Largement relayée par les médias et source de débats houleux sur les réseaux sociaux, la guéguerre entre le ministre des Sports et le président du CF Mounana pose pourtant un réel problème de fond : la situation inquiétante du football national que les responsables des clubs, à l’instar d’Hervé Patrick Opiangah, veulent voir s’améliorer.

Au-delà de la guéguerre avec le ministre des Sports, Hervé Opiangah souhaite simplement l’amélioration de l’état du football national. © gabonpub.com

 

Le président du CF Mounana rêve d’un football national débarrassé de toutes ses pesanteurs actuelles. Un horizon mis en relief par Hervé Patrick Opiangah dans sa tribune libre, publiée dans L’Union du 5 février, à l’origine d’une guéguerre avec le ministre des Sports qui a regretté «l’agitation démagogique» des responsables de clubs de football concernant le paiement de la subvention.

«Ces dirigeants ne s’attendent certainement pas à trouver à la tête du sport gabonais un ministre qui se place, délibérément et constamment dans une inexplicable posture d’adversité et d’agressivité vis-à-vis des acteurs majeurs qu’ils sont. Certes, je ne saurais nier, par corporatisme, qu’il puisse exister des dirigeants fautifs, indélicats ou véreux en football comme dans d’autres domaines d’activité. Cependant, il n’est pas sain, pour le responsable national des sports, de se lancer dans des généralisations, des amalgames, des invectives, à la moindre incompréhension», a écrit le président du CF Mounana.

Dans son post sur Facebook, le 29 janvier, à l’origine de la publication du président du CF Mounana, le ministre des Sports minimisait notamment les résultats des clubs pendant la période de professionnalisation du football, entre 2012 et 2017. «L’un des résultats concrets de notre travail de formation est d’avoir réussi à placer certains de nos jeunes pensionnaires dans des clubs étrangers, dont un certain nombre ont fait et font les beaux jours de notre équipe nationale, dont monsieur le ministre paraît si fier», s’est défendu Patrick Hervé Opiangah.

Dans sa tribune libre, l’auteur a aussi regretté l’écart entre les nombreuses déclarations du ministre et la réalité. «Les 40 millions par club de D1 sont prêts ; non, ce ne sont plus 40, mais 38 millions qui vont être virés ; non, en fin de compte, ce sont seulement 20 millions sur les 38 ; ces 20 millions seront virés avant le démarrage du championnat ; puis le championnat démarre, mais aucune trace des 20 millions, alors que Gabon Oil Company assure et prouve avoir mis à disposition du ministère des Sports l’entièreté de la subvention annuelle, depuis quelques mois», a-t-il indiqué.

Finalement, les clubs de D1 ont reçu un acompte de 20 millions sur les 38 promis par l’État. Pas de quoi satisfaire Hervé Opiangah, pour qui cela pose un vrai problème de crédibilité. «Et pourquoi les présidents des clubs en seraient-ils responsables ? Devraient-ils se taire et laisser faire ? Nous savons très bien, en tout cas mieux que quiconque, ce que coûte une journée de championnat, donc ce que va coûter l’intégralité de notre championnat (certainement pas 38 millions de FCFA !) ; nous mesurons encore mieux les coûts de l’entretien, pour un club formateur et d’élite, de plusieurs dizaines de pensionnaires en une année et pendant plusieurs années…», a-t-il estimé.

Bien avant la publication de cette tribune libre aux allures de coup de gueule, les clubs ont unanimement décidé de reprendre le championnat. Non pas à cause des «menaces» du ministre des Sports, mais «par conviction dans ce qui est leur responsabilité et dans l’engagement qu’ils ont pris de traduire en actes concrets et de longue durée la vision du chef de l’État en faveur de la jeunesse gabonaise», a affirmé le président du CF Mounana.

Cet argumentaire n’a visiblement pas plu à Franck Nguema, qui s’est empressé d’y répondre sur Facebook, le 5 février. Sauf que depuis, d’autres patrons et contributeurs financiers de clubs parmi lesquels l’ancien ministre Régis Immongault (Lozo Sports), ont invité le membre du gouvernement à la retenue et à reconnaître qu’en dépit de ses promesses et annonces, l’État ne tient pas souvent parole.

Pour beaucoup, le gouvernement gagnerait à organiser les états généraux du football, qui permettraient, espèrent-ils, de ramener la sérénité dans la pratique de ce sport au Gabon.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Bibouboua dit :

    Kieeee. Cette photo est carrément diabolique. Que F. Nguema sache qu’il a affaire à des gens qui ont juré de faire du Gabon leur propriété privée…

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