Un an, ce samedi 9 mars que le tragique naufrage de l’Esther Miracle s’est produit, avec à son bord une centaine de passagers et des documents importants. Nombreux dans l’opinion publique s’interrogent légitiment sur les suites de l’enquête ouverture et sur le dispositif mis en place depuis lors pour gérer ce type de catastrophe.

Esther Miracle : un an ce samedi 9 mars. Triste souvenir, pour de nombreux Gabonais, que ce terrible naufrage ayant fait plus de 30 morts, 7 disparus et 124 rescapés. [En arrière-plan, quelques photographies des morts et disparus exposées au Port-Môle de Libreville durant les veillées mortuaires collectives]. © GabonReview

 

Manque d’équipements de secours, signalisation maritime défaillante, système de balisage en mer tombé en ruine, infrastructures nautiques surannées ou complètement en lambeaux. Dans un pays dont le traumatisme est encore vivace concernant ce naufrage, ce tableau sombre du secteur maritime fait craindre une récidive du pire. Pourtant, l’actuel ministre des Transports assure que ces facteurs n’ont aucune incidence sur les naufrages.

Une nouvelle catastrophe évitée avec Logimar

Capitaine de vaisseau, Dieudonné Loïc Ndinga Moudouma connaît bien la mer. Pour lui,  «Esther Miracle a eu lieu au large en mer et on ne met pas de signalisation maritime au large ni de bouées». La signalisation, dit-il, se met aux entrées des ports à cause des hauts-fonds. Assez pour rassurer les usagers de la mer un an après le drame ?

Le 9 mars sera, pour ainsi dire, la date anniversaire du naufrage de ce bateau de triste réputation de la compagnie Royal Coast, modifié au mépris des conditions de sécurité. Une enquête avait été ouverte et alors que l’on s’interroge légitiment sur les suites de ladite enquête, des sources bien avisées assurent qu’«elle suit son cours». Pour l’heure, elle a permis de démontrer que les certificats de navigabilité n’étaient pas respectés et que les indisponibilités périodiques pour entretiens et pour réparations (IPER), n’étaient pas tenues.

«Au départ le propriétaire du bateau n’avait pas été sérieux avec cet outil de travail. Ce qui lui ont donné le certificat ont donc commis une erreur», a commenté le ministre des Transports. «On a eu le cas avec un bateau de Logimar on l’a arrêté», a-t-il fait savoir. Esther Miracle était donc très mal entretenue. Des présumés coupables sont bien gardés à la prison centrale de Libreville quand bien-même, le ministère des Transports avait, très tôt, été dessaisi de cette affaire finalement confiée aux ministères de la Défense et de la Justice sous la supervision de la Primature. Toujours pas assez pour apaiser les victimes directes et collatérales qui, aujourd’hui encore, réclament justice.

Les victimes pas assez prises en charge

Réunis en collectif, elles font des tours ici et là pour avoir gain de cause. Du moins, pour voir la concrétisation des promesses faites par le gouvernement déchu mais aussi, la matérialisation de leurs propositions en souvenir des disparus. Entre autres, l’établissement d’une journée et l’érection d’une stèle au Port Môle de Libreville. C’était le point de départ de ce ferry qui, faisant la navette entre Libreville et Port-Gentil, avait fini sa navigation au large des côtes gabonaises avec à son bord, 161 occupants dont près d’une quarantaine de morts et disparus. Trop pour des familles qui ont perdu des enfants uniques, vu des rêves se briser et pour des rescapés qui en plus d’avoir perdu des capacités pour certains, crient un an plus tard à l’abandon.

3 millions de francs CFA par personne, restauration des documents administratifs. Bref, des accompagnements aux familles pour mieux faire le deuil, et aux rescapés pour mieux surmonter cette douloureuse épreuve avaient été promis par le gouvernement déchu. Mais les victimes, jugent les compensations reçues insuffisantes au regard des dégâts. Ce qui justifie d’ailleurs les allées et venues du collectif au sein des cabinets ministériels.

Qui de l’État gabonais ou de Royal Coast doit finalement éponger cette ardoise ? Arrivées au pouvoir il y a 6 mois, les autorités de la Transition se consacrent à redonner à ce secteur ses lettres de noblesse. Du côté de la Marine marchande, on dit avoir obtenu des financements pour refaire le système.

Quid du plan de réaction aux naufrages ?

La mise en place d’un dispositif qui rassurera aussi bien les partenaires que les usagers. Notamment des textes en rapport, entre autre, avec la gestion de la sécurité à bord des navires, au sein des compagnies ; un projet de loi sur l’AIS (système d’identification automatique des navires quelque soit l’endroit où ils se trouvent dans les eaux territoriales gabonaises).

Un an après le drame, l’idée est d’avoir une stratégie de réaction rapide. Ce qui implique d’avoir de l’argent dans un compte, et du carburant en réserve. «Le Gabon n’a pas un plan de réaction aux naufrages. C’est à l’arrivée du CTRI qu’il a été mis en place et il est dans le processus pour aboutir au décret», a fait savoir Dieudonné Loïc Ndinga Moudouma.

«Nos prédécesseurs n’avaient jamais pensé à cela malgré nos 900 km de côte», a-t-il renchéri. Ce plan devrait permettre de réagir rapidement et minimiser les pertes humaines. Il sera logé au Centre opérationnel de surveillance et sauvetage maritime en cours de création. Il se veut la structure du trafic maritime qui permettra de recevoir les alertes en cas de détresse en mer, et de retracer le circuit du navire en cas de coupure avec la terre. À en croire les autorités compétentes, il aura les moyens de retracer la route et d’avoir au moins la dernière position d’un bateau naufragé pour bien organiser les secours. Il identifiera par exemple, s’il y a des navires beaucoup plus proches de la zone du sinistre. «Il me reste à amener ce plan en Conseil interministériel pour que le gouvernement valide et qu’on puisse commencer les travaux de sorte qu’il y ait désormais des gens qui veillent à la radio, aux satellites pour voir ce qui se passe en mer», a fait savoir le ministre des Transports.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. DesireNGUEMANZONG dit :

    Mme Ida-Alix Mussavu,

    J’apprécie beaucoup votre article. Nous devons prendre conscience que nous avons un front maritime. La sécurité en mer doit être une priorité du pays (je ne dis pas seulement du gouvernement). C’est pourquoi la natation doit être incorporé dans les programmes scolaires dans le cadre du cours de sport. Remettre en place les piscines. De plus, l’enseignement du nautisme doit être une matière à part entière. Ce en vue d’intégrer des filières en rapport avec les métiers en mer: sauveteurs, maître nageur, spécialiste radio maritime, balisage maritime, cartographe marin, capitaine de navire, etc.

    Il va falloir créer des centres de formation dédiés aux métiers en mer.

    Une précision, la haute mer commence au-delà de 11,11 km par rapport à un abri. Donc un balisage s’impose pour tracer les voies navigables. En haut mer, pour le moment, il n’y a pas de droit communément admise. Étant titulaire de deux permis de navigation et d’un certificat Restreint de Radiotéléphoniste (CRR ou permis d’utiliser la radio maritime), vous touchez un sujet qui attire mon attention.

    Ces sujets doivent être davantage développés. Pas seulement parce qu’il y eu un drame en mer. Ce qui est regrettable d’ailleurs en raison de l’absence de politique sécuritaire dans notre pays! Comme on dit il vaut prévenir que guérir. Tous Concernés, Tous Responsables, Tous Solidaires!

    Bonne continuation !

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