Six ans déjà que les jeunes postulants au barreau gabonais attendent leur prestation de serment. Depuis 2013, le Gabon n’a enregistré aucun nouvel avocat, au désespoir des jeunes qui voudraient exercer cette profession. Pour le Bâtonnier, le ciel ne sera pas sombre jusqu’à la fin de l’année judiciaire.

© Gabonreview/Shutterstock

 

Ils sont près d’une quinzaine, regroupés en collectif, à qui l’on avait promis l’entrée au barreau. «Depuis 2013, nos dossiers sont complets. Une prestation de serment était même prévue lors de la rentrée du barreau de 2015, mais cela n’a pas été fait. Depuis, rien…», déplore un aspirant sous couvert d’anonymat.

En plus des membres du collectif dont les dossiers sont finalisés, tous les jeunes aspirants à la profession ne peuvent pas, à ce jour, espérer devenir avocat ou même être stagiaire dans un cabinet – le stage s’effectuant après la prestation de serment.

Raison officielle de ce blocage : la  loi 13/14 du 07 janvier 2015, entrée en vigueur la même année qui prévoit d’ajouter, en plus du Master en droit, un Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA). Or, il n’existe encore aucune école d’avocat au Gabon permettant d’obtenir ce certificat. De même, les jeunes aspirants dont la formation s’est terminée avant 2015 estiment qu’ils ne peuvent pas être soumis à cette nouvelle législation, car elle n’a pas d’effet rétroactif.

Peur de la concurrence

Les raisons officieuses de cette situation sont toutes autres. Les avocats gabonais – qui sont un peu plus d’une centaine – estiment qu’ils sont déjà assez nombreux. Mais surtout, ils craignent une nouvelle concurrence, explique-t-on en interne.

Lors de la rentrée du barreau en février, le Conseil de l’ordre s’est pourtant «engagé, dans le cadre de l’exécution de ses projets, à faire prêter serment aux aspirants». Une lueur d’espoir pour les aspirants, qui préfèrent cependant attendre que cette promesse se concrétise, après trop de désillusions. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux travaillent dans des cabinets d’avocats, avec le statut de «collaborateur». Certains pensent même partir du Gabon, reprendre les études, et exercer le métier d’avocat à l’étranger.

Joint au téléphone, Me Lubin Ntoutoume, le bâtonnier du Barreau du Gabon, qui découvrait par Gabonreview que les aspirants se sont constitués en collectif, estime que «l’idée d’une certaine peur de la concurrence est totalement absurde et dénuée de tout fondement. La seule vraie raison de cette situation c’est la loi» sus mentionnée, intervenue en 2015. Le Bâtonnier assure que le Conseil de l’ordre y travaille «pour respecter la promesse faite». Et d’indiquer que «les postulants prêteront serment avant la fin de l’année judiciaire».

 
GR
 

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