Bal des vampires et parade des sorciers

Alors que le chef de la junte militaire au Gabon reçoit les forces vives de la nation, Abslow met en garde contre le risque d’un «bal des vampires» et d’une «parade des sorciers». Craignant de voir ressurgir des acteurs sulfureux du régime déchu se refaire une virginité auprès du nouveau pouvoir, il appelle à renouveler en profondeur le personnel politique et administratif du pays.

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Le 30 août 2023, au premier jour de la révolution de palais, je postais cette phrase : «tout le monde est subitement redevenu patriote». Et au 5^ème jour de cette révolution de palais qui marque finalement, par ses promesses et ses orientations, l’avènement de la 3^ème République dans notre pays, je veux émettre les réserves suivantes.

J’ai suivi attentivement le défilé, au palais Rénovation, devant le CTRI, des forces vives de la nation. C’est l’occasion de féliciter la grande capacité d’écoute du président du CTRI, le Général Oligui Nguema, pour la maestria avec laquelle il mène ces consultations publiques. Mais c’est aussi l’occasion de le mettre en garde face à la tentation d’un élan populiste.

Parce que les principaux corps sociaux qui se succèdent devant lui sont, hélas, truffés d’individus au passé sulfureux. Ils sont truffés de roublards qui tentent de se refaire une virginité politique, morale ou administrative. On y voit aussi, hélas, de vraies crapules qui tentent de se parer d’un habit blanc alors même qu’ils sont irréversiblement corrompus.

Quand certains n’ont pas l’opportunité de venir parader au palais, ils se répandent en déclarations de soutien ou en éloges au CTRI et à son président. Toutes ces simagrées se font sur la place publique sans la moindre pudeur, sans le moindre respect pour notre peuple qui regarde ce bal des vampires et cette parade des sorciers avec stupeur et dégoût. Et devant ce spectacle désolant, il se demande dans le silence de son cœur, si nous ne sommes pas en train d’implémenter le même modus operandi ? Parce que si la décision de deviser avec les corps sociaux part d’une bonne intention, gardons-nous que cette belle intention soit éclipsée par l’omniprésence de ceux dont on connaît le passif.

Oui, il était utile de convoquer le patronat gabonais à travers la Fédération des entreprises du Gabon (FEG). Mais, souvenons-nous que c’est ce même patronat, incarné par les mêmes hommes, qui a accompagné l’ordre ancien, sans jamais faire en son temps preuve de la nouvelle créativité dont il se prévaut. Prenons grade à ne pas mordre bêtement à l’hameçon jeté par ces capitalistes souvent véreux.

Oui, il était vertueux de convoquer le clergé à travers les responsables des congrégations religieuses. Mais, ne manquons pas de nous souvenir de leur silence complice, pour la grande majorité, devant les dérives de l’ancien ordre dont ils étaient de dociles contempteurs. Pourquoi seraient-ils subitement soucieux de l’intérêt général en devenant plus attentifs aux préoccupations du peuple ?

Oui, il était nécessaire d’échanger avec la société civile. Mais il eut été utile de lui rappeler à quelques égards, son écartement progressif de sa mission première d’acteur civil, au profit d’un glissement plus proche de l’engagement politique que civil. La presse n’est pas en reste de reproches. La voir applaudir et jubiler devant les promesses du patron du CTRI avait quelque chose de gênant.

Cette même presse, et le Général a bienheureusement su le lui rappeler, a souvent fermé les yeux et détourné son regard sur les graves violations des droits et dérives de l’ancien régime. Mieux, elle l’a souvent accompagné par des lignes éditoriales progouvernementales. Et voir cette même presse jouer la victime m’a presque indisposé. Le Gabon doit renaître.

Mais, sa renaissance ne peut être impulsée que par des hommes dont le pedigree est encore de souche noble. La 3^ème République ne peut pas être impulsée par des hommes comptables du passif de la 2^ème République. Il y a tant de Gabonais compétents qui ont été marginalisés dans ce pays. Il est temps de leur tendre la perche pour renouveler notre personnel politique et administratif. Stop au bal des vampires et à la parade des sorciers.

Abslowment vrai !