Des femmes cinéastes sont montées au créneau pour interpeller, à travers une lettre ouverte datée du 29 novembre, la présidente de la fondation Sylvia Bongo Ondimba. Elles s’étonnent de l’absence des femmes dans le palmarès d’une compétition organisée dans le cadre de Journée mondiale contre les violences faites aux femmes au Gabon, estimant qu’«il aurait été judicieux de mettre en lumière le regard des femmes cinéastes sur ce phénomène vécue par une frange non négligeable de la gente féminine gabonaise». L’intégralité de la lettre ouverte.

© blackwomenfilm

 

Madame la Présidente,

Le 31 Octobre 2019, votre fondation lançait un concours sur les meilleures productions vidéo sur la thématique des violences faites aux femmes. Sur les 115 œuvres reçues, une dizaine a été réalisée par des femmes. Le palmarès final a retenu dix films mis en ligne et quatre films ont été récompensés. Pour mémoire, cette activité entrait dans le cadre de la Journée Mondiale des violences faites aux femmes.

Le constat est qu’aucune œuvre féminine ne figure dans le palmarès final. Pour une thématique aussi sérieuse que les violences faites aux femmes, il aurait été judicieux de mettre en lumière le regard des femmes cinéastes sur ce phénomène vécu par une frange non négligeable de la gente féminine gabonaise. En effet, qui de mieux placé qu’une femme pour traiter des questions relatives aux femmes ? Sans mettre en doute la qualité du travail de nos confrères, il aurait été bienséant d’encourager le travail abattu par les femmes cinéastes, dont les productions sont axées sur la reconnaissance des droits des femmes et sur leur contribution pour un épanouissement de la femme gabonaise et partant de la société tout entière.

Faut-il le rappeler, La fondation Sylvia BONGO ONDIMBA est en première ligne dans le combat pour l’égalité entre l’homme et la femme et aussi pour la promotion du genre dans un Gabon débarrassé de toutes pesanteurs nuisibles à son développement socioéconomique, culturel et politique.

Au regard de ce qui précède, nous pensons que le jury avait là l’occasion de montrer que le regard des femmes sur leurs propres conditions est essentiel pour comprendre leurs souffrances et pour toucher l’opinion publique ainsi que les pouvoirs publics. Autrement, la vision du monde pensé par les hommes prévaudra toujours à celle imaginée par les femmes. Il est fort regrettable que le jury n’ait pas pris en compte cette dimension, d’autant que sans vouloir se substituer à lui , certains films de femmes étaient  de bonne facture.

Madame la Présidente de la Fondation Sylvia BONGO ONDIMBA, connaissant votre souci d’œuvrer pour un Gabon équitable, où les besoins des hommes et des femmes sont pris en compte ; nous osons croire que lors de prochaines occasions votre Fondation songera à pallier cette criarde insuffisance.

En espérant que notre indignation retiendra votre attention ; veuillez croire en notre profonde considération.

Ont signé

Sonia ANGUE, réalisatrice

Greta MENGUE, comédienne réalisatrice

 Xavienne Mariella MOUKASSA, réalisatrice

Lydia KASSA, productrice réalisatrice

Matamba KOMBILA, productrice réalisatrice

Pauline MVELE, réalisatrice

 
GR
 

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