À l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la sous-section gabonaise de l’Union de la presse francophone (UPF) a organisé les 2 et 3 mai dans la capitale économique, la deuxième édition des Assises de la presse locale sous le thème «La presse locale face au défi du numérique». Les organisateurs en ont profité pour évoquer la précarité des journalistes locaux et le peu de considération dont ils sont victimes.

Des membres de la sous-section gabonaise de l’UPF et les intervenants. © GabonReview

 

Sylvère Boussamba lors de son intervention. © GabonReview

«La presse locale face au défi du numérique». Tel était le thème de la deuxième édition des Assises de la presse locale organisée les jeudi 2 et vendredi 3 mai 2024 à Port-Gentil. L’initiative de la sous-section gabonaise de l’UPF a rassemblé du beau monde, allant de la préfète du département de Bendjé à la directrice régionale de la Communication, en passant par les représentants du gouverneur, du délégué spécial de la commune aux cadres de la capitale économique. Ces assises ont surtout permis aux participants de bénéficier de l’expérience de différents professionnels du secteur du numérique et du journalisme.

Fondateur de l’École 241, Sylvère Boussamba a notamment entretenu l’assistance sur l’importance du numérique pour une presse locale en quête de visibilité, voire d’efficacité. Pour leur part, Emmanuel Bouyi, promoteur digital ; Igor Onanga, JRI et assistant en communication ; Pierre Ndong Meyo, ADG du journal Le Sportgentillais, et Abou Becker Ndiaye, patron d’Infos Plus 8, ont respectivement intervenu sur le phénomène des «fake news et deep fake», la question de l’«urbanisation des procédés journalistiques», les difficultés et perspectives liées à la création d’un média en ligne au Gabon et sur la question de l’éthique et de la déontologie dans le métier.

«Dans un contexte médiatique de plus en plus porté vers le numérique, cette deuxième édition a pour objectif d’accompagner les journalistes locaux par le développement de thématiques d’actualité à même de garantir la pérennité de nos entreprises de presse», a justifié Christelle Ntsame, présidente de la sous-section gabonaise de l’UPF, non sans reconnaître que l’objectif poursuivi lors de la première édition n’a pas été atteint. Il s’agissait notamment, a-t-elle rappelé, «d’une part, de tirer la sonnette d’alarme sur la situation de la presse locale qui courait, en ce temps, le risque de disparaître. Et d’autre part, de susciter de potentiels investisseurs dans le domaine afin de nous épargner des affres du chômage». Il faut dire que dès 2018, dans le sillage de la crise de l’industrie pétrolière, plusieurs chaînes locales ont dû cesser leurs activités, à l’instar de Canal-Delta, Média+ et Top-Bendjé.

Or, a-t-elle relevé, après ces fermetures, de nombreux passionnés se sont investis dans les médias sociaux. «D’où le choix du thème de cette deuxième édition», a-t-elle défendu.

© GabonReview

Précarité des journalistes locaux

Si ces deuxièmes assises de la presse locale ont porté sur le défi des professionnels face au numérique, au moment d’ouvrir les travaux proprement dits, Christelle Ntsame n’a pas manqué l’occasion d’évoquer face aux responsables politico-administratifs de Port-Gentil la précarité et le peu de considération dont souffre les journalistes locaux souvent moins bien traités sur le terrain que leurs confrères en provenance de Libreville. «Il n’est pas rare, lors des sorties officielles, de voir des journalistes courir dans tous les sens à la recherche d’un véhicule disposé à les emmener sur le terrain. N’eût été la largesse des responsables des forces de défense et de sécurité, et depuis quelque temps, de madame la directrice régionale de la Communication, les journalistes locaux se retrouveraient chaque fois abandonnés à eux-mêmes, au profit de nos confrères de Libreville qui bénéficient souvent, sous nos yeux, de toute l’attention et même de l’affection de nos autorités.Pourtant, nous faisons tous le même travail. Pourtant, nous, professionnels de la communication à Port-Gentil, abattons un travail remarquable grâce auquel l’actualité marigovéenne figure en bonne place au plan national et même international, aussi bien dans la presse écrite et audiovisuelle, les médias sociaux et même sur les chaînes publiques nationales», a regretté la présidente de la sous-section gabonaise de l’UPF.

Elle a enfin attiré l’attention des personnalités présentes sur «la précarité du quotidien du journaliste à Port-Gentil». «Si certains ont renoué avec leur profession par le biais des médias sociaux notamment, il reste que les néo-entrepreneurs que nous sommes, ne sommes pas encore en mesure de restaurer notre dignité perdue au lendemain de la banqueroute de nos chaînes de télévision, en faisant du bénévolat.  [La presse locale] souhaite être encouragée et valorisée à la hauteur, du quatrième pouvoir qu’elle est», a-t-elle exhorté.

 
GR
 

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