pour eux, vue le renversement du raïs et la volonté de l’imam Oceni de se retirer, «il y avait vacance de la fonction de président du CSAIG». Après avoir écouté les deux parties, le Collectif a estimé que la solution à la crise passe par «le respect scrupuleux des textes qui encadrent l’islam au Gabon : le Coran, la Souna mais surtout la Charte de la communauté musulmane du Gabon». Le Gabon étant une République laïque, affirme le porte-parole, «le droit musulman, la charia ne s’applique pas».

Instantané de la rencontre du 27 septembre. © Gabonreview (Capture d’écran)

Le respect de la Charte

Me Parafina Boussougou-Bou-Mbine qui rappelle que le CSAIG est une personne morale de droit privé régit par les lois de la République, note que le mode de désignation de ses différents membres est prévu par la Charte de la CMG. «Il n’existe aucun autre texte qui prévoit le mode de désignation du bureau du CSAIG et en conséquence, l’inexistence de tout autre texte que la Charte pour régir le fonctionnement du CSAIG doit obliger tous les musulmans à s’y conformer», a-t-il affirmé. Pour lui, le fait de ne pas se conformer à la loi, éloigne les musulmans de la voie et la tradition laissées par le prophète Mohamed. «Le respect de la loi n’est pas en option. C’est l’âme même de l’islam», a affirmé Me Parafina Boussougou-Bou-Mbine.

Pour lui, Ismaël Oceni Ossa «passera le témoin à qui de droit lorsque les conditions seront réunies». Seul habilité à nommer un nouveau président du CSAIG selon la Charte, le raïs est silencieux depuis sa déchéance. Lors de sa sortie, le secrétaire général du CSAIG assurait que l’empêchement définitif d’Ali Bongo doit être constaté par le bureau du CSAIG. Rappelant que c’est en vertu de cette Charte que les imams et autres membres du CSAIG ont été nommés et que l’accès à la fonction de président du CSAIG passe par le respect de la Charte, le porte-parole du Collectif a invité ceux qui veulent y accéder à s’en tenir au respect de la Charte. «Et si cette Charte pose problème, il est loisible (aux musulmans) de se réunir en congrès (…) de l’amender», a-t-il déclaré.

 
GR
 

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