Aspen 2025 : l’avenir de l’ibogaïne se joue aux États-Unis, le Gabon doit faire entendre sa voix
Ce mois de novembre à Aspen, les États-Unis pourraient tracer la voie d’une légalisation progressive de l’ibogaïne, suivie ensuite par d’autres États et, à terme, par le monde entier. C’est un moment charnière : soit le Gabon s’impose comme berceau légitime de l’iboga, soit il risque d’être marginalisé dans un débat qu’il aurait dû diriger depuis le départ.

Si l’avenir de l’ibogaïne s’écrit à Aspen, son âme demeure au Gabon : à lui maintenant de transformer son héritage en puissance d’influence mondiale. © D.R.
En juin dernier, lors de la conférence Psychedelic Science 2025 organisée par MAPS à Denver, la voix gabonaise s’est fait entendre avec force à travers les déclarations conjointes des ONG Maghanga Ma Nzambé et de Blessings of the Forest (BOTF).
Ce moment marquant a ouvert une nouvelle étape : quelques mois plus tard, le Gabon est officiellement invité à participer à la conférence américaine sur l’ibogaïne se tiendra du 6 au 9 novembre 2025 à Aspen, Colorado (États-Unis).
Pourquoi Aspen est décisif
À Aspen, il ne s’agira pas seulement d’échanger des idées. Les États-Unis avancent rapidement vers une reconnaissance médicale encadrée de l’ibogaïne, notamment pour le traitement des addictions aux opiacés, du stress post-traumatique chez les vétérans et des dépressions résistantes.
Le Colorado a déjà ouvert la voie, d’autres États comme le Kentucky ou le Texas s’y intéressent, et les discussions au niveau fédéral progressent.
Ce qui se décidera à Aspen servira de modèle juridique et médical : une fois qu’un État américain adopte un cadre clair, d’autres suivront, puis l’Europe et le reste du monde. C’est l’effet domino.
Autrement dit : si le Gabon ne prend pas sa place aujourd’hui, demain il risque de voir d’autres définir les règles sans lui.
Du choc de Denver à l’opportunité d’Aspen
À Denver, les interventions de Maghanga Ma Nzambé et BOTF avaient frappé par leur clarté et leur force : rappeler que l’iboga n’est pas seulement une molécule, mais un patrimoine vivant, au cœur d’une tradition et d’une spiritualité enracinées au Gabon.
Ces deux prises de parole complémentaires – l’une portée par lla légitimité traditionnelle et spirituelle, l’autre par le plaidoyer interculturel et juridique – ont créé un véritable électrochoc parmi les participants. Elles ont fait émerger une conviction : l’avenir de l’ibogaïne ne peut être discuté sans la participation active du Gabon et de ses communautés traditionnelles.
L’invitation à Aspen en est la conséquence directe. Elle démontre que lorsqu’elle s’affirme, la voix gabonaise est écoutée et peut réorienter des discussions jusque-là dominées par des acteurs scientifiques, économiques et politiques étrangers.
La délégation gabonaise à Aspen
La conférence d’Aspen a d’abord invité officiellement l’ONG Blessings of the Forest (BOTF). Mais c’est une équipe gabonaise soudée et complémentaire qui se présentera :
- Yann Guignon, Président Fondateur de BOTF, consultant en médiation interculturelle et développement durable, reconnu internationalement pour près de vingt ans d’engagement en faveur du patrimoine culturel et naturel gabonais ;
- Georges Gassita, secrétaire général de BOTF, juriste de l’environnement et spécialiste du Protocole de Nagoya, garant d’une expertise juridique et stratégique sur la gouvernance internationale de l’iboga ;
- Maître Henri Paul Moubeyi Bouale, directeur national de l’Association Maghanga Ma Nzambé, avocat et orateur traditionnel, défenseur du rite Bwete dans son ensemble et de la propriété intellectuelle qui en découle.
Un relais diplomatique présent et une opportunité historique pour le Gabon
En parallèle, Son Excellence Noël Nelson Messone, Ambassadeur du Gabon aux États-Unis, a lui aussi été invité à Aspen et participera aux travaux de la conférence. Sa présence apporte une dimension institutionnelle supplémentaire à la représentation gabonaise, aux côtés de la délégation civile et traditionnelle.
Aspen n’est pas une fin en soi, mais un tremplin. Après avoir déclenché une prise de conscience à Denver, le Gabon a désormais l’occasion de s’imposer comme un acteur incontournable dans les discussions mondiales sur l’avenir de l’ibogaïne.
Cela signifie affirmer clairement :
- que le Gabon est le berceau légitime de l’iboga,
- que les communautés détentrices du savoir doivent être des partenaires centraux,
- et que toute recherche ou commercialisation internationale doit respecter le Protocole de Nagoya et garantir un partage équitable des bénéfices.
À Denver, la double voix gabonaise – celle du plaidoyer juridique et interculturel portée par BOTF, et celle de la légitimité traditionnelle incarnée par Maghanga Ma Nzambé – avait déjà démontré sa force et son impact.
À Aspen, c’est cette même complémentarité entre droit, diplomatie et tradition qui donnera au Gabon une crédibilité unique et une place incontournable dans ce débat mondial.
De Denver à Aspen, le chemin est clair : la voix gabonaise monte en puissance. Il appartient désormais au Gabon, à ses institutions et à sa société civile, de parler d’une seule voix, forte et unie, pour protéger et valoriser ce patrimoine unique au monde.

















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